ZNIEFF 220014315
LARRIS DES VALLÉES SÈCHES DE MOIMONT À REUIL-SUR-BRÊCHE

(n° régional : 60PPI139)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Le site englobe les versants raides des deux vallées sèches parallèles, qui s'étirent entre le hameau de Moimont et Reuil-sur-Brêche, ainsi que l'interfluve boisé. Les talus des larris s'inscrivent dans les craies coniacienne et santonienne, souvent recouvertes de colluvions, tandis que le bois repose sur un sol plus acide, développé dans des limons à silex.

Les versants raides ont été valorisés, par le passé, grâce aux labours parallèles aux courbes de niveau, qui ont généré le système remarquable de rideaux encore visible. Les terrasses entre les rideaux plantés de haies ont été cultivées et valorisées par le pâturage, ovin notamment.

Sur ces anciens parcours à moutons se retrouvent des témoins de cette utilisation, comme le Genévrier, qui n'était pas brouté par les moutons et qui ne se développait que sur des sols secs à végétation rase.

Cependant, les espaces pelousaires caractéristiques des larris ne se retrouvent plus qu'au nord-est du site, en lisière occidentale du Bois de Bas. Une pelouse-ourlet à Genévriers y subsiste, plus ou moins dominée par le Brachypode pennée (Brachypodium pinnatum). Elle est partiellement envahie par les buissons et les jeunes hêtres, qui regagnent du terrain. La pelouse à Avénule des prés et à Fétuque de Léman est à rattacher au groupement de l'Avenulo pratensis-Festucetum lemanii, mais évolue vers un ourlet à Centaurée et Origan (Centaureo-Origanetum vulgaris) à la suite de l'abandon de l'entretien régulier par le pâturage.

Les manteaux à Viorne mancienne (fruticées), en lisière du bois, peuvent être rattachés au Tamo-Viburnetum lantanae. Au pied de ces fourrés de recolonisation des terres autrefois abandonnées se trouvent également des banquettes à Hélianthèmes nummulaires, favorisées par les activités des Lapins de garenne.

On peut rattacher les hêtraies calcicoles sur cailloutis crayeux au Mercurialo-Carpinenion.

Ce dernier groupement peut faire transition avec le Lonicero-Carpinenion, plus acidocline en haut de versant, sur les limons à silex. Dans le Bois de Bas, de belles futaies de chênes, de charmes et de hêtres dominent un sous-bois de ronces, de Jacinthes (Hyacinthoides non-scripta), ponctué de Néflier (Mespilus germanica) et de rares Houx (Ilex aquifolium).

INTERET DES MILIEUX

Les pelouses, les lisières et les hêtraies calcicoles abritent l'essentiel des espèces remarquables de la faune et de la flore. Certaines espèces végétales, favorisées par une ambiance thermophile sur les expositions méridionales, présentent des affinités subméditerranéennes et se trouvent, à cet endroit, non loin de leur limite septentrionale d'aire.

Elles sont de plus en plus rares dans la région, du fait même de la raréfaction considérable des pelouses sèches, dont les surfaces ont été divisées par vingt depuis un siècle en Picardie.

Ces pelouses à orchidées et les junipéraies sont inscrites à la directive "Habitats" de l'Union Européenne.

INTERET DES ESPECES

Les plantes supérieures les plus intéressantes (assez rares à rares en Picardie) sont les suivantes :

- le Lin à feuilles ténues (Lium tenuifolium),

- l'Ophrys mouche (Ophrys insectifera),

- la Céphalanthère à grandes fleurs (Cephalanthera damasonium),

- l'Epiaire des Alpes (Stachys alpina),

- la Belladone (Atropa bella-donna).

Les lisières et pelouses ensoleillées permettent la présence de la Lucine (Hamearis lucina), lépidoptère rare, surtout sur le plateau picard.

FACTEURS INFLUENCANT L'EVOLUTION DE LA ZONE

Les pelouses et lisières thermophiles évoluent vers des milieux boisés par recolonisation forestière spontanée, consécutive à l'arrêt des pratiques pastorales. Il en résulte une perte de la biodiversité ainsi que de la qualité paysagère de ces milieux secs, remarquables dans l'environnement très cultivé du plateau picard.

Commentaires sur la délimitation

Les milieux boisés, les haies et les pelouses sont inclus dans cette ZNIEFF, ainsi qu'un liseré cultivé en bordure immédiate des lisières. Au delà de cette frange, les cultures ne sont pas intégrées.