ZNIEFF 220013966
COURS DE L'AUTHIE, MARAIS ET COTEAUX ASSOCIÉS

(n° régional : 80PON101)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

* Cours de l'Authie :

L'Authie s'étend globalement selon un axe sud-est/nord-ouest. Ce fleuve est suspendu en de nombreux endroits du fait du cloisonnement important, surtout en amont de Tollent. La pente est relativement faible, mais des secteurs de plus forte pente offrent des conditions favorables au décolmatage des substrats. Les berges, parfois dégradées par le piétinement et par une ripisylve, ne jouent pas toujours leur rôle de maintien des sols (peupliers).

* Secteur terrestre de la haute vallée d'Authie, en amont de Thièvres :

Le site comprend le tronçon de la vallée d'Authie, situé entre Saint-Léger-lès-Authie et Thièvres. Le paysage est constitué de prairies mésophiles pâturées (Cynosurion cristati), de prairies mésophiles à hygrophiles (Mentho aquaticae-Juncion inflexi), de mégaphorbiaies (Calystegion sepium), de roselières (Phragmition australis) et de peupleraies. Le versant exposé au sud, situé au nord de l'Authie (« Bois Laleau »), comprend des chênaies-charmaies du Carpinion betuli et des reliques de pelouses calcicoles (Mesobromion erecti).

Le « Bois de Warnimont » est implanté le long de la vallée sèche de Bus, adjacente à la vallée de l'Authie. Il est disposé sur le plateau et sur le versant exposé au sud-ouest, qui s'inscrit dans la craie blanche du Coniacien-Santonien. Ce bois est par ailleurs entaillé par des petits vallons perpendiculaires à la vallée de Bus. Le plateau est occupé par de la chênaie-charmaie et, localement, par des plantations de résineux. Sur le haut du versant, la présence de formations résiduelles à silex se traduit par une légère tendance acidocline des boisements (Lonicero-Carpinion). Enfin, les versants pentus sont occupés par des hêtraies calcicoles.

* Secteurs terrestres de la moyenne et de la basse vallée d'Authie en aval de Vitz-sur-Authie :

Le paysage de ce tronçon se rapproche davantage de celui des marais arrière-littoraux de la plaine maritime. On y observe une succession de milieux comprenant de nombreux plans d'eau, lesquels trouvent leur origine dans les anciennes fosses de tourbage ou ont été créés artificiellement pour la chasse ou la pêche ; des roselières ; des mégaphorbiaies ; des cariçaies ; des prairies hygrophiles et des bas-marais tourbeux... L'envahissement des marais par les boisements humides (saulaies, aulnaies) est très avancé dans certains secteurs. Ce phénomène est accéléré par les plantations de peupliers, lesquelles sont parfois vastes.

Ce secteur présente une séquence d'habitats remarquables, depuis les végétations aquatiques et amphibies jusqu'aux fourrés boisés.

Les milieux aquatiques et amphibies de ce secteur sont très diversifiés :

- herbiers à Characées (Charetalia hispidae), rares sur la zone ;

- voiles de Lentilles d'eau (Lemnion gibbae) ;

- herbiers flottants du Riccio-Lemnion trisulcae ;

- herbiers flottants de l'Hydrocharition morsus-ranae (Lemno trisulcae-Utricularietum vulgaris) ;

- groupements submergés à Ceratophyllum demersum, à Elodea nuttallii, à Potamogeton pectinatus ;...

- herbiers du Nymphaeion albae (Myriophyllo verticillati-Nupharetum luteae) ;

- herbiers du Potamion pectinati ;

- herbiers du Ranunculion aquatilis (Hottonietum palustris notamment) ;

- herbiers hélophytiques des eaux courantes du Glycerio-Sparganion ;

- végétation pionnière des vases eutrophes du Bidention tripartitae ;

- petites roselières amphibies de l'Oenanthion aquaticae ;

- végétation aquatique d'atterrissement du Sparganio emersi-Potametum pectinati.

Les milieux "terrestres" comprennent :

- tremblants pionniers à Thélyptéride des marais (Thelypteris palustris) ;

- roselières tourbeuses du Thelypterido palustris-Phragmitetum ;

- roselières atterries du Solano dulcamarae-Phragmitetum ;

- mégaphorbiaies tourbeuses du Thalictro flavi-Filipendulion ulmariae ;

- mégaphorbiaies eutrophes du Calystegion sepium ;

- cariçaies rivulaires du Caricetum elatae, du Caricetum ripario-acutiformis, du Caricetum paniculatae et du Caricetum pseudocyperi ;

- cariçaies paratourbeuses du Caricion rostratae ;

- bas-marais tourbeux alcalins de l'Hydrocotylo vulgaris-Juncetum subnodulosi ;

- prairies humides du Mentho aquaticae-Juncion inflexi ;

- prairies mésophiles du Cynosurion cristati ;

- prairies flottantes du Nasturtietum microphylli ;

- prés inondables de l'Eleocharo-Oenanthetum fistulosae ;

- aulnaies-saulaies inondables (Alnion glutinosae, Salicion cinereae) ;

- aulnaies-frênaies mésohygrophiles de l'Alno-Ulmion.

