ZNIEFF 220013954
HAUTE VALLÉE ET COURS DE LA RIVIÈRE POIX

(n° régional : 80SAM118)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

La haute vallée de la Poix comprend une mosaïque de boisements, de pelouses calcicoles et de milieux bocagers (haies, prairies, vergers, mares). Ces milieux sont disposés sur les versants plus ou moins pentus s'inscrivant dans les craies turonienne et coniacienne, dans le fond de la vallée occupé par des colluvions et des alluvions récentes, et sur le plateau couvert de formations résiduelles à silex.

Les boisements, situés de part et d'autre de la vallée (« Bois de Marlers », « de Brettencourt », « des Avannes », « de Thieulloy », « de Longue Mare », « de Duro », « de Prévotte » et « du Quesnoy ») comprennent les végétations forestières suivantes :

- des chênaies-charmaies du Carpinion betuli (Mercurialo-Carpinenion, sur les versants crayeux et Lonicero-Carpinenion sur le plateau acidocline) ;

- des hêtraies thermocalcicoles, sur les versants bien exposés, se rattachant au Cephalanthero-Fagion ;

- des frênaies-acéraies de pente sur les versants frais.

Un système de cavées peu végétalisées entaille le « Bois de Longue Mare ». Sur le plateau, des hêtraies acidoclines à Houx (Ilex aquifolium) et à Néflier (Mespilus germanica) se rattachent à l'Ilici aquifolii-Fagion sylvaticae. La gestion sylvicole est menée en futaie et en taillis sous futaies.

Les bois sont associés aux bocages et à leurs vergers de haute-tige, conservés autour des villages, lesquels confèrent au site un intérêt paysager remarquable. De nombreuses prairies pâturées (Cynosurion cristati) et quelques mares sont représentées.

Des pelouses calcicoles (Mesobromion erecti) se maintiennent sur la zone, en particulier au niveau du lieu-dit "Le larris d'Avesnes", au sud-est de Marlers. Ce larris est en voie d'ourléification, du fait de l'abandon des pratiques pastorales.

Le fond de la vallée est parcouru par la rivière Poix, en aval de Saulchoy-sous-Poix (en amont, l'écoulement est intermittent). Ce cours d'eau s'étend selon un axe sud-ouest/nord-est jusqu'à Poix-de-Picardie, puis prend une orientation ouest-est jusqu'à la confluence avec les Evoissons. Cette rivière a conservé un caractère naturel malgré les barrages cloisonnant son cours. Elle traverse d'importants secteurs pâturés, d'intérêt paysager élevé. La pente relativement importante du cours d'eau offre des conditions favorables au décolmatage des substrats.

INTERET DES MILIEUX

Les milieux représentés sont de haute valeur écologique et paysagère. Ils hébergent de nombreuses espèces floristiques et faunistiques remarquables pour la Picardie.

Plusieurs habitats sont d'intérêt européen et inscrits, à ce titre, à la directive "Habitats" de l'Union Européenne :

- les pelouses calcicoles qui relèvent de l'Avenulo pratensis-Festucetum lemanii, groupement végétal rare et menacé en Picardie ;

- les hêtraies thermocalcicoles du Cephalanthero-Fagion sylvaticae ;

- les hêtraies-chênaies subatlantiques à Jacinthe des bois du Hyacinthoido non-scriptae-Fagetum sylvaticae ;

- les hêtraies acidophiles à Houx de l'Ilici aquifolii-Fagion sylvaticae.

La pente élevée et la température fraîche des eaux du cours de la Poix offrent des conditions écologiques favorables au développement d'un peuplement salmonicole. Le principal intérêt se concentre sur le secteur en amont de Poix-de-Picardie. Le tri granulométrique ménage des zones de frayères pour la truite, localement fonctionnelles, notamment au niveau de « Lachapelle ».

INTERET DES ESPECES

Flore :

Les pelouses hébergent plusieurs orchidées remarquables : l'Orchis militaire (Orchis militaris), espèce assez rare en Picardie ; l'Anacamptis pyramidal (Anacamptis pyramidalis), espèce rare dans le département de la Somme et la Spiranthe d'automne (Spiranthe spiralis*), observée dans les années 1980.

Les bois abritent également une flore intéressante avec, notamment, plusieurs espèces thermophiles telles que le Daphné lauréole (Daphne laureola), assez rare en Picardie, et l'Epiaire des Alpes (Stachys alpina), présente dans les clairières forestières.

Signalons la présence du Polystic à aiguillons (Polystichum aculeatum), dans le vallon frais du « Bois de Marlers », du Conopode dénudé (Conopodium majus) et du Daphné mézéréon (Daphne mezereum), rares en Picardie.

Faune :

La Chouette chevêche (Athene noctua), espèce inscrite à la liste des oiseaux nicheurs menacés de Picardie, se reproduit dans les secteurs bocagers. La Bondrée apivore (Pernis apivorus), inscrite à la directive "Oiseaux" de l'Union Européenne, compte également parmi les nicheurs remarquables du site. L'Hypolaïs ictérine (Hippolais icterina), nicheur assez rare et menacé en Picardie, profite de la présence de haies comprenant de grands arbres.

Les mares des bocages constituent des sites de reproduction pour trois espèces de tritons parmi lesquelles le Triton alpestre (Triturus alpestris), vulnérable en France, et le Triton ponctué (Triturus vulgaris), assez rare en Picardie.

L'entomofaune n'est pas en reste, avec la présence de plusieurs espèces inféodées aux pelouses rases, rares et/ou en régression en Picardie : le Fluoré (Colias australis), la Zygène de Carniole (Zygaena carniolica), la Zygène diaphane (Zygaena minos) et la Fidonie de la Bugrane (Aplasta ononaria).

Le peuplement piscicole théorique se compose de la Truite fario (Salmo trutta fario), qui est issue, pour partie, d'une reproduction naturelle locale. Le Chabot (Cottus gobio) est bien présent et trouve des conditions favorables à son développement.

FACTEURS INFLUENCANT L'EVOLUTION DE LA ZONE

- La végétation des pelouses a tendance à se densifier spontanément du fait de la dynamique végétale. En l'absence d'entretien, les espèces héliophiles remarquables risquent, à terme, de disparaître.

- Les plantations de résineux et de feuillus exotiques sont de nature à dégrader les végétations en place.

- Le site est traversé par une ligne de chemin de fer qui peut constituer un corridor écologique pour certaines espèces.

- Le manque d'entretien léger du cours d'eau et les pratiques agricoles favorisent le colmatage des substrats et sont préjudiciables à la qualité du cours d'eau, notamment au niveau des zones de frayères potentielles.

- Le cloisonnement du cours d'eau limite les migrations piscicoles vers les frayères potentielles.

N.B. : les espèces végétales dont le nom latin est suivi d'un astérisque sont légalement protégées.

Commentaires sur la délimitation

Le site englobe, d'une part les bois, les pelouses et les milieux bocagers de la haute vallée de la Poix et, d'autre part, le lit mineur de la rivière Poix depuis sa source à Saulchoy-sous-Poix jusqu'à sa confluence avec les Evoissons à Famechon. L'ensemble constitue un site fonctionnel de valeur écologique, floristique et faunistique élevé. Les cultures ont été exclues autant que possible.