ZNIEFF 220014516
OPPIDUM DU VIEUX LAON ET BOISEMENTS ENVIRONNANTS

(n° régional : 02LAN122)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

La zone est constituée d'un ensemble de versants boisés et d'un vaste complexe de pelouses calcicoles. Ces dernières sont principalement situées sur les levées de terre des remparts de l'ancien oppidum gaulois, situé au lieu-dit le « Vieux Laon ». L'exposition au sud favorise les groupements végétaux thermophiles.

La hêtraie calcicole, formation forestière dominante, présente, localement, sur les flancs les plus exposés, des fragments de hêtraie thermocalcicole. Les bas de pentes, recouverts de colluvions argilo-calcaires, sont colonisés par la chênaie-charmaie ou l'aulnaie-frênaie, lorsque les conditions stationnelles (niveau d'eau notamment) le permettent. On observe, ponctuellement, la formation de petits marais tufeux (relativement terreux) infraforestiers.

INTERET DES MILIEUX

Des pelouses calcicoles assez vastes présentent différents types de végétation. La pelouse à Brachypodium pinnatum domine, mais il existe aussi quelques zones de pelouses ouvertes (sur les levées de terre du camp romain par exemple). Ces pelouses calcicoles, milieux en voie de régression dans la moitié nord de la France, apparaissent remarquables en raison de leur étendue et constituent les milieux quasi-exclusifs de toute une faune d'invertébrés thermophiles.

Des fragments de hêtraie calcicole thermophile, milieux devenus rares en Picardie, abritent des espèces protégées telles que le Limodore à feuilles avortées (Limodorum abortivum*).

Des petits marais infraforestiers tufeux, milieux rares en Picardie, hébergent plusieurs espèces remarquables au niveau régional. Ces marais sont de petite dimension et, de ce fait, très sensibles aux modifications des milieux engendrées généralement par la sylviculture. Le sous-bois à Cerisier à grappes ( Prunus padus) est remarquable par sa densité.

Un vaste ensemble forestier, de type hêtraie, accueille plusieurs espèces animales et végétales rares en Picardie.

Des cavités souterraines sont susceptibles d'être utilisées par les chauves-souris et divers insectes (papillons, diptères, trichoptères,...), durant les périodes d'hibernation.

INTERET DES ESPECES

Présence d'un cortège floristique particulièrement remarquable, en raison du nombre élevé d'espèces protégées. Sept d'entre elles appartiennent aux formations calcicoles thermophiles :

- la Laîche pied-d'oiseau (Carex ornithopoda*),

- la Gymnadénie odorante (Gymnadenia odoratissima*),

- le Limodore à feuilles avortées (Limodorum abortivum*),

- l'Orchis brûlé (Orchis ustulata*),

- l'Ophrys araignée (Ophrys sphegodes*),

- la Marguerite de Saint-Michel (Aster amellus*),

- la Germandrée des montagnes (Teucrium montanum*).

La dernière, la Pyrole à feuilles rondes (Pyrola rotundifolia*), est caractéristique des forêts calcicoles froides.

La végétation possède, en plus de ces espèces protégées, un nombre important de taxons rares ou peu communs en Picardie. Les Orchidées, entre autres, sont très nombreuses sur les pelouses.

La faune possède aussi plusieurs espèces rares en Picardie telles que le Cordulégastre annelé (Cordulegaster boltonii), dont les gîtes larvaires sont situés sur les ruisselets tuffeux.

Plusieurs papillons thermophiles et très localisés en Picardie fréquentent aussi ces milieux, papillons parmi lesquels : l'Azuré des Coronilles (Plebeius argyrognomon) et l'Hespérie des Sanguisorbes (Spialia sertorius).

On observe aussi un cortège d'orthoptères thermophiles, dont l'espèce la plus remarquable est le Grillon d'Italie (Oecanthus pellucens). Cette station est située sur les marges nord-ouest de sa répartition en France. On peut enfin remarquer une importante population de Mante religieuse (Mantis religiosa), espèce thermophile en limite nord-ouest de répartition.

FACTEURS INFLUENCANT L'EVOLUTION DE LA ZONE

Les pelouses calcicoles de ce périmètre ont été parcourues, par le passé, par des troupeaux de moutons. Selon M. BOURNERIAS, elles étaient constituées, vers 1950, d'un gazon dense à Laîche pied-d'oiseau (Carex ornithopoda*) presque aussi abondant que le Brachypodium pinnatum. L'abandon du pâturage a entraîné une modification progressive de la structure de la végétation. Ces pelouses tendent actuellement à être dominées par le Brachypodium pinnatum et l'on observe une nette colonisation par les arbustes du pré-bois calcicole.

Un cheminement pédestre traverse la pelouse du « Vieux Laon ». Aucun effet dommageable n'en est pourtant constaté au niveau des pelouses. Une augmentation de la fréquentation pourrait cependant être la source de dégradations des milieux naturels si leur valeur patrimoniale n'était pas (ou mal) perçue par le public l'empruntant.

On observe, sur les marges du « Bois des Commandes », différentes sources d'altération des milieux : des traces de feux, de nombreux déchets de pique-nique (bouteilles, matériaux divers, papiers, ..). Les milieux touchés de façon prioritaire sont les fragments de pelouses calcicoles et les ourlets thermophiles. Ce comportement, s'il venait à se généraliser, serait très certainement un facteur aggravant dans le processus général de baisse de la biodiversité.

N.B. : les espèces dont le nom latin est suivi d’un astérisque sont légalement protégées.

Commentaires sur la délimitation

Le périmètre englobe un ensemble de milieux remarquables : pelouses calcicoles, hêtraie thermo-calcicoles, marais infra-forestier.