ZNIEFF 220013895
MARAIS DE POUTRINCOURT ET DE L'ALLEU À LANCHÈRES, MILIEUX BOCAGERS ASSOCIÉS

(n° régional : 80LIT116)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Situé en plaine maritime picarde, dans les bas-champs de Cayeux, le site comprend quelques secteurs de prairies humides, principalement centrées sur le marais de Poutrincourt et de l’Alleu. Il s’agit d’un marais pâturé de manière extensive par des bovins et des équins. Plusieurs mares de chasse et des fossés accueillent une végétation aquatique et amphibie particulièrement remarquable. Un grand nombre de groupements végétaux s’y observent, parmi lesquels :

- des herbiers flottants du Lemnion gibbae ;

- des herbiers à Characées des Charetalia hispidae ;

- des herbiers flottants de l’Hydrocharition morsus-ranae ;

- divers herbiers submergés des Potametalia pectinati (groupements à Potamogeton pectinatus, à Elodea canadensis, à Elodea nuttalii,...) ;

- des herbiers submergés du Potamion pectinati (groupements à Groenlandia densa, à Myriophyllum verticillatum,...) ;

- des herbiers du Ranunculion aquatilis (groupements à Callitriche obtusangula, à Callitriche platycarpa,...) ;

- un groupement basal à Myriophyllum alterniflorum ;

- des banquettes amphibies de l’Hydrocotylo-Baldellion (Samolo-Littorelletum) ;

- des prés inondés à Eleocharis palustris (Eleocharo-Oenanthetum fistulosae) ;

- un groupement pionnier à Scirpus setaceus et à Samolus valerandi ;

- des prés à Alopecurus geniculatus (Rumici crispi-Alopecuretum geniculati) ;

- des prés subhygrophiles à Juncus inflexus (Pulicario dysentericae-Juncetum inflexi).

Une variante paratourbeuse à Juncus subnodulosus est également représentée.

Le site comprend aussi un vaste ensemble de bocage poldérien humide, à base de haies de saules taillés en têtards et de vergers résiduels. De nombreuses prairies mésophiles à mésohygrophiles se répartissent au sein des groupements végétaux suivants : la prairie sèche à Lolium perenne du Lolio-Cynosuretum cristati, le pré mésohygrophile à Hordeum secalinum de l’Hordeo secalini-Lolietum perennis et le groupement à Festuca arundinacea.

Le réseau hydrographique est relativement dense, avec la présence de nombreux fossés, mares et canaux.

INTERET DES MILIEUX

Le site présente un intérêt écologique élevé avec, notamment, la présence de nombreux groupements végétaux d'intérêt régional à européen. En particulier, le groupement amphibie à Baldellia ranunculoides est exceptionnel en Picardie et inscrit à la directive "Habitats" de l’Union Européenne. Les herbiers à Characées sont également inscrits à la directive "Habitats". Plusieurs types de végétation sont d’intérêt régional : le groupement basal à Myriophyllum alterniflorum (exceptionnel en Picardie), le pré subhygrophile du Pulicario-Juncetum en variante paratourbeuse et le pré de l’Hordeo-Lolietum (rare en Picardie). La présence de nombreuses espèces subhalophiles confère au site une originalité supplémentaire.

Les milieux palustres accueillent une flore très remarquable pour la Picardie. Les secteurs bocagers permettent d’accueillir une avifaune spécifique et le réseau de mares, établi sur l’ensemble du site, permet l’expression d’une petite faune des milieux aquatiques (batraciens, odonates,...) riche et diversifiée.

INTERET DES ESPECES

Flore :

Un très grand nombre d’espèces remarquables a été observé sur le site, essentiellement au niveau du marais de Poutrincourt et de l’Alleu. Il s’agit d’espèces aquatiques, amphibies, palustres et subhalophiles ;

- l’Ache rampante (Apium repens*), espèce menacée au niveau européen et inscrite, de ce fait, à la directive "Habitats" ;

- le Myriophylle à fleurs alternes (Myriophyllum alterniflorum*), qui n’est présent pour toute la Picardie qu’en plaine maritime picarde. Il forme ici d’importants herbiers ;

- le Potamot coloré (Potamogeton coloratus*), espèce turficole vulnérable en Picardie ;

- le Dactylorhize négligé (Dactylorhiza praetermissa*), inféodé aux prairies humides non amendées ;

- la Littorelle des étangs (Littorella uniflora*), espèce des groupements amphibies oligotrophes, qui n’est connue, en Picardie, que de la plaine maritime picarde ;

- la Samole de Valerandus (Samolus valerandi), espèce rare en Picardie ;

- la Laîche bleuâtre (Carex panicea), espèce turficole ;

- la Baldellie fausse-renoncule (Baldellia ranunculoides subsp. ranunculoides), espèce amphibie très rare en Picardie ;

- l’Oenanthe fistuleuse (Oenanthe fistulosa), typique des prés inondés ;

- le Potamot fluet (Potamogeton pusillus), assez rare en Picardie ;

- le Potamot de Berchtold (Potamogeton berchtoldii), rare en Picardie.

Faune :

Pour l’avifaune, citons la nidification régulière, mais en faibles effectifs, du Vanneau huppé (Vanellus vanellus), espèce vulnérable au niveau régional ; de la Chevêche d’Athéna (Athene noctua), qui profite de la qualité du bocage ; de l’Hypolaïs ictérine (Hippolais icterina), vulnérable en Picardie ; et du Busard des roseaux (Circus aeruginosus), rapace inscrit à la directive "Oiseaux" et observé régulièrement sur le site.

La batrachofaune comprend notamment la Rainette verte (Hyla arborea), vulnérable en France, et le Crapaud calamite (Bufo calamita), très rare en Picardie.

Enfin, pour les odonates, signalons l’abondance de l’Agrion scitulum (Coenagrion scitulum), espèce rare en Picardie.

FACTEURS INFLUENCANT L’EVOLUTION DE LA ZONE

- Le bocage est globalement en voie de vieillissement. Le stade actuel est très favorable à l’accueil de la Chouette chevêche, car les cavités dans les troncs permettent sa nidification et les prairies pâturées constituent son milieu de chasse. Cependant, il conviendrait, dès à présent, de planter de nouveaux arbres dans les espaces libres de certaines haies, voire de planter de nouvelles haies avec des essences locales, afin de renouveler progressivement le bocage. En effet, le patrimoine naturel de ce bocage pourrait disparaître à moyen terme, avec la mort des vieux arbres.

- Les derniers vergers sont parfois laissés à l’abandon. Il serait souhaitable de les valoriser davantage.

- Plusieurs secteurs ont vu le retournement des prairies se réaliser en faveur des cultures.

- Un grand nombre de fossés et de canaux à caractère drainant entraînent l’assèchement des marais. Les espèces palustres, qui y sont inféodées, peuvent régresser, plus particulièrement lors des années sèches.

N.B. : les espèces végétales dont le nom latin est suivi d’un astérisque sont légalement protégées.

Commentaires sur la délimitation

Le site comprend les marais de Poutrincourt et de l'Alleu, de valeur écologique européenne. Les milieux bocagers annexes sont également pris en compte car ils accueillent des espèces et des groupements végétaux de niveau d'intérêt régional. A la périphérie du site, les paysages cultivés dominent.