ZNIEFF 220014085
MASSIF DE THIESCOURT/ATTICHE ET BOIS DE RICQUEBOURG

(n° régional : 60NOY106)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Les massifs d'Attiche et de Thiéscourt et le Bois de Ricquebourg sont situés sur l’extrémité méridionale du Noyonnais, au contact avec le plateau picard et en bordure de la vallée de l'Oise.

Ils sont développés sur des buttes résiduelles, séparées du plateau tertiaire par les vallées de l'Oise, du Matz et de la Divette notamment.

Leur découpage géomorphologique génère une diversité élevée de conditions microclimatiques, en fonction de l'exposition des versants et des substrats.

L’étagement des couches géologiques reprend ici une séquence typique du nord-est de l’Oise, avec, de bas en haut :

- les alluvions en fond de vallée ;

- les argiles sparnaciennes, ;

- les sables cuisiens, comprenant ponctuellement des argiles ;

- les épais calcaires lutétiens qui définissent le plateau ;

- quelques placages sableux de l'Auversien, ou limoneux ;

Cette structure géologique variée permet la présence de sols diversifiés favorables aux milieux suivants :

- pelouses calcicoles (Mesobromion erecti), alternant avec des groupements ponctuels de l'Alysso-Sedion sur dalles et cailloutis calcaires dans les anciennes carrières ;

- ourlets calcicoles thermophiles (Geranion sanguinei) ;

- lisières thermophiles du Berberidion et bois thermocalcicoles du Cephalanthero-Fagion ;

- boisements de Chênes sessiles (Quercion robori-petraeae et Lonicero-Carpinenion) sur sables des versants ou sur le plateau, parfois accompagnés de Châtaigniers ;

- boisements de pente nord à Hêtres, à Frênes, à Erables et à Tilleuls (proches du Lunario redivivae-Acerion pseudoplatani), accompagnés, sur la corniche lutétienne, de fougeraies (Phyllitido-Fraxinetum) ;

- petits boisements frais ou humides, en bas de pente ou sur les affleurements ponctuels d'argiles de Laon (comprenant, notamment, l'Equiseto telmateiae-Fraxinetum excelsioris), parfois remplacés par des peupleraies ;

- étangs (anciens viviers médiévaux pour certains) en fond de vallée ;

- prairies maigres relictuelles sur sols siliceux, notamment en bordure des villages, pâturées et parfois fauchées.

Quelques petits vergers, parfois abandonnés à la friche, subsistent à proximité des villages et des fermes. Ils constituent des vestiges de l’époque, assez récente, où l’élevage était répandu, et où les buttes du Noyonnais constituaient un haut llieu traditionnel de l’arboriculture avec des vergers haute-tige, de cerisiers notamment (tradition des fruits rouges en Noyonnais).

INTERET DES MILIEUX

Entre autres éléments remarquables, les forêts thermophiles, les bois de pente nord et les pelouses calcicoles sont des milieux menacés en Europe, et relèvent, à ce titre, de la directive "Habitats" de l'Union Européenne.

Ils abritent de nombreuses espèces végétales et animales rares et menacées. Cependant, ces milieux sont de plus en plus dégradés dans les plaines du nord-ouest de l'Europe.

Les coteaux exposés au sud connaissent des influences méridionales qui favorisent la présence de nombreuses espèces végétales thermophiles rares et/ou menacées. Les pelouses et lisières thermocalcicoles accueillent une diversité à la fois entomologique et herpétologique élevée.

Les anciennes carrières souterraines creusées dans le lutétien, assez nombreuses dans le massif et souvent réutilisées lors de la Grande Guerre, sont favorables à la présence d'importantes populations hivernantes de chauves-souris, rares et menacées sur le continent européen.

Les vastes surfaces boisées permettent également la présence de mammifères et d'oiseaux à grand territoire.

Globalement, cet ensemble de milieux sylvestres, comportant toutes les expositions (contraste entre les pentes nord et les pentes sud par exemple), des pelouses et des ourlets calcicoles relictuels, ainsi que d'anciennes carrières et de petites prairies de lisières, est favorable à l'expression d'une biodiversité élevée pour la Picardie.

INTERET DES ESPECES

De nombreuses espèces, assez rares à exceptionnelles (et menacées pour la plupart) en Picardie, sont présentes.

Faune :

Parmi les oiseaux nicheurs remarquables figurent :

- la Bondrée apivore (Pernis apivorus), rapace insectivore ;

- le Pic noir (Dryocopus martius), dans les grandes hêtraies ;

- le Busard Saint-Martin (Circus cyaneus) ;

- le Pic mar (Dendrocopos medius), dans les vieilles chênaies.

