ZNIEFF 220013932
LARRIS DE LA VALLÉE DE LA SOMME ENTRE LONGPRÉ-LES-CORPS-SAINTS ET LIERCOURT

(n° régional : 80VDS104)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Les larris de la vallée de la Somme, entre Longpré-les-Corps-Saints et Liercourt s'inscrivent dans la craie blanche à silex du Turonien, du Coniacien et du Santonien. Le site comprend une série de vallées sèches orientées perpendiculairement à la vallée de la Somme : la « Vallée du Câtelet », la « Vallée Marinette », la « Vallée de l'Eglise », la « Vallée de Bernival » et la « Vallée de Sorel ». Les versants sont soit exposés au nord lorsqu'ils correspondent au contrefort de la vallée de la Somme, soit exposés à l'est et à l'ouest, lorsqu'il s'agit des versants des vallées sèches attenantes à la Somme.

Des milieux diversifiés occupent les coteaux. On y rencontre des pelouses calcicoles (Mesobromion), notamment sur le versant de la vallée de la Somme, au Câtelet et entre Fontaine-sur-Somme et Liercourt, dans la « Vallée du Câtelet » (versant ouest), la « Vallée Marinette » (versant est) et la « Vallée de Sorel » (versant est) ; des ourlets calcicoles (Trifolion medii) ; des hêtraies thermocalcicoles (Cephalanthero-Fagion sylvaticae) ; des hêtraies neutrophiles à Aspérule odorante (Querco-Fagion) ; des chênaies-charmaies (Carpinion betuli) ; des frênaies-érablières de pente ; des prairies mésophiles pâturées (Cynosurion cristati) ; des haies disposées en rideaux et des vergers.

Des fourrés à Genévriers communs (Juniperus communis) sont disposés en voile sur les pelouses calcicoles. Ces arbustes témoignent de pratiques pastorales ancestrales qui étaient mises en œuvre sur les coteaux. Aujourd'hui, quelques espaces pelousaires sont maintenus ras grâce à l'activité des Lapins de garenne. Certains facies sont favorisés par ces activités cuniculigènes, notamment les banquettes à Hélianthème nummulaire (Helianthemum nummularium). Des éboulis crayeux s'observent çà et là.

Quelques carrières, où sont parfois déposés des déchets, entament la base des coteaux. Des plantations de résineux et de feuillus (frênes notamment) sont réalisées sur certains larris. Quelques secteurs en pente douce ont été mis en culture ou en jachère.

INTERET DES MILIEUX

Plusieurs milieux sont d'intérêt européen et inscrits, à ce titre, à la directive "Habitats" :

- les pelouses calcicoles relevant de l'Avenulo pratensis-Festucetum lemanii, groupement végétal rare et menacé en Picardie par la disparition de l'élevage ovin, qui permettait d'entretenir ces milieux herbacés ;

- les fourrés à Genévriers communs (Juniperus communis) ;

- les hêtraies thermophiles du Cephalanthero-Fagion, très rare en Picardie et observées habituellement, pour le département de la Somme, au niveau de l'îlot thermophile Sud-Amiénois.

- les hêtraies neutrophiles à Aspérule.

Ces milieux, ainsi que les lisières, ourlets et fourrés de recolonisation, hébergent une flore et une faune remarquables.

INTERET DES ESPECES

Pour la flore, signalons la présence d'une bonne diversité d'orchidées calcicoles, assez rares en Picardie : la Néottie nid-d'oiseau (Neottia nidus-avis), la Céphalanthère à grandes fleurs (Cephalanthera damasonium), l'Orchis mâle (Orchis mascula) et l'Orchis militaire (Orchis militaris).

Citons également le Bunium noix-de-terre (Bunium bulbocastanum), espèce qui apprécie les pelouses en voie d'ourléification ; la Pulsatille commune (Pulsatilla vulgaris), espèce thermophile qui atteint sa limite septentrionale de répartition en France dans la Somme et le Polygala chevelu (Polygala comosa*), espèce rare en Picardie.

Pour la faune, notons la présence de quelques lépidoptères remarquables, inféodés aux pelouses rases : le Fluoré (Colias australis) et l'Argus bleu-nacré (Polyommatus coridon).

FACTEURS INFLUENCANT L'EVOLUTION DE LA ZONE

- L'abandon du pâturage ovin sur les larris conduit à une densification progressive du tapis végétal. Les espèces héliophiles remarquables tendent à régresser aux dépens de graminées sociales et d'arbustes de moindre intérêt écologique.

- La plantation de résineux concourt à accentuer le phénomène de fermeture des milieux et à réduire l'intérêt patrimonial du site.

- L'utilisation des engrais sur les cultures du plateau détériore la végétation oligotrophe des pelouses.

- Certaines parcelles ont été transformées en cultures.

- Le larris de la « Vallée Sorel » a récemment fait l'objet de brûlis.

N.B. : les espèces végétales dont le nom est suivi d'un astérisque sont légalement protégées.

Commentaires sur la délimitation

Le site comprend une mosaique de milieux calcicoles remarquables : pelouses, lisières, ourlets et fourrés attenants, hêtraies. Les milieux intersticiels tels que cultures, jachères, prairies mésophiles, haies, bosquets n'ont pas été exclus car ils présentent un intérêt fonctionnel avec les milieux remarquables précédemment cités. Les cultures du plateau ont par contre été exclues.