DESCRIPTION
Bordés au sud par la vallée des Evoissons et à l'est par la vallée de la Selle, les « Bois de Frémontiers », « Bois de Wailly » et « Bois de Loeuilly » composent, avec les bois avoisinants (« Bois de la Réserve », « Bois de la Chapelle », « Bois de Rot », « Bois d'en bas », « Bois des jardins », « Bois de Taisnil »), un des plus vastes ensembles forestiers du département de la Somme (environ 2 500 hectares).
De nombreuses vallées sèches, d'orientation générale nord-est/sud-ouest, entaillent le plateau et déterminent un relief varié, parfois accidenté. Du fond des vallées jusqu'au plateau se succèdent les affleurements géologiques suivants : colluvions limoneuses et crayeuses, craie à silex du Coniacien, craie blanche du Santonien inférieur, formations résiduelles à silex et limons des plateaux.
Les végétations forestières comprennent des chênaies-charmaies-hêtraies à Chèvrefeuille des bois du Lonicero-Carpinenion, dans les secteurs les plus acides (sur le plateau), et des chênaies-charmaies à Mercuriale vivace (Mercurialo-Carpinenion), sur les pentes. On trouve également des frênaies-érablières mésohygrophiles de pente, du Carpinion. Certains boisements, bien exposés, paraissent davantage thermophiles et peuvent être rattachés au Cephalanthero-Fagion sylvaticae. D'importantes futaies de hêtres, relativement âgées, sont présentes. Quelques plantations de résineux et de feuillus (peupliers) ont été réalisées dans certaines parties du bois. Plusieurs mares, ainsi que de nombreuses ornières sont favorables aux batraciens.
Quelques lambeaux de pelouses et de friches calcicoles (Mesobromion erecti) sont représentés au niveau de Namps-au-Mont, au nord des « Bois de Rot » (à l'est de la voie ferrée) et « Bois de la Chapelle », et, au nord de la gare de Famechon. Ces pelouses sont en voie d'embroussaillement, sauf au niveau de la gare de Famechon, où des travaux de débroussaillage sont mis en œuvre, afin de préserver le patrimoine naturel.
INTERET DES MILIEUX
Les boisements accueillent de nombreuses espèces remarquables pour la Picardie. La superficie importante du massif permet l'existence d'animaux à grand domaine vital (rapaces, mammifères).
Plusieurs milieux relèvent de la directive "Habitats" de l'Union Européenne :
- les hêtraies-chênaies pédonculées atlantiques/subatlantiques à Jacinthe des bois, du Hyacinthoido non-scriptae-Fagetum sylvaticae ;
- les hêtraies thermocalcicoles, du Cephalanthero-Fagion sylvaticae ;
- les frênaies-acéraies neutrocalcicoles de pente, du Mercuriali perennis-Aceretum campestris ;
- les pelouses calcicoles, de l'Avenulo pratensis-Festucetum lemanii, groupement végétal rare et menacé en Picardie.
Par ailleurs, les mares et les ornières intraforestières accueillent plusieurs batraciens remarquables.
INTERET DES ESPECES
Parmi les espèces végétales les plus remarquables, citons :
- l'Orobanche élevée (Orobanche major*), exceptionnelle en Picardie ;
- l'Orchis singe (Orchis simia), exceptionnel dans la Somme ;
- l'Orobanche du gaillet (Orobanche caryophyllacea), rare et vulnérable en Picardie.
Un cortège important d'espèces assez rares et/ou menacées en Picardie est également représenté : l'Ophrys mouche (Ophrys insectifera), la Céphalanthère à grandes fleurs (Cephalanthera damasonium), l'Epipactis brun rouge (Epipactis atrorubens), le Bunium noix-de-terre (Bunium bulbocastanum), l'Epiaire des Alpes (Stachys alpina), la Belladone vénéneuse (Atropa bella-donna), le Dompte-venin officinal (Vincetoxicum hirundinaria) et la Pulsatille commune (Pulsatilla vulgaris).
Faune :
Pour l'avifaune, signalons la nidification de plusieurs espèces inscrites à la directive "Oiseaux" de l'Union Européenne : la Bondrée apivore (Pernis apivorus), le Busard Saint-Martin (Circus cyaneus) et le Pic noir (Dryocopus martius). Le Rougequeue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus), assez rare et vulnérable en Picardie, se reproduit également sur le site. Le Faucon hobereau (Falco subbuteo) utilise le site comme terrain de chasse.
Plusieurs batraciens remarquables peuvent être observés dans les mares et les ornières forestières : le Triton alpestre (Triturus alpestris), espèce vulnérable au niveau national ; le Triton ponctué (Triturus vulgaris), assez rare en Picardie, et l'Alyte accoucheur (Alytes obstetricans).
Pour l'entomofaune, signalons la présence du Fluoré (Colias australis), espèce inféodée aux pelouses rases et de celle du Dragon (Harpyia milhauseri), espèce rare, dont la présence indique que la faune nocturne est encore intéressante. Par ailleurs, de nombreuses espèces remarquables ont été observées dans les années 1960. Certaines d'entre elles ont probablement disparu : Clossiana dia, Clossiana euphrosyne, Satyrium ilicis, Spialia sertorius, Hesperia comma, Aporia crataegi, Fabriciana adippe et Hamearis lucina.
FACTEURS INFLUENCANT L'EVOLUTION DE LA ZONE
- Les plantations de résineux et de certains feuillus (peupliers notamment) sont néfastes à la biodiversité. Elles entraînent une modification difficilement réversible de la végétation en place.
- Quelques cultures sont présentes dans le bois. Elles concourent à artificialiser les milieux.
- Les pelouses calcicoles relictuelles ont tendance à se densifier et à s'embroussailler spontanément, du fait de la dynamique naturelle de boisement. Ce phénomène conduit progressivement à une diminution de l'intérêt patrimonial du site, en raison de la disparition d'espèces héliophiles remarquables.
- Les intrants, issus de l'agriculture intensive des abords des bois, sont apportés par le vent et par les eaux de ruissellement vers les lisières forestières. Ces produits sont préjudiciables à la flore et à l'entomofaune en place.
- Certaines ornières sont nivelées, entraînant la destruction de sites de reproduction potentiels pour les amphibiens.
- Certains secteurs ouverts au public font l'objet d'une fréquentation accrue (classes vertes, sportifs, promeneurs), pouvant nuire à la tranquillité de la faune.
N.B. : les espèces végétales dont le nom latin est suivi d'un astérisque sont légalement protégées.
Le site englobe le vaste massif forestier de Frémontiers/Wailly/Loeuilly ainsi que les lisières et pelouses-ourlets thermocalcicoles attenantes. Cet ensemble présente une valeur écologique élevée. Les cultures ont été exclues autant que possible, hormis un liseré en contact direct avec les cultures qui joue le rôle de zone tampon contre les intrants en provenance des cultures.