ZNIEFF 220014517
MONTAGNE DES BIARTS ET CUESTA DU HAUT BOUIN

(n° régional : 02LAN118)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

La zone comprend une assez grande butte boisée, installée sur différents terrains de l'Eocène. Cette diversité géologique est à l'origine d'une certaine organisation de la végétation. Les différentes invaginations de la côte déterminent une variété de conditions climatiques qui contribue à façonner la structure de la végétation. On observe des formations végétales acidoclines dans les bas de pente. La chênaie à Myrtille est sans doute la plus caractéristique mais l'on observe aussi des fragments de pelouses acidoclines, parfois enrichies en bases par apports de solifluxion, le long des routes, au bord des talus et sur les affleurements sableux.

La hêtraie est assez largement représentée mais on remarque également des boisements de pente de type frênaie-érablière, des éléments de chênaie-charmaie ou de chênaie-frênaie. Les lisières thermophiles permettent le développement d'éléments de pelouses calcicoles et de hêtraies thermocalcicoles. Les boisements, en versants nord, présentent de grands peuplements de fougères et des fragments d'aulnaie-frênaie se développent dans les vallons frais. A noter la présence de plusieurs marais infra-forestiers alcalins à tuf relativement terreux. Des petits ruisseaux prennent naissance au niveau de ces marais.

INTERET DES MILIEUX

Présence d'une chênaie acidophile relativement étendue et possédant plusieurs espèces rares à l'échelle régionale. Ce type de milieux est très localisé en Picardie. La forêt est relativement diversifiée, phénomène qui contribue à la richesse patrimoniale de la zone.

Les lambeaux de pelouses acidoclines représentent des milieux en voie de raréfaction dans l'ensemble du bassin Parisien.

Les ourlets thermophiles, à caractère montagnard, abritent plusieurs espèces rares et des petites pelouses calcaricoles.

On remarque la présence de plusieurs marais infra-forestiers alcalins de pente, avec formation de dépôts tufeux et cortège floristique remarquable, en raison de la présence de plusieurs milieux rares caractéristiques (Moliniaie-Schoenaie). Ce type de milieux, d'origine médio-européenne, est extrêmement rare en Picardie.

Des petits ruisseaux prennent leur naissance au niveau des marais infra-forestiers et constituent l'habitat larvaire de plusieurs insectes rares dans la région.

INTERET DES ESPECES

Plusieurs espèces végétales protégées sont répertoriées :

- la Marguerite de Saint-Michel (Aster amellus*),

- la Laîche pied-d'oiseau (Carex ornithopoda*),

- la Phalangère rameuse (Anthericum ramosum*),

- la Gentiane pneumonanthe (Gentiana pneumonanthe*),

- la Nivéole printanière(Leucojum verum*).

Les trois premières espèces sont caractéristiques des pelouses thermophiles calcicoles, alors que la Nivéole est une espèce des forêts froides.

Présence de nombreuses autres plantes rares en Picardie.

Au niveau des marais alcalins :

- la Laîche bleuâtre (Carex panicea),

- le Cirse anglais (Cirsium dissectum),

- le Prunier à grappes (Prunus padus),

- le Schoin noir (Schoenus nigricans).

De remarquables stations de Daphné mézéréon (Daphne mezereum), au niveau des ceintures buissonnantes des marais, sont notées.

Dans le sous-bois :

- la Mélique penchée (Melica nutans),

- le Polystic à soies (Polysticum setiferum),

- le Polystic à aiguillons (Polysticum aculeatum),

- le Dryoptéride de Borrer (Dryopteris affinis ssp. borreri),

- la Myrtille (Vaccinum myrtillus).

Cette dernière espèce forme de remarquables peuplements et caractérise, en compagnie du Maïanthème (Maianthemum bifolium), la chênaie acidophile.

Les ourlets sableux abritent la rare Saxifrage granulée (Saxifraga granulata).

La Campanule à feuilles de pêcher (Campanula persicifolia), le Bugle de Genève (Ajuga genevensis) et la Valériane des collines (Valeriana wallrothii) caractérisent, pour leur part, les ourlets thermophiles calcicoles.

On note une petite liliacée, plus fréquente dans les forêts fraîches d'Europe centrale et méridionale : la Scille à deux feuilles ( Scilla bifolia).

On remarque aussi l'existence d'une libellule rare en Picardie, le Cordulégastre annelé (Cordulegaster boltonii) ainsi que celle d'un névroptère, l'Hémérobe aquatique (Osmylus fulvicephalus). Ce dernier apparaît relativement abondant au niveau des ruisselets sortant des petits marais infra-forestiers. Electrogena quadrilineata est un éphéméroptère peu connu en France.

Un papillon, très rare en Picardie et plus généralement en France, est observé sur le site : la Demi-Lune (Drymonia querna).

Deux vertébrés sont peu fréquents dans la région picarde : le Pic noir et le Muscardin.

FACTEURS INFLUENCANT L'EVOLUTION DE LA ZONE

Cette zone présente une assez bonne stabilité dans le temps. Les ourlets thermophiles sont toutefois soumis à une réduction de leur surface en raison des atteintes portées par l'entretien mécanique des lisières situées au contact des cultures.

Les marais infra-forestiers présentent une dynamique