INTERET DES MILIEUX

La vallée de l'Authie constitue un corridor d'intérêt exceptionnel à l'échelle de la Picardie. Cette vallée comprend un très grand nombre d'habitats parmi lesquels plusieurs sont reconnus d'intérêt communautaire et inscrits à la directive "Habitats" : les herbiers flottants du Lemno trisulcae-Utricularietum vulgaris ; les herbiers aquatiques du Myriophyllo verticillati-Nupharetum luteae ; les herbiers nageants de l'Hottonietum palustris ; le groupement à Ceratophyllum demersum ; les voiles de lentilles d'eau du Lemno-Spirodeletum polyrhizae ; les herbiers aquatiques du Callitrichetum obtusangulae ; les herbiers du Ranunculion fluitantis à Ranunculus gr. fluitans ; les herbiers du Ranunculion aquatilis à Callitriche platycarpa et Ranunculus circinatus ; les bas-marais tourbeux de l'Hydrocotylo-Juncetum subnodulosi ; les roselières tourbeuses du Thelypterido-Phragmitetum ; les mégaphorbiaies tourbeuses du Thalictro-Filipendulion ; les pelouses calcicoles de l'Avenulo pratensis-Festucetum lemanii et les hêtraies neutro-acidoclines atlantiques/subatlantiques du Hyacinthoido non-scriptae-Fagetum sylvaticae.

Ce fleuve côtier possède également un intérêt remarquable pour l'ichtyofaune. En aval de Tollent, l'Authie permet le passage des migrateurs (Saumon et Truite de mer). Le cloisonnement étant faible, la circulation sur ce tronçon est aisée. Peu de zones de frayères existent. En amont de Tollent, le cloisonnement du cours d'eau est important et limite fortement l'amontaison des migrateurs vers les zones de frayères, nombreuses sur ce tronçon. Les zones d'engraissement des alevins sont fréquentes et offrent des conditions favorables pour l'ichtyofaune. Des actions en cours sur ces barrages tendent à résorber le problème des obstacles aux poissons migrateurs.

INTERET DES ESPECES

Flore :

Le site accueille une très grande diversité d'espèces aquatiques, amphibies et palustres parmi lesquelles :

- la Renoncule langue (Ranunculus lingua*), rare en France ;

- le Ményanthe trèfle d'eau (Menyanthes trifoliata*), dans les zones les plus tourbeuses ;

- la Pédiculaire des marais (Pedicularis palustris*), relativement localisée ;

- l'Ache rampante (Apium repens*), inscrite à l'annexe II de la directive "Habitats" ;

- la Stellaire des marais (Stellaria palustris*), rare et vulnérable en Picardie ;

- le Rubanier nain (Sparganium natans*), rare en Picardie ;

- l'Orchis négligé (Dactylorhiza praetermissa*), typique des prairies humides non amendées ;

- la Laîche arrondie (Carex diandra*), exceptionnelle en Picardie ;

- la Linaigrette à feuilles étroites (Eriophorum polystachion*), très rare et vulnérable en Picardie ;

- le Comaret des marais (Comarum palustre*), très rare en Picardie ;

- l'Utriculaire commune (Utricularia vulgaris*), exceptionnelle en Picardie ;

- la Véronique à écussons (Veronica scutellata*), rare en Picardie.

Dans le « Bois de Warnimont », on observe la Lathrée écailleuse (Lathraea squamaria*), rare en Picardie. Signalons également la présence de l'Orchis mâle (Orchis mascula), espèce calcicole des boisements clairs, assez rare en Picardie.

Avifaune :

La vallée d'Authie, et plus particulièrement la basse vallée, constituent des haltes migratoires pour de nombreux oiseaux d'eau (anatidés et limicoles) ainsi que des sites de nidification pour plusieurs espèces remarquables en Picardie :

- Le Canard souchet (Anas clypeata), la Sarcelle d'été (Anas querquedula), la Sarcelle d'hiver (Anas crecca), le Canard chipeau (Anas strepera), anatidés rares à très rare en Picardie, qui se reproduisent plus ou moins occasionnellement en basse vallée d'Authie. Des niveaux d'eau élevés sont favorables à ces espèces.

