ZNIEFF 220014318
MARAIS ARRIÈRE-LITTORAUX PICARDS, VALLÉE DU PENDÉ ET BASSE VALLÉE DE LA MAYE

(n° regional: 80LIT105)

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DESCRIPTION

Les marais arrière-littoraux reposent sur des tourbes du Flandrien Holocène. Ils abritent des habitats, une flore et une faune d'intérêt supra-européen, qui sont répartis de manière relativement homogène sur tout le site. Ils se composent d’une mosaïque de marais, parfois boisés, et de prairies humides, traversée par un réseau hydrographique complexe (fossés, canaux, mares de chasse, étangs, ruisseaux ...).

Alors que l’élevage se maintient dans certaines zones périphériques (marais de Favières, de Lannoy, de Ponthoile...), le cœur des marais bénéficie, quant à lui, d’une gestion à des fins essentiellement cynégétiques, celle-ci se traduit par la présence de roselières émaillées de platières à bécassines, reliées entre elles par des layons régulièrement fauchés. Certains marais ne sont plus suffisamment entretenus et voient les bouquets de saules gagner du terrain.

La végétation est remarquablement diversifiée. Les groupements végétaux peuvent être rattachés à trois grands systèmes écologiques :

* Système tourbeux alcalin (le plus représenté en terme de superficie) :

- des herbiers submergés à Potamogeton coloratus* du Potametum colorati ;

- un groupement à Sparganium natans* du Sparganietum minimi ;

- des bas-marais à Menyanthes trifoliata* du Caricion lasiocarpae (Junco subnodulosi-Caricetum lasiocarpae) ;

- des tourbières basses à Schoenus nigricans du Cirsio dissecti-Schoenetum nigricantis ;

- un groupement pionnier à Eleocharis quinqueflora* de l’Anagallido tenellae-Eleocharetum quinqueflorae ;

- des prés tourbeux à Juncus subnodulosus de l’Hydrocotylo vulgaris-Juncetum subnodulosi ;

- des cariçaies tourbeuses du Caricion rostratae ;

- des roselières tourbeuses du Thelypterido palustris-Phragmitetum australis ;

- des mégaphorbiaies à Lathyrus palustris* du Lathyro palustris-Lysimachietum vulgaris ;

- des cladiaies turficoles du Cladietum marisci ;

- des saulaies-aulnaies tourbeuses de l’Alnion glutinosae.

* Système alcalin sur sols minéraux :

- des herbiers nageants du Lemno-Spirodeletum polyrhizae ;

- des herbiers à Ceratophyllum demersum ;

- des herbiers du Potamion pectinati ;

- un groupement pionnier à Rumex hydrolapathum ;

- un système pionnier sur vase à Rumex palustris et à Rumex maritimus ;

- un groupement amphibie à Baldellia ranunculoides de l’Hydrocotylo vulgaris-Baldellion ranunculoidis (Samolo valerandi-Littorelletum uniflorae) ;

- des prairies subhygrophiles du Pulicario dysentericae-Juncetum inflexi avec une variante subhalophile et une variante paratourbeuse) ;

- des prés inondés à Eleocharis palustris de l’Eleocharo palustris-Oenanthetum fistulosae ;

- des prés à Alopecurus geniculatus du Rumici crispi-Alopecuretum geniculati ;

- des prairies sèches à Lolium perenne du Lolio-Cynosuretum cristati ;

- des roselières du Phragmition (Solano dulcamarae-Phragmitetum) ;

- diverses cariçaies rivulaires (Caricetum ripario-acutiformis, Caricetum paniculatae) ;

- des mégaphorbiaies eutrophes du Calystegion sepium ;

- des mégaphorbiaies du Cirsio oleracei-Filipenduletum ulmariae ;

- des typhaies du Typhetum latifoliae ;

- des glycériaies du Glycerietum maximae.

* Système des sols acides (très localisé dans les marais arrière-littoraux, système qui concerne essentiellement le pré communal de Larronville) :

- le gazon amphibie à Scirpus fluitans* du Scirpetum fluitantis ;

- le gazon amphibie à Eleocharis acicularis* de l’Eleocharis acicularis-Littorelletum uniflorae ;

- le pré acide à Comarum palustre* du Comaro palustris-Juncetum acutiflori ;

- le groupement atlantique à Ranunculus repens et à Juncus acutiflorus ;

- la pelouse à Galium saxatile* du Galio saxatilis-Festucetum tenuifoliae ;

- la prairie mésotrophe à Luzule du Luzulo-Cynosuretum cristati ;

- les landes subsèches d’atlanticité réduite de l’Ulici europaei-Callunetum vulgaris.

