ZNIEFF 220013828
COTEAU DE BELLE-FONTAINE ET BOIS DE CUTS

(n° régional : 60SOI102)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Le massif du Bois de Cuts et du Bois de Saint-Barthélémy est développé sur une digitation de l'extrémité septentrionale du plateau tertiaire du Soissonnais, qui s'étire sur le flanc gauche de la vallée de l'Oise.

Son découpage géomorphologique génère une diversité élevée de conditions microclimatiques ,en fonction des expositions des versants et des affleurements géologiques.

Les couches géologiques présentent une stratification typique du Noyonnais/Soissonnais avec, de bas en haut :

- des alluvions en fond de vallée ;

- les argiles sparnaciennes ;

- les sables cuisiens ;

- les épais calcaires lutétiens qui structurent le plateau du Soissonnais ;

- quelques placages sableux relictuels, ou limoneux.

Cette diversité géologique engendre la présence de sols diversifiés, augmentant la palette de conditions stationnelles, favorables aux milieux suivants :

- pelouses calcicoles (Mesobromion erecti), alternant avec des groupements ponctuels de l'Alysso-Sedion sur dalles et cailloutis calcaires dans les carrières ;

- ourlets calcicoles thermophiles (Geranion sanguinei) ;

- lisières thermophiles du Berberidion et bois thermocalcicoles du Cephalanthero-Fagion ;

- boisements de Chênes sessiles (Quercion robori-petraeae et Lonicero-Carpinenion), sur sables des versants ou sur le plateau, parfois accompagnés de Châtaigniers ;

- boisements de pente nord à Hêtre, à Frêne, à Erable, à Tilleul (proches du Lunario redivivo-Acerion pseudoplatani).

D'anciennes carrières souterraines de pierre à bâtir ont été transformées, pro parte, en champignonnières. Certaines sont abandonnées.

INTERET DES MILIEUX

Parmi les éléments les plus intéressants, les forêts thermophiles, les lisières et les pelouses calcicoles, sont des milieux menacés en Europe, et sont inscrits, à ce titre, à la directive "Habitats" de l'Union Européenne.

Ces habitats abritent de nombreuses espèces végétales et animales rares et menacées, car ils subissent une raréfaction constante dans les plaines du nord-ouest de l'Europe.

A titre d’exemple, la Picardie a vu disparaître 90 à 95 % de ses surfaces de pelouses calcicoles depuis un siècle environ.

Les influences méridionales des coteaux exposés au sud autorisent la présence d'espèces végétales thermophiles rares et/ou menacées, dont plusieurs atteignent ici leur limite septentrionale d'aire de répartition.

Les anciennes carrières souterraines abandonnées, assez nombreuses dans le massif, sont favorables à la présence d'importantes populations de chauves-souris rares et menacées en Europe.

Le Bois de Cuts prolonge l'axe de migration séculaire des grands mammifères (cervidés essentiellement), entre les massifs d'Ourscamps-Carlepont/Laigue et de Saint-Gobain/Coucy Basse, axe passant par les bois de Varesnes/Brétigny, de Fève, et d'Arblincourt...

Il est essentiel au maintien du brassage génétique des cervidés entre les grands massifs du sud de la Picardie. Cet axe interforestier met en effet en connexion les populations de Cerfs qui s'étirent en rive gauche de la rivière Oise, depuis les forêts du nord de l'Ile-de-France jusqu'aux grandes forêts du Laonnois.

Ces milieux forestiers sur sables et calcaires présentant un contraste entre les pentes nord et les pentes sud, ces ourlets et ces pelouses calcicoles relictuels permettent l’existence d’une biodiversité élevée pour la Picardie.

INTERET DES ESPECES

De nombreuses espèces, assez rares à exceptionnelles (et menacées pour la plupart) en Picardie, sont ainsi présentes.

Faune :

Parmi les oiseaux remarquables figurent :

- la Bondrée apivore (Pernis apivorus), espèce inscrite en annexe I de la directive "Oiseaux" de l'Union Européenne ;

- le Rougequeue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus), menacé en Picardie, qui fréquente les grandes hêtraies.

Mammalofaune

Le Cerf élaphe (Cervus elaphus) fréquente ce massif, de même que le Mulot à gorge jaune (Apodemus flavicollis), assez rare dans la région.

Les populations de Chiroptères comprennent les espèces suivantes, menacées en Europe (inscrites en annexe II de la directive "Habitats" de l'Union Européenne), qui utilisent, en hiver et en période de reproduction, les anciennes carrières souterraines :

- le Vespertilion de Natterer (Myotis nattereri) ;

- le Vespertilion à oreilles échancrées (Myotis emarginatus) ;

- le Grand Murin (Myotis myotis) ;

- le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), espèce devenue très rare et menacée dans le nord-ouest de l'Europe et qui présente ici une colonie d'hibernation de niveau international, avec plusieurs dizaines d'individus.

La flore comprend notamment, sur les pelouses et lisières thermocalcicoles :

- le Limodore à feuilles avortées (Limodorum abortivum*),

- la rare Bugrane naine (Ononis pusilla*),

- la Bugrane gluante (Ononis natrix),

- la rare Phalangère rameuse (Anthericum ramosum*),

- la Belladone (Atropa bella-donna),

- la Pulsatille vulgaire (Pulsatilla vulgaris),

- la Néottie nid-d'oiseau (Neottia nidus avis),

- le Dompte-venin officinal (Vincetoxicum hirundinaria),

- le Lin à feuilles ténues (Linum tenuifolium),

- la Brunelle laciniée (Prunella laiciniata),

- le Bugle de Genève (Ajuga genevensis)...

FACTEURS INFLUENCANT L’EVOLUTION DE LA ZONE

Les dernières pelouses n'étant plus entretenues, la fermeture progressive du milieu par boisement spontané, trop peu contenue par l’action des herbivores (lapins et cervidés), engendre une banalisation biologique de ces anciens espaces ouverts originaux et précieux. De fait, des coupes circonstanciées des buissons envahissants seraient souhaitables, en dehors de la saison de reproduction.

Dans les bois, le maintien d’un réseau de vieux arbres, sénescents ou morts (quelques-uns à l’hectare au minimum), est très favorable à la présence de populations d’insectes, de mammifères (chiroptères) et d’oiseaux cavernicoles rares et menacés.

Une protection des carrières abandonnées qui abritent les plus importantes populations de chiroptères en hiver serait souhaitable, et résoudrait les problèmes de sécurité liés à leur fréquentation humaine.

N.B. Les espèces dont le nom est suivi d'un astérisque sont légalement protégées.

Commentaires sur la délimitation

Les contours de la zone englobent les milieux pelousaires et sylvatiques les plus remarquables pour les habitats, la flore et la faune les plus remarquables. Dans la mesure du possible, les cultures et les milieux urbanisés ont été évités.