ZNIEFF 220013996
MARAIS DE LA HAUTE VALLÉE DE LA LUCE

(n° régional : 80SAN106)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Cette portion de la haute vallée de la Luce constitue la zone humide la plus remarquable du cœur du Santerre. Le fond de vallée présente un paysage relativement fermé, comprenant une bonne diversité de milieux : roselières humides (Phragmition), en voie d'atterrissement au niveau d'Ignaucourt ; mégaphorbiaies (Thalictro-Filipendulion etCalystegion sepium) ; cariçaies (Caricion elatae), végétations aquatiques et amphibies (Lemnetea minoris, Potametea pectinati, Nasturtion officinalis ...) ; prairies mésophiles pâturées (Cynosurion cristati), fragments de prairies humides (Mentho-Juncion inflexi) ; saulaies (Salicion cinerae) et aulnaies (Alnion glutinosae).

Des sources sont présentes en plusieurs points (« Bois de la Fontaine ») et plusieurs peupleraies marquent le paysage. Quelques cultures (maïs notamment) parsèment également la vallée.

Enfin, les versants sont occupés par des boisements de pente.

INTERET DES MILIEUX

Les roselières, les prairies humides et les mares sont les milieux les plus précieux du site. Ils accueillent plusieurs espèces remarquables pour la Picardie. Ce site constitue l'un des derniers espaces naturels servant de refuge pour la faune et la flore, au sein d'une région de cultures intensives.

INTERET DES ESPECES

Faune :

Le site héberge une entomofaune paludicole encore remarquable avec :

- la Leucanie du Roseau (Senta flammea), espèce inféodée aux roselières, en grande régression en Picardie ;

- la Noctuelle de la Brouille (Sedina buettneri), espèce des milieux humides en régression en Picardie ;

- l'Herminie crible (Macrochilo cribrumalis), noctuelle des roselières, devenue très rare en Picardie ;

- la Noctuelle des roselières (Arenostola phragmitidis) ;

- la Leucanie paillée (Mythimna straminea).

Citons la présence de la Grande Aeschne (Aeshna grandis), odonate peu commun en Picardie.

En ce qui concerne la batrachofaune, signalons l'observation, en 1991, du Triton crêté (Triturus cristatus), espèce inscrite à l'annexe II de la directive "Habitats" de l'Union Européenne, et vulnérable au niveau national.

L'avifaune nicheuse présente un intérêt de niveau régional avec : le Busard des roseaux (Circus aeruginosus), espèce inscrite à la directive "Oiseaux" ; le Petit gravelot (Charadrius dubius), nicheur assez rare en Picardie, et la Gorgebleue à miroir (Luscinia svecica), inscrite à la directive "Oiseaux". Le Tarier des prés (Saxicola rubetra) est un nicheur possible sur le site.

Flore :

La seule espèce remarquable ayant été observée est le Rorippe des marais (Rorippa palustris), espèce assez rare en Picardie.

De nombreuses espèces peu communes, et/ou en régression, sont également représentées et témoignent d'une certaine qualité de milieu : le Jonc à fleurs obtuses (Juncus subnodulosus), le Populage des marais (Caltha palustris), la Renoncule flammette (Ranunculus flammula), la Laîche faux-souchet (Carex pseudocyperus), la Lenticule à trois lobes (Lemna trisulca), le Rubanier négligé (Sparganium erectum), le Nénuphar jaune (Nuphar lutea), le Cornifle nageant (Ceratophyllum demersum),...

FACTEURS INFLUENCANT L'EVOLUTION DE LA ZONE

- Le site fait l'objet de nombreuses dégradations qui amoindrissent la richesse écologique du site : plantations de peupliers, mises en culture (maïs), pollutions diverses, présence d'habitations légères de loisirs, dépôts de déchets ...

Une forte eutrophisation des milieux est constatée.

- Les roselières sont en voie d'atterrissement, processus entraînant la régression des espèces des zones humides.

- Certains secteurs ne sont plus entretenus, ce qui se traduit par une évolution spontanée de la végétation vers le boisement, de moindre intérêt écologique que les roselières et les prairies humides.

Commentaires sur la délimitation

Le site correspond à la haute vallée de la Luce entre Aubercourt et Cayeux-en-Santerre. Ce tronçon, localisé en plein coeur du Santerre agricole, accueille encore plusieurs espèces remarquables de la faune et de la flore. Les cultures ont été évitées hormis un liseré en contact direct avec les cultures jouant le rôle de zone tampon contre les intrants en provenance des cultures.