Dans le marais de Villers-sur-Authie, des processus ombrogéniques conduisent localement à l’acidification des tourbes. Dans le marais de Sailly-Bray, quelques touffes de sphaignes subsistent localement.

INTERET DES MILIEUX

Cet ensemble de tourbières basses alcalines constitue un système nord-atlantique arrière-littoral endémique, propre à la plaine maritime picarde, et que l’on trouve de part et d’autre de l’Authie. Ces marais présentent une séquence topographique complète d’habitats tourbeux basiques, depuis les groupements végétaux aquatiques jusqu’aux boisements marécageux. En plus de ce système tourbeux alcalin, un système acidophile, nettement plus localisé, se maintient également (végétation de landes et de pelouses oligotrophes à mésotrophes du pré communal de Larronville).

La qualité et l'étendue des milieux, l’originalité et l’état actuel des populations animales et végétales font que ce site fait partie des sites européens majeurs de tourbières. De nombreux groupements végétaux présentent un intérêt européen et sont inscrits, de ce fait, à la directive "Habitats" de l’Union Européenne :

- des herbiers pionniers à Characées (Charion asperae à Chara vulgaris) ;

- des voiles de Lentilles d’eau (Lemno-Spirodeletum polyrhizae) ;

- des herbiers aquatiques du Myriophyllo verticillati-Nupharetum luteae ;

- des herbiers du Lemno trisulcae-Utricularietum vulgaris ;

- des herbiers à Ceratophyllum demersum ;

- des herbiers nageants de l’Hottonietum palustris ;

- des herbiers nageants de l’Hippuridetum vulgaris ;

- des herbiers nageants de l’Hydrocharietum morsus-ranae ;

- des herbiers du Nymphaetum albo-minoris ;

- des herbiers des vasques tourbeuses du Potametum colorati ;

- le gazon amphibie de l’Eleocharito acicularis-Littorelletum uniflorae, très localisé ;

- le gazon amphibie du Scirpetum fluitantis, également très localisé ;

- les banquettes amphibies de l’Hydrocotylo vulgaris-Baldellion ranunculoidis (Samolo valerandi-Littorelletum uniflorae) ;

- les bas-marais tourbeux du Junco subnodulosi-Caricetum lasiocarpae ;

- les tremblants tourbeux du Potentillo palustris-Epilobietum palustris ;

- les bas-marais tourbeux alcalins de l’Hydrocotylo vulgaris-Juncetum subnodulosi ;

- les tourbières basses du Cirsio dissecti-Schoenetum nigricantis ;

- le groupement tourbeux pionnier de l’Anagallido tenellae-Eleocharitetum quinqueflorae ;

- les cladiaies turficoles du Cladietum marisci, localisées ;

- les roselières tourbeuses du Thelypterido palustris-Phragmitetum australis ;

- les roselières tourbeuses du Lathyro palustris-Lysimachietum vulgaris ;

- les aulnaies-frênaies du Filipendulo ulmariae-Alnetum glutinosae ;

- les landes subsèches d’atlanticité réduite de l’Ulici europaei-Callunetum vulgaris ;

- les pelouses oligotrophes à mésotrophes du Galio saxatilis-Festucetum tenuifoliae.

De nombreux autres groupements sont remarquables à l’échelle de la Picardie. De plus, les marais arrière-littoraux présentent un intérêt très élevé pour l’accueil d’oiseaux nicheurs rares, et constituent une halte migratoire appréciée pour de nombreux oiseaux d’eau.

INTERET DES ESPECES

Flore remarquable :

De très nombreuses espèces remarquables peuvent être observées dans les marais arrière-littoraux. Nous ne citerons ici que les espèces protégées, qui se répartissent dans les milieux suivants.

Les bas-marais tourbeux abritent :

- le Liparis de Loesel (Liparis loeselii*), inscrit à l’annexe II de la directive "Habitats" ;

- la Renoncule langue (Ranunculus lingua*), rare en France ;

- le Ményanthe trèfle-d'eau (Menyanthes trifoliata*), en danger en Picardie ;

- la Pédiculaire des marais (Pedicularis palustris*), qui forme des populations importantes ;

- la Laîche arrondie (Carex diandra*), exceptionnelle en Picardie ;

- la Linaigrette à feuilles étroites (Eriophorum polystachion*), très rare et vulnérable en Picardie ;

- le Comaret des marais (Comarum palustre*), très rare en Picardie ;

- le Peucédan des marais (Peucedanum palustre*), rare en Picardie ;

- le Potamot coloré (Potamogeton coloratus*), typique des gouilles tourbeuses aux eaux alcalines ;

