ZNIEFF 220013832
VALLONS DE ROBERVAL ET DE NOËL-SAINT-MARTIN

(n° régional : 60SOI110)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Les vallons de Roberval et de Noël-Saint-Martin sont situés en limite septentrionale du plateau du Valois, sur le flanc gauche de la vallée de l'Oise, au débouché de la vallée de l'Automne. Ils sont très proches, d'un point de vue géomorphologique et biogéographique, de l'ensemble écologique de la vallée de l'Automne.

Ces vallons sont en effet profondément encaissés dans le plateau tertiaire. Leurs digitations génèrent une diversité élevée de conditions microclimatiques, en fonction des expositions des versants, de la raideur des pentes et des affleurements géologiques.

La structure géologique est caractéristique du sud-est de l’Oise avec, de bas en haut :

- des alluvions en fond de vallée, localement tourbeuses (horizons tourbeux alcalins, vers Roberval) ;

- les argiles sparnaciennes ;

- les sables cuisiens, comprenant ponctuellement des argiles de Laon ;

- les épais calcaires lutétiens (vingtaine de mètres) qui définissent le plateau ;

- les limons de plateau ou loess, en rebord de plateau.

Le ru du Moulin, alimenté par plusieurs sources issues de la nappe cuisienne laquelle repose sur le plancher des argiles sparnaciennes, draine cet ensemble.

On note la présence des milieux suivants :

- pelouses calcicoles (Festuco lemanii-Anthyllidetum vulnerariae et Fumano procumbentis-Caricetum humilis), alternant avec des groupements ponctuels de l'Alysso-Sedion, sur dalles et cailloutis calcaires dans les carrières, et du Veronico scheereri-Koelerietum macranthae, sur sables calcaires ;

- ourlets calcicoles thermophiles (Geranion sanguinei) ;

- lisières thermophiles du Berberidion et bois thermocalcicoles du Cephalanthero-Fagion et du Quercion pubescenti-petraeae ;

- boisements de pente nord à Hêtre, à Frêne, à Erable et à Tilleul (proches du Lunario redivivae-Acerion pseudoplatani) ;

- peupleraies en fond de vallée, accompagnées d'aulnaies-peupleraies à grandes herbes (Alno-Padion) relictuelles et mêlées ponctuellement de saulaies (Salicion cinerae) ou de mégaphorbiaies (Thalictro-Filipendulion).

Quelques petites prairies, pâturées ou fauchées, parfois abandonnées à la friche, subsistent à proximité des habitations.

L'autoroute A 1 séquence cet ensemble mais ménage un axe de passage sous le viaduc de Roberval. L'axe du TGV Nord ferme l'ensemble, à l'est du Bois de Saint-Germain, où des passages à gibier ont été aménagés.

INTERET DES MILIEUX

Parmi les plus remarquables, les forêts thermophiles, les lisières et les pelouses calcicoles sont des milieux menacés en Europe, et sont inscrits, à ce titre, à la directive "Habitats" de l'Union Européenne. Il en va de même des bois de pentes, abritant notamment des fougeraies importantes dans les cavées.

Ils abritent de nombreuses espèces végétales et animales rares et menacées.

L'existence de nombreuses espèces d'affinités subméditerranéennes, rares et/ou menacées, est favorisée par la thermophilie des coteaux exposés au sud.

Les surfaces boisées permettent la présence de grands mammifères, sur un axe de circulation multiséculaire entre les massifs d'Halatte et de Compiègne, via la basse vallée de l'Automne.

Les pelouses et les lisières thermocalcicoles accueillent une diversité entomologique et herpétologique élevée.

Cette mosaïque de milieux forestiers avec des contrastes entre les pentes nord et les pentes sud, pelouses et d’ourlets calcicoles, permet globalement l'expression d'une biodiversité remarquable pour la Picardie et le nord de la France.

INTERET DES ESPECES

De nombreuses espèces assez rares à exceptionnelles (et menacées pour la plupart) en Picardie sont présentes.

