ZNIEFF 220013948
VALLÉE DU SAINT-LANDON ET VALLÉES SÈCHES ATTENANTES

(n° régional : 80SAM101)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Affluente de la vallée de la Somme au niveau d'Hangest-sur-Somme, la vallée du Saint-Landon comprend un ensemble de milieux diversifiés, remarquables sur deux tronçons de la vallée : entre Hangest-sur-Somme et Soues, d'une part, et entre Le Mesge et Oissy, d'autre part.

Le fond de vallée est occupé par plusieurs étangs à vocation de loisirs (chasse, pêche), des fragments de roselières du Phragmition en voie d'atterrissement (Solano dulcamarae-Phragmitetum), des mégaphorbiaies (Thalictro flavi-Filipendulion ulmaraiae appauvri et Calystegion sepium en situation eutrophe), quelques prairies humides résiduelles (Mentho-Juncion inflexi) et des vergers (nord d'Oissy). Ces végétations, globalement ouvertes, sont progressivement envahies par des boisements humides fangeux, à base de Saules cendrés et d'Aulnes glutineux (Alnion glutinosae), notamment au niveau du lieu-dit "la Planche". Plusieurs peupleraies ont remplacé les milieux marécageux initiaux. La végétation herbacée sous-jacente y est souvent nitrophile. Au niveau d'Hangest-sur-Somme, des cressonnières sont alimentées par des sources. Certaines d'entre elles sont abandonnées et sont alors colonisées par une végétation de type mégaphorbiaie.

Sur le versant est de la vallée du Saint-Landon, des bois (« Bois de la Garenne », « Bois d'Ostenne ») portent des chênaies-charmaies-hêtraies du Carpinion betuli et des frênaies-acéraies de pente. Des lambeaux de pelouses calcicoles sont observés sur le pourtour du « Bois d'Ostenne » et sur une partie du rebord est du « Bois de la Garenne ». La végétation y est relativement dense (brachypodiaies du Centaureo nemoralis-Origanetum vulgaris) et embroussaillée (Prunetalia spinosae). Quelques secteurs relictuels conservent une végétation rase (Avenulo pratensis-Festucetum lemanii), entretenue par les lapins. La présence de fourrés à Genévriers communs (Juniperus communis), relativement importants autour du « Bois d'Ostenne », témoigne de l'utilisation pastorale ancestrale de ce coteau.

Deux vallées sèches ont également été incluses dans la zone : la "vallée Delattre" et "la Grande vallée". Celles-ci comprennent des pelouses calcicoles relictuelles, abritant encore plusieurs espèces remarquables, ainsi que des prairies mésophiles pâturées (Cynosurion cristati).

INTERET DES MILIEUX

- pelouses calcicoles de l'Avenulo-Festucetum lemanii, groupement végétal rare et menacé en Picardie, inscrit à la directive "Habitats" de l'Union Européenne ;

- fourrés à Genévriers communs (Juniperus communis), également inscrits à la directive "Habitats" ;

- prairies humides et chênaies-charmaies-hêtraies hébergeant quelques espèces végétales remarquables ;

- milieux marécageux comportant une structure de végétation favorable à l'avifaune paludicole.

INTERET DES ESPECES

Flore :

Les prairies humides et les roselières abritent la Laîche distante (Carex distans), rare en Picardie, la Catabrose aquatique (Catabrosa aquatica) et l'Epilobe des marais (Epilobium palustre), assez rare et vulnérable en Picardie. Un cortège relativement important d'espèces peu communes en Picardie a également été noté et témoigne des potentialités du site : le Scirpe sétacé (Scirpus setaceus), le Scirpe des forêts (Scirpus sylvaticus), le Jonc à fleurs obtuses (Juncus subnodulosus), le Populage des marais (Caltha palustris),...

Dans les bois, se développent la Céphalanthère à grandes fleurs (Cephalanthera damasonium), la Néottie nid-d'oiseau (Neottia nidus-avis) et l'Ophrys mouche (Ophrys insectifera), trois orchidées assez rares en Picardie.

Les pelouses calcicoles hébergent le Bunium noix-de-terre (Bunium bulbocastanum), qui supporte une certaine densification herbacée ; l'Ail potager (Allium oleraceum), qui témoigne d'un passé cultural ; la Pulsatille commune (Pulsatilla vulgaris), en régression en Picardie ; le Polygala d'Autriche (Polygala amarella), espèce thermophile rare et vulnérable en Picardie et la Campanule agglomérée (Campanula glomerata), assez rare en Picardie.

Faune :

Pour l'avifaune, signalons la nidification de trois espèces inscrites à la directive "Oiseaux" de l'Union Européenne : le Busard des roseaux (Circus aeruginosus), le Martin-pêcheur (Alcedo atthis) et la Bondrée apivore (Pernis apivorus), nicheuse possible sur le site. Citons également le Héron cendré (Ardea cinerea), nicheur assez rare en Picardie.

Pour l'entomofaune, on rencontre l'Argus bleu-nacré (Polyommatus coridon) et la Zygène diaphane (Zygaena minos), deux espèces des pelouses calcicoles en régression en Picardie.

FACTEURS INFLUENCANT L'EVOLUTION DE LA ZONE

- Eutrophisation des milieux aquatiques, accélérant le processus d'envasement des étangs et éliminant la flore des eaux oligotrophes, au profit de nitrophiles banales.

- Abandon de l'entretien de certains marais et de cressonnières, se traduisant par une évolution de la végétation vers des boisements humides, de moindre intérêt écologique que les milieux ouverts (roselières, prairies humides,...).

- Retournement de certaines prairies en culture (maïs) et plantations de peupliers en fond de vallée, entraînant la destruction des milieux initiaux.

- Mitage des milieux par les habitations légères de loisirs (HLL), fractionnant les milieux humides et induisant souvent une pollution diffuse des eaux.

- Fermeture progressive des derniers lambeaux de pelouses, par évolution spontanée de la végétation et absence d'entretien, induisant une régression des espèces héliophiles remarquables.

- Pâturage parfois intensif, défavorable à la flore oligotrophe des pelouses calcicoles.

Commentaires sur la délimitation

Le site englobe deux tronçons de la vallée du Saint-Landon comprenant des milieux marécageux, des bois de pente et des lambeaux de larris relictuels, ainsi que les versants des vallées sèches "Delattre" et "la Grande Vallée" qui portent des lambeaux de larris. Les différents milieux représentés sont d'intérêts écologique et paysager élevés. Les milieux interstitiels tels que peupleraies et cressonnières participent à la continuité fonctionnelle des milieux entre eux.