- l’Eleocharide pauciflore (Eleocharis quinqueflora*), espèce pionnière des tourbières basiclines ;

- la Gesse des marais (Lathyrus palustris*), espèce des mégaphorbiaies tourbeuses, exceptionnelle en Picardie ;

- le Mouron délicat (Anagallis tenella*), espèce pionnière rare en Picardie ;

- la Laîche puce (Carex pulicaris*), très peu présente sur le site ;

- la Parnassie des marais (Parnassia palustris*), espèce inféodée aux substrats tourbeux, mais également aux pelouses marneuses et aux pannes dunaires ;

- la Berle à larges feuilles (Sium latifolium*), vulnérable en Picardie ;

- le Saule à feuilles étroites (Salix repens subsp. angustifolia*), exceptionnel en Picardie.

Dans les prairies humides, se développent :

- l'Ache rampante (Apium repens*), inscrite à l'annexe II de la directive "Habitats" ;

- la Stellaire des marais (Stellaria palustris*), rare et vulnérable en Picardie ;

- le Dactylorhize négligé (Dactylorhiza praetermissa*), typique des prairies humides non amendées ;

- le Dactylorhize incarnat (Dactylorhiza incarnata*), rare et vulnérable en Picardie ;

- la Véronique à écussons (Veronica scutellata*), rare en Picardie ;

- l’Ophioglosse commune (Ophioglossum vulgatum*), fougère prairiale particulièrement menacée.

Les milieux aquatiques et amphibies permettent la présence de :

- la Littorelle des étangs (Littorella uniflora*), espèce amphibie protégée en France ;

- le Myriophylle à fleurs alternes (Myriophyllum alterniflorum*), qui n’est plus connu, pour toute la Picardie, que de la plaine maritime picarde ;

- le Rubanier nain (Sparganium natans*), rare en Picardie ;

- l'Utriculaire commune (Utricularia vulgaris*), espèce exceptionnelle et en danger en Picardie ;

- l’Utriculaire naine (Utricularia minor*), exceptionnelle en Picardie ;

- le Scirpe flottant (Scirpus fluitans*), espèce acidocline en danger en Picardie ;

- le Potamot graminée (Potamogeton gramineus*), espèce que l'on observe plus classiquement dans les pannes dunaires ;

- l’Eléocharide épingle (Eleocharis acicularis*), très rare en Picardie.

Les lambeaux de landes hébergent le Gaillet des rochers (Galium saxatile*), présent au niveau du pré communal de Larronville.

Les marais arrière-littoraux accueillent le cortège quasi-complet des espèces turficoles, assez rares à exceptionnelles en Picardie. Environ 90 % des espèces végétales, caractéristiques des tourbières de plaine française, sont présentes dans ces marais. Certaines espèces, observées dans le passé, ont aujourd’hui très probablement disparu. Il s’agit de Drosera rotundifolia*, Carex lasiocarpa*, Eriophorum latifolium*, Eriophorum gracile*, Genista anglica*, Ranunculus hederaceus*, Spiranthes aestivalis, Vaccinium oxycoccos*, Viola canina*, Potamogeton polygonifolius* et Orchis palustris*.

Signalons également la présence de bryophytes remarquables : Callergion giganteum, espèce des tourbières basses et Scorpidium scorpioides, espèce en régression, typique des bas-marais alcalins.

Avifaune remarquable :

Cette zone abrite une avifaune particulièrement remarquable, de niveau d’intérêt européen. Cet état de fait est notamment reconnu par l’inventaire des ZICO (Zones d’Importance Communautaire pour les Oiseaux). Des échanges sont observés entre la baie de Somme et les marais arrière-littoraux pour un certain nombre d’oiseaux d’eau. Le site est utilisé comme halte migratoire, comme site d’hivernage et de nidification.

Nous citerons ci-après certaines espèces nicheuses, parmi les plus remarquables.

- des rapaces : le Busard de roseaux (Circus aeruginosus), inscrit à l’annexe I de la directive "Oiseaux" et le Faucon hobereau (Falco subbuteo), assez rare en Picardie ;

- des ardéidés : le Butor étoilé (Botaurus stellaris), en voie de disparition en Picardie et le Blongios nain (Ixobrychus minutus), espèce en danger en Picardie, a déjà niché sur le site ;

- un grand nombre d’anatidés : la Sarcelle d’été (Anas querquedula), très rare en Picardie ; le Canard souchet (Anas clypeata), rare en Picardie ; la Sarcelle d’hiver (Anas crecca), nicheuse en petit nombre ; le Canard chipeau (Anas strepera), très rare en Picardie ; et le Tadorne de Belon (Tadorna tadorna), rare en Picardie ;