Faune :

L’herpétofaune comprend la Vipère péliade (Vipera berus), assez rare en Picardie, menacée en France et inféodée aux lisières et ourlets calcicoles, ainsi que, probablement, d'autres espèces remarquables à rechercher (notamment les Lézards et la Coronelle lisse, potentiellement présents).

Mammalofaune

Le Cerf élaphe (Cervus elaphus) fréquente ces vallons, qui constituent un axe d'échange interforestier crucial pour la pérennisation des brassages génétiques de cervidés dans le sud de l'Oise.

La flore comprend notamment :

- l'exceptionnelle Anémone sylvestre (Anemone sylvestris*), dont c'est l'une des dernières localités de Picardie ;

- le Fumana couché (Fumana procumbens*) ;

- le Limodore à feuilles avortées (Limodorum abortivum*), d’affinités subméditerranéennes, ici en limite nord d’aire de répartition, comme le Fumana ;

- l'exceptionnelle Laîche des bruyères (Carex ericetorum ) ;

- la Laîche humble (Carex humilis) ;

- la Germandrée des montagnes (Teucrium montanum*), sur les pelouses calcaires rases ;

- la Chlore perfoliée (Blackstonia perfoliata) ;

- la Pulsatille vulgaire (Pulsatilla vulgaris) ;

- le Chêne pubescent (Quercus pubescens), sur les lisières thermocalcicoles ;

- l'Alysson calicinal (Alyssum alyssoides) ;

- l'Iberis amer (Iberis amara) ;

- le Thésion couché (Thesium humifusum) ;

- l'Euphorbe de Séguier (Euphorbia seguieriana) ;

- l’Orchis militaire (Orchis militaris) ;

- l'Acéras homme-pendu (Aceras anthropophorum) ;

- la Néottie nid-d'oiseau (Neottia nidus avis) ;

- le Dompte-venin officinal (Vincetoxicum hirundinaria) ;

- les Orobanches de la Germandrée et du Gaillet (Orobanche teucrii, O. caryophyllea) ;

- l’Epipactis rouge foncé (Epipactis atrorubens) ;

- le Plantain corne-de-cerf (Plantago coronopus) ;

- la très rare Véronique de Sheerer (Veronica prostrata susbp. scheereri)...

FACTEURS INFLUENCANT L’EVOLUTION DE LA ZONE

Les dernières pelouses sèches, sur calcaires et sables, n'étant plus entretenues, la fermeture progressive du milieu par embroussaillement spontané. Cette occlusion, trop peu contenue par l’action des herbivores (lapins et cervidés), génère une banalisation à la fois biologique et cynégétique de ces anciens espaces ouverts, originaux et précieux.

De fait, des coupes adaptées des broussailles envahissantes seraient souhaitables (à l'instar de certains entretiens d'ores et déjà effectués pour les besoins cynégétiques), en dehors de la saison de reproduction, et avec, si possible, une exportation des produits de coupe.

Pour les mêmes raisons, le boisement des lisières et des clairières serait à éviter.

Le maintien d’un réseau de vieux arbres, sénescents ou morts dans les bois (quelques-uns à l’hectare au minimum), est très favorable à la présence de populations d’insectes, de mammifères (chiroptères) et d’oiseaux cavernicoles rares et menacés.

Les coupures générées par le TGV-Nord et l'autoroute A 1 dans les axes de migration traditionnels des grands mammifères sont partiellement compensées par la voie de circulation relictuelle sous le viaduc, bien que réduite par l'urbanisation, et par un passage à gibier récent.

N.B. Les espèces dont le nom est suivi d'un astérisque sont légalement protégées.

Commentaires sur la délimitation

La délimitation de la ZNIEFF comprend les secteurs les plus remarquables pour leurs habitats, leur flore et leur faune. Les cultures et les zones urbanisées ont été évitées dans la mesure du possible, hormis un liseré périphérique faisant office de zone-tampon.