- Les trois espèces de marouettes, la Marouette ponctuée (Porzana porzana), la Marouette poussin (Porzana parva) et la Marouette de Baillon (Porzana pusilla), toutes trois menacées au niveau européen et inscrites, à ce titre, à la directive "Oiseaux", se sont déjà reproduites en basse vallée d'Authie. La présence de la première y est relativement régulière (notamment lors des années humides), tandis que les deux autres ne sont notées que très rarement.

- Plusieurs ardéidés remarquables, tels que le Butor étoilé (Botaurus stellaris) et le Blongios nain (Ixobrychus minutus), inscrits à la directive "Oiseaux", font également partie de l'avifaune nicheuse de la zone.

- De nombreux passereaux paludicoles trouvent des conditions favorables pour nicher : la Gorgebleue à miroir (Luscinia svecica), la Bouscarle de Cetti (Cettia cetti), la Locustelle luscinioide (Locustella luscinioides), ...

- La vallée d'Authie a déjà accueilli plusieurs couples de l'espèce Pie-grièche grise (Lanius excubitor), rare et en danger en Picardie.

Entomofaune :

Pour les lépidoptères, citons la Noctuelle hépatique (Apamea epomidion), très rare en Picardie ; la Leucanie paillée (Mythimna straminea) ; l'Herminie crible (Macrochilo cribrumalis) et la Noctuelle des roselières (Arenostola phragmitidis).

Pour les odonates, signalons le Leste brun (Sympecma fusca), très rare en Picardie ; l'Agrion joli (Coenagrion pulchellum), peu commun à assez rare en Picardie ; le Leste fiancé (Lestes sponsa), très rare en Picardie ; l'Agrion scitulum (Coenagrion scitulum), rare en Picardie et le Sympétrum jaune d'or (Sympetrum flaveolum), très rare en Picardie.

Batrachofaune :

La vallée d'Authie accueille une bonne diversité ainsi que des effectifs importants de batraciens. Citons, en particulier, la Rainette verte (Hyla arborea), vulnérable au niveau national ; le Crapaud calamite (Bufo calamita), très rare en Picardie et le Triton crêté (Triturus cristatus), inscrit à l'annexe II de la directive "Habitats".

Ichtyofaune :

L'Authie héberge plusieurs poissons remarquables tels que la Truite fario (Salmo trutta fario), le Chabot (Cottus gobio) et l'Anguille (Anguilla anguilla). En aval de Tollent, sont présents le Saumon atlantique (Salmo salar) et la Truite de mer (Salmo trutta trutta).

FACTEURS INFLUENCANT L'EVOLUTION DE LA ZONE

- L'existence d'un canal de dessèchement et de nombreux fossés accélère l'évacuation des eaux douces vers la mer et favorise ainsi le drainage des marais. La faune et la flore des milieux humides en sont défavorisées.

- Les prairies du fond de vallée font parfois l'objet d'une exploitation intensive (utilisation d'intrants et chargements en bétail élevés), ce qui limite l'expression d'une flore riche et diversifiée.

- La dynamique spontanée des milieux conduit à la fermeture des espaces dégagés (boisement des roselières, évolution de certaines prairies vers des mégaphorbiaies).

- Les plantations de peupliers en fond de vallée sont préjudiciables à la biodiversité.

- La construction de l'autoroute A16 a entraîné une destruction de certains secteurs marécageux et pourrait concourir à en perturber le fonctionnement hydraulique.

- Le cours de l'Authie présente de nombreux cloisonnements dans sa partie amont, ce qui empêche la remontée des migrateurs (tels que Saumon et Truite de mer).

- Le manque d'entretien léger du cours d'eau ainsi que les pratiques agricoles environnantes favorisent les apports de matières en suspension et le colmatage des substrats (ruissellement, piétinement). Enfin, la pollution diffuse accroît les risques d'eutrophisation.

N.B. : les espèces végétales dont le nom est suivi d'un astérisque sont légalement protégées.

Commentaires sur la délimitation

Le site correspond au cours de l'Authie depuis ses sources à Coigneux (Pas-de-Calais) jusqu'à son embouchure. Il comprend également les secteurs marécageux les plus intéressants du département de la Somme qui sont situés en moyenne et basse vallée de l'Authie, avec notamment : les marais de Boufflers/Vitz-sur-Authie, les marais d'Argoules/Dominois, les marais de Nampont (marais de Montigny, marais du Désert, marais de Colline). Le coteau des Préaux à Nampont est également pris en compte (pelouses calcicoles). Le contour intègre aussi le secteur de la haute vallée de l'Authie entre Thièvres et Saint-Léger-lès-Authie, comprenant des reliques de pelouses et des bois remarquables.

La zone correspond à une unité fonctionnelle comprenant une séquence d'habitats alluviaux aquatiques et terrestres remarquables.