ZNIEFF 220013844
MARAIS DU LYS

(n° régional : 60PDF102)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Le Marais du Lys s'étend en rive gauche de la rivière Oise, au débouché de la basse-vallée de la Thève, en contact avec la plaine alluviale de l'Oise et de l'ancienne Forêt du Lys.

Il ne possède qu'une partie de son étendue en Picardie, l'ensemble palustre étant à cheval sur la limite avec l'Ile-de-France que constitue la Vieille Thève.

Le marais est développé sur des alluvions récentes, essentiellement sableuses et limoneuses. et ses franges reposent sur des alluvions plus anciennes. Localement, un engorgement des parties déprimées a pu générer des conditions anoxiques, propres à favoriser la formation de la tourbe par l'accumulation de végétaux non décomposés. Ce site constitue ainsi l'une des rares zones humides avec des éléments tourbeux alcalins de l'Oise qui n'ait pas été totalement drainé, planté, ou cultivé.

Il est largement issu de la mise en valeur effectuée par les moines de l'ancienne Abbaye de Royaumont.

On note la présence des milieux suivants :

- végétation aquatique comprenant divers groupements des eaux dormantes du Potamion pectinati (dont le Potamo bechtoldi-Najadetum marinae), et du Ranunculion fluitantis, dans les eaux courantes ;

- roselières du Phragmition, cariçaies du Caricion rostratae, cladiaies (Cladietum marisci) ;

- mégaphorbiaies (Thalictro-Filipendulion à Sonchus palustris et Euphorbia palustris) ;

- pâtures humides extensives du Mentho-Juncion ;

- fourrés alluviaux du Frangulo alni-Salicetum cinerae ;

- boisements de l'Alno glutinosae-Ulmenion minoris ;

- fragments de prairies paratourbeuses du Molinion caerulae (à caractère subatlantique/précontinental).

Sur les terrains sableux périphériques se développent des chênaies-charmaies acidoclines (Carpinion betuli).

Les fourrés de saules ont tendance à se développer et à devenir envahissants en l’absence d’entretien, de même que les mégaphorbiaies, surtout dans la partie aval délaissée.

Des plantations de peupliers et des cultures ont remplacé des milieux paludicoles et des prairies.

INTERET DES MILIEUX

Les groupements végétaux du Cladietum marisci, du Molinion caerulae, du Potamo bechtoldi-Najadetum marinae, du Ranunculion fluitantis, de l'Alnion glutinosae-Ulmenion minoris et du Thalictro-Filipendulion ulmariae sont des milieux inscrits à la directive "Habitats" de l'Union Européenne.

Ces habitats abritent par ailleurs de nombreuses espèces végétales et animales rares et menacées.

Les milieux humides connaissent en effet une régression considérable dans l'ensemble de la France et de l’Europe.

La juxtaposition de milieux prairiaux et aquatiques, présentant divers degrés d’ouverture, et de forêts sur sables, permet l'expression d'une biodiversité élevée, tant sur le plan phytosociologique que floristique et faunistique.

Le Marais du Lys fait artie de la Zone d’Importance Communautaire pour les Oiseaux (ZICO) des Trois Forêts.

INTERET DES ESPECES

Flore

De nombreuses espèces assez rares à très rares et menacées en Picardie sont présentes dans cette zone humide, dont les suivantes :

- le Dactylorhize incarnat (Dactylorhiza incarnata*),

- la très rare Renoncule langue (Ranunculus lingua*),

- l'exceptionnelle Euphorbe des marais (Euphorbia palustris*),

- la Samole de Valerandus (Samolus valerandi),

- le Cladion marisque (Cladium mariscus),

- la Valériane dioïque (Valeriana dioica),

- le Laiteron des marais (Sonchus palustris),

- le Pigamon jaune (Thalictrum flavum),

- l'Oenanthe fistuleuse (Oenanthe fistulosa),

- l'Oenanthe de Lachenal (Oenanthe lachenalii),

- la Véronique en écus (Veronica scutellata*),

- le Lychnide fleur de coucou (Lychnis flos-cuculi),

- le Populage des marais (Caltha palustris)...

Faune :

Avifaune remarquable :

- le Busard des roseaux (Circus aeruginosus), dans les roselières ;

- le Martin-pêcheur (Alcedo atthis), sur le cours d'eau ;

- le Pic noir (Dryocopus martius), fréquentant les boisements en bordure du marais;

- le Butor étoilé (Botaurus stellaris), qui a été noté nicheur possible jusqu'en 1991.

Ces espèces sont inscrites en annexe I de la directive "Oiseaux" de l'Union Européenne.

D'autres espèces nicheuses, rares et menacées, sont présentes sur les roselières, les prairies et les vieilles futaies :

- la Bouscarle de Cetti (Cettia cetti),

- le Râle d'eau (Rallus aquaticus),

- le Rougequeue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus),

- le Vanneau huppé (Vanellus vanellus),

- la Locustelle luscinioïde (Locustella luscinioides)...

Plusieurs espèces exceptionnelles à rares ont niché par le passé : la Bécassine des marais (Gallinago gallinago) jusqu'en 1984, le Hibou des marais (Asio flammeus) jusqu'en 1978 et la Chouette chevêche (Athene noctua)...

L’intérêt ornithologique des Marais du Lys provient également de leur attrait élevé en période de migration et d’hivernage : de nombreux oiseaux d’eau, parfois très rares, sont notés, occasionnellement ou régulièrement selon les espèces.

L’entomofaune du marais comprend notamment Arenostola phragmitidis, Celaena leucostigma, et Diachrysa chryson, qui sont des noctuelles paludicoles. Le Cuivré des marais (Thersamolycaena dispar*) a également été répertorié dans les années 1970.

Herpétofaune :

- la Rainette verte (Hyla arborea), espèce inscrite en annexe IV de la directive "Habitats" de l'Union Européenne ;

- la Grenouille agile (Rana dalmatina), assez rare ;

- la Vipère péliade (Vipera berus), rare et menacée en Picardie.

Le Lézard agile (Lacerta agilis) et le Lézard des murailles (Podarcis muralis) auraient été observés dans les années 1980.

Mammalofaune

Présence du Cerf élaphe (Cervus elaphus) et du Muscardin (Muscardinus avellanarius).

L'ichtyofaune comprend l'Anguille (Anguilla anguilla), la Loche de rivière (Cobitis taenia), la Loche d'étang (Misgurnus fossilis), la Lote de rivière (Lota lota) et la Vandoise (Leuciscus leuciscus).

FACTEURS INFLUENCANT L'EVOLUTION DE LA ZONE

La baisse des niveaux d’eau en été, ainsi que la dégradation de la qualité de la nappe alluviale et des eaux de la Thève, limitent l’expression des potentialités phytocoénotiques des milieux aquatiques, notamment en favorisant l’eutrophisation.

A la suite de la raréfaction de la mise en valeur par l’élevage, les plantations et la mise en culture de plusieurs secteurs ont fait disparaître des milieux de très grand intérêt.

Le maintien du pâturage extensif actuel par des chevaux, sur une partie du marais, fait partie des mesures appropriées à la gestion de ces espaces marécageux, notamment pour contrecarrer l’embroussaillement et la disparition des derniers espaces prairiaux.

N.B. Les espèces végétales dont le nom est suivi d'un astérisque sont légalement protégées.

Commentaires sur la délimitation

Le périmètre de la ZNIEFF englobe les milieux paludicoles et boisés les plus remarquables pour leurs habitats, leur flore et leur faune. Autant que possible, les cultures et les zones urbanisées sont évitées.