ZNIEFF 220013824
LES MONTAGNES DE PORQUÉRICOURT A SUZOY, BOIS DES ESSARTS

(n° régional : 60NOY105)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Les Montagnes de Porquéricourt à Suzoy occupent des buttes résiduelles typiques du Noyonnais, entre la vallée de la Divette et celle de la Verse.

La structure géologique est typique du Noyonnais avec, de haut en bas :

- les épais calcaires lutétiens qui définissent le plateau, dont le banc à fossiles (Nummulites laevigatus notamment), qui affleure en plusieurs endroits ;

- les sables cuisiens ;

- les argiles sparnaciennes, en bas de versant.

Cette stratification et le découpage géomorphologique génèrent une diversité de conditions microclimatiques en fonction des expositions des versants. On note, entre autres, les groupements végétaux suivants :

- des ourlets calcicoles thermophiles (Geranion sanguinei), lisières thermophiles du Berberidion et bois thermocalcicoles du Cephalanthero-Fagion (accompagnés d'éléments du Quercion pubescentis), en exposition sud ;

- quelques fragments de pelouses calcicoles ou calcaro-sabulicoles (proches du Festuco lemanii-Anthyllidetum vulnerariae) subsistent sur quelques lisières, au-dessus de Suzoy ;

- des boisements acidophiles de Chênes sessiles (Quercion robori-petraeae et Lonicero-Carpinenion), sur sables des versants ;

- des boisements de pente nord à Hêtre, à Frêne, à Erable, à Tilleul ;

- de petits boisements frais ou humides en bas de pente, comprenant notamment le Carici remotae-Fraxinetum, en bordure de quelques micro-mares ;

- des micro-prairies maigres sur sols siliceux, notamment en bordure des villages.

Quelques petits vergers, pâturés ou fauchés ou parfois laissés en friche, subsistent notamment près des villages. Les buttes du Noyonnais étaient, avant que l'élevage ne régresse fortement, un haut lieu de l’arboriculture traditionnelle avec des vergers haute-tige, de cerisiers notamment.

INTERET DES MILIEUX

Les forêts, les pelouses et les lisières, au caractère thermocalcicole marqué, sont des milieux menacés en Europe, et sont inscrits à la directive "Habitats" de l'Union Européenne.

De nombreuses espèces végétales et animales rares et menacées sont liées à ces milieux, de plus en plus rares dans les plaines du nord-ouest de l'Europe.

Les expositions au sud autorisent des influences méridionales sur certains coteaux, favorables à la présence de plusieurs espèces végétales thermophiles rares et/ou menacées.

Ces milieux forestiers acides et calcicoles, frais et secs, comportant toutes les expositions (avec un contraste notable entre les pentes nord et les pentes sud, par exemple), des ourlets calcicoles et des éléments bocagers relictuels, abritent une biodiversité plutôt élevée pour la Picardie.

INTERET DES ESPECES

Plusieurs espèces assez rares à exceptionnelles (et menacées pour la plupart) en Picardie sont présentes.

Faune :

Parmi les oiseaux remarquables figure la Bondrée apivore (Pernis apivorus), inscrite en annexe I de la directive "Oiseaux" de l'Union Européenne.

Entomofaune :

Les bois et les lisières abritent des lépidoptères menacés :

- le Petit Mars changeant (Apatura ilia),

- le Fluoré (Colias australis).

D'autres restent certainement à découvrir.

L’herpétofaune comprend, entre autres :

- la Grenouille agile (Rana dalmatina) ;

- le Lézard agile (Lacerta agilis), proche ici de sa limite d’aire septentrionale ;

- la Coronelle lisse (Coronella austriaca), rare en Picardie, qui vit ici sur les lisières et les brachypodiaies thermophiles.

La flore comporte notamment :

- la Céphalanthère à grandes fleurs (Cephalanthera damasonium),

- la Néottie nid-d'oiseau (Neottia nidus-avis),

- le Dompte-venin officinal (Vincetoxicum hirundinaria),

- la Pulsatille vulgaire (Pulsatilla vulgaris),

- le Thésion couché (Thesium humifusum),

- l'Epipactis rouge foncé (Epipactis atrorubens).

Les rares pelouses et les ourlets accueillent également d'importantes populations d'orchidées.

FACTEURS INFLUENCANT L’EVOLUTION DE LA ZONE

L’absence d’entretien des reliques de pelouses et d’ourlets provoque une fermeture inéluctable du milieu par boisement spontané. Cet embroussaillement est très peu contenu par les broutements des trop rares lapins et des chevreuils.

Une banalisation biologique de ces anciens espaces ouverts originaux et précieux en résulte. Quelques coupes circonstanciées des buissons envahissants seraient donc souhaitables, en dehors de la saison de reproduction.

Dans le même ordre d’idée, la fauche hivernale des bermes et des chemins herbacés est favorable au maintien de la faune et de la flore des milieux ensoleillés et chauds.

Le maintien d’un réseau de vieux arbres, sénescents ou morts (quelques-uns à l’hectare au minimum), est très favorable à la présence de populations d’insectes, de mammifères (chiroptères) et d’oiseaux cavernicoles rares et menacés.

Commentaires sur la délimitation

Le périmètre du site intègre les milieux boisés et prairiaux les plus intéressants pour les habitats, la flore et la faune. Autant que faire se peut, les habitations et les cultures sont exclues, hormis un liseré périphérique faisant office de zone-tampon.