ZNIEFF 220014097
BOIS SAINT-MICHEL ET DE MELLO

(n° régional : 60CLE113)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Le massif boisé de Saint-Michel et de Mello est situé sur l’extrémité méridionale du Clermontois, en contact avec le plateau de Thelle.

D'un point de vue géologique, les épais calcaires lutétiens, qui définissent le plateau tertiaire, sont surmontés d'une butte résiduelle de sables auversiens. Ces assises lessivables, d'épaisseur variable, génèrent des sols de types podzoliques ou bruns acides.

Sous les calcaires lutétiens (exploités en plusieurs points pour la pierre à bâtir), s'étendent les sables cuisiens, qui affleurent au sud de Maysel.

De ces successions géologiques résulte la présence de milieux très précieux :

- boisements de Chênes sessiles (Quercion robori-petraeae et Lonicero-Carpinenion), sur sables ;

- boisements calcicoles de pente nord à Hêtre, à Frêne, à Erable, à Tilleul (Lunario redivivae-Acerion), ;

- landes sèches fragmentaires à Erica cinerea (Calluno vulgaris-Ericetum cinereae) sur sols podzoliques ;

- micro-pelouses sableuses relictuelles (Violion caninae, Airion caryophyllae-praecocis), notamment sur les bords de chemins ;

- chênaies-charmaies acidoclines du Hyacinthoido non scriptae-Fagetum sylvaticae, traitées en taillis sous futaie, avec de nombreux tilleuls et châtaigniers ;

- micro-pelouses calcicoles (rapprochées provisoirement au Festuco lemanii-Anthyllidetum vulnerariae) relictuelles et ourlets (Geranion sanguinei), sur les affleurements lutétiens, au sud-est de la zone ;

- écorchures sur calcaire et/ou sur sols sablo-calcaires (Alysso-Sedion), notamment sur d'anciennes carrières ;

- lisières thermophiles du Berberidion et bois thermocalcicoles du Cephalanthero-Fagion (accompagnés d'éléments du Quercion pubescentis).

Quelques plantations de résineux ont été effectuées, sur les terrains sableux notamment. Les Châtaigneraies sont particulièrement développées sur les sables.

Les espaces relictuels de landes à Ericacées proviennent certainement d'une ancienne mise en valeur pastorale de cette butte sableuse, comme les toponymes "Les pâtures" et "Les longues pâtures", dans la partie ouest du massif, en témoignent.

De même, le toponyme "Les Laris", sur le coteau de Blaincourt, attesterait de l'ancienneté d'un pâturage ovin, aujourd'hui disparu de longue date, mais qui aurait façonné des espaces herbeux secs de type pelousaire.

Actuellement, ces milieux ouverts disparaissent sous l'avancée des ligneux. Plusieurs espèces héliophiles y subsistent cependant, témoins d'une mise en valeur pastorale séculaire.

INTERET DES MILIEUX

Les milieux les plus remarquables comprennent les pelouses calcicoles (rapprochées provisoirement au Festuco lemanii-Anthyllidetum vulnerariae), les ourlets et les forêts thermocalcicoles, les landes sèches à Bruyère cendrée (Calluno vulgaris-Ericetum cinerae), les micro-pelouses sabulicoles, et les futaies acidophiles, qui sont des milieux rares et menacés en Europe.

Ils abritent de nombreuses espèces végétales et animales remarquables.

Les coteaux exposés au sud ou au sud-est subissent des influences méridionales, favorables à la présence de nombreuses espèces végétales et animales thermophiles rares et/ou menacées.

Cet ensemble forestier, ourlé de quelques pelouses et ourlets calcicoles, et de landes développées sur sables, permet l'expression d'une biodiversité élevée pour la Picardie.

INTERET DES ESPECES

De nombreuses espèces assez rares à très rares (et menacées pour la plupart) en Picardie sont présentes.

La flore abrite notamment :

- sur les terrains sableux :

- la Potentille argentée (Potentilla argentea),

- la rare Bruyère cendrée (Erica cinerea*),

- le Dactylorhize maculé (Dactylorhiza maculata),

- la Salicaire pourpier (Lythrum portula),

- la Laîche des lièvres (Carex ovalis)...

- sur les terrains calcaires :

- le Nardure maritime (Nardurus maritimus),

- la Laîche humble (Carex humilis),

- le Chêne pubescent (Quercus pubescens),

- la Céphalanthère à grandes fleurs (Cephalanthera damasonium),

- la Néottie nid-d'oiseau (Neottia nidus-avis),

- le Dompte-venin officinal (Vincetoxicum hirundinaria),

- l'Hellébore fétide (Helleborus foetidus),

- la Globulaire (Globularia bisnagarica),

- l'Epipactis rouge foncé (Epipactis atrorubens)...

Faune :

Parmi les oiseaux remarquables figurent :

- le Pic noir (Dryocopus martius) ;

- la Bondrée apivore (Pernis apivorus), tous deux inscrits en annexe I de la directive "Oiseaux" de l'Union Européenne.

Entomofaune :

- Semiothisa signaria, lépidoptère nocturne remarquable.

Reptiles d'un grand intérêt :

- la Vipère péliade (Vipera berus), présente sur des lisières sur coteaux ensoleillés.

FACTEURS INFLUENCANT L’EVOLUTION DE LA ZONE

Les reliques de pelouses et d’ourlets, en l'absence d'entretien, évoluent vers une fermeture progressive du milieu par boisement spontané, très peu contenue par l’action des trop rares lapins et des chevreuils.

Il en découle une banalisation à la fois biologique, cynégétique et paysagère de ces anciens espaces ouverts originaux et précieux. Des coupes circonstanciées des buissons envahissants seraient souhaitables, en dehors de la saison de reproduction de la faune.

Dans le même ordre d’idée, une fauche occasionnelle (et hivernale) des bermes sur sables peut être favorable au maintien de la faune et de la flore des milieux ensoleillés et chauds.

Dans les bois, le maintien des clairières et des futaies claires, où peuvent subsister des petites landes à Callune, est important.

Egalement, le maintien de vieux arbres, sénescents ou morts, est essentiel pour la biodiversité faunistique (insectes, chauves-souris et passereaux arboricoles et cavernicoles).

N.B. Les espèces végétales dont le nom est suivi d'un astérisque sont légalement protégées.

Commentaires sur la délimitation

Le périmètre de la zone comprend les milieux forestiers et herbacés les plus précieux sur le plan biologique, ainsi qu'un liseré périphérique faisant office de zone-tampon.