- des passereaux paludicoles : la Bouscarle de Cetti (Cettia cetti), assez rare en Picardie ; la Gorgebleue à miroir (Luscinia svecica), inscrite à l’annexe I de la directive "Oiseaux" ; et la Locustelle luscinioïde (Locustella luscinioides), assez rare en Picardie ;

- d’autres passereaux remarquables : le Tarier des prés (Saxicola rubetra), vulnérable en Picardie ; la Pie-grièche grise (Lanius excubitor), en très forte régression en Picardie et en France et l’Hypolaïs ictérine (Hippolais icterina), vulnérable en Picardie ;

- des rallidés, avec la nidification du Râle d’eau (Rallus aquaticus), assez rare en Picardie et, lors des années humides, de la Marouette ponctuée (Porzana porzana), espèce en danger en France, inscrite à la directive "Oiseaux" ;

- des limicoles prairiaux : la Barge à queue noire (Limosa limosa), qui a déjà niché dans les marais arrière-littoraux, le Vanneau huppé (Vanellus vanellus), espèce vulnérable en Picardie, l’Avocette élégante (Recurvirostra avosetta) et l’Echasse blanche (Himantopus himantopus), toutes deux exceptionnelles en Picardie et occasionnelles sur la zone.

Batrachofaune remarquable :

- le Triton crêté (Triturus cristatus), inscrit à l'annexe II de la directive "Habitats" ;

- le Triton alpestre (Triturus alpestris), vulnérable au niveau national ;

- le Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus), très rare en Picardie et vulnérable en France ;

- la Rainette verte (Hyla arborea), vulnérable au niveau national.

Odonatofaune remarquable :

- l’Aeschne isocèle (Aeshna isosceles), très rare en Picardie ;

- le Leste brun (Sympecma fusca), très rare en Picardie ;

- le Leste sauvage (Lestes barbarus), exceptionnel en Picardie ;

- le Leste fiancé (Lestes sponsa), très rare en Picardie ;

- le Sympétrum noir (Sympetrum danae), très rare en Picardie.

Mammalofaune remarquable :

On note la présence de la Musaraigne aquatique (Neomys fodiens), assez rare en Picardie.

FACTEURS INFLUENCANT L’EVOLUTION DE LA ZONE

- Le patrimoine naturel des marais arrière-littoraux est tributaire des pratiques pastorales et cynégétiques qui les façonnent. En particulier, la gestion des niveaux d’eau est primordiale pour le maintien de la qualité de ces marais.

- La dynamique spontanée des milieux conduit à la fermeture des espaces dégagés (boisement des roselières, apparition de mégaphorbiaies dans les prairies…), ce qui est néfaste au développement des espèces remarquables liées aux milieux ouverts.

- Ces phénomènes de fermeture sont accélérés soit par l’intervention humaine (plantation de peupliers), soit par la non-intervention (abandon du pâturage dans les prairies). Il est important de maintenir un pâturage extensif dans les prairies humides. Les plantations de peupliers sont à éviter, car elles entraînent une banalisation du patrimoine naturel par un assèchement du marais.

- Les surfaces en roselière humide ont diminué dans certains marais, du fait de la mise en place d’un pâturage, néfaste à ce milieu. Il est important d’éviter de gérer les roselières humides par pâturage.

- On constate un envasement et un atterrissement de certains étangs, provoqués en partie par les limons des plateaux entraînés par les pluies.

- Certaines pratiques d’entretien des marais (récolte des roseaux…) qui entretenaient des stades pionniers souvent remarquables de la végétation, tendent à disparaître.

- A l’occasion de travaux de fauche (layons, roselières, ...), il serait idéal, pour le patrimoine naturel, d’exporter la matière végétale coupée hors du site, afin d’éviter son accumulation, qui contribue à l’atterrissement du marais.

N.B. : les espèces végétales dont le nom est suivi d’un astérisque sont légalement protégées.

Comments on the delimitation

Les marais arrière-littoraux sont situés dans la partie est de la plaine maritime picarde, contre la falaise morte. Ils s'étendent, du nord au sud, de Nampont à Noyelles-sur-mer dans une continuité écologique cohérente. La basse vallée de la Maye et la vallée du Pendé sont également prises en compte.

Les marais arrière-littoraux sont limités à l'est par les cultures du plateau du Ponthieu, au sud par la basse vallée de la Somme (également en ZNIEFF de type I), à l'ouest par les prairies plus ou moins bocagères et les cultures des bas-champs du Marquenterre et au nord par la vallée d'Authie (également en ZNIEFF de type I) et quelques cultures.