Tous sont inscrits en annexe I de la directive "Oiseaux" de l'Union Européenne.

On note également la présence du Rougequeue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus), de la Bécasse des bois (Scolopax rusticola) et de la Chouette chevêche (Athene noctua), tous menacés en Picardie.

L’herpétofaune comprend :

- la Grenouille agile (Rana dalmatina), proche ici de sa limite d’aire septentrionale ;

- le Lézard agile (Lacerta agilis) dans les brachypodiaies ;

- le Lézard des murailles (Podarcis muralis) sur les carrières bien ensoleillées ;

- la Coronelle lisse (Coronella austriaca) ;

- la Vipère péliade (Vipera berus).

Ces deux dernières espèces fréquentent les pelouses et les lisières ensoleillées.

Mammalofaune

Le Cerf élaphe (Cervus elaphus) fréquente ce massif, de même que le rare Chat sauvage (Felis silvestris), le Muscardin (Muscardinus avellanarius) et la Martre des pins (Martes martes).

Les populations de Chiroptères comprennent ici des populations hibernantes parmi les plus importantes au nord de la Seine, avec notamment les espèces suivantes, menacées en Europe (inscrites en annexe II de la directive "Habitats" de l'Union Européenne) :

- le rare Vespertilion de Bechstein (Myotis bechsteini) ;

- le Vespertilion à oreilles échancrées (Myotis emarginatus) ;

- le Grand Murin (Myotis myotis) ;

- le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), remarquablement abondant.

L'Oreillard roux (Plecotus auritus) et le Vespertilion de Natterer (Myotis nattereri) sont également présents.

La flore comprend notamment :

- la Pyrole à feuilles rondes (Pyrola rotundifolia*) dans les bois calcicoles frais ;

- la Belladone (Atropa bella-donna) ;

- la Laîche tomenteuse (Carex tomentosa) ;

- la Germandrée des montagnes (Teucrium montanum*), sur les pelouses calcaires rases, ;

- le Daphné lauréolé (Daphne laureola) ;

- la Chlore perfoliée (Blackstonia perfoliata) ;

- la Pulsatille commune (Pulsatilla vulgaris) ;

- le Chêne pubescent (Quercus pubescens), sur les lisières thermocalcicoles ;

- la Céphalanthère à grandes fleurs (Cephalanthera damasonium) ;

- les Orchis mâle, singe et militaire (Orchis mascula, O. simia, O. militaris) ;

- la Néottie nid-d'oiseau (Neottia nidus-avis) ;

- le Dompte-venin officinal (Vincetoxicum hirundinaria) ;

- la Germandrée botryde (Teucrium botrys) ;

- la Dorine à feuilles opposées (Chrysosplenium oppositifolium) ;

- la Laîche digitée (Carex digitata), sur le calcaire des pentes nord ;

- l’Ail des Ours (Allium ursinum) ;

- le Nymphaea blanc (Nymphea alba), sur un étang.

Plusieurs bryophytes rares et menacées ont été notées, notamment Cephaloziella baumgartneri, Gyroweisia tenuis, Lophozia badensis, Rhynchostegiella tenella, Southbya nigrella, Neckera crispa, Brachythecium glareosum...

FACTEURS INFLUENCANT L’EVOLUTION DE LA ZONE

L’absence d’entretien des pelouses et des ourlets calcicoles génère, inéluctablement, une fermeture progressive du milieu par boisement spontané, occlusion très peu contenue par les broutements des trop rares herbivores (lapins et chevreuils essentiellement).

Il en découle une banalisation tant biologique que paysagère de ces anciens espaces ouverts originaux et précieux. Afin de limiter cet enfrichement préjudiciable, des coupes circonstanciées des buissons envahissants seraient souhaitables, en dehors de la saison de reproduction.

Dans les bois, le maintien d’un réseau de vieux feuillus, sénescents ou morts (quelques-uns à l’hectare au minimum), est très favorable à la présence de populations d’insectes, de mammifères (chiroptères) et d’oiseaux cavernicoles rares et menacés.

La protection des carrières souterraines, les plus importantes pour les chauves-souris en hiver, à l'aide de fortes grilles empêchant les intrusions humaines mais permettant les allées et venues de ces mammifères volants, permettrait également de préserver des dégradations et du pillage le remarquable patrimoine hypogé de la Grande Guerre.

N.B. Les espèces dont le nom est suivi d'un astérisque sont légalement protégées.

Commentaires sur la délimitation

Les contours de la zone intègrent les milieux boisés ou prairiaux les plus intéressants pour leurs habitats, leur flore et leur faune, mais évitent, autant que possible, les zones urbanisées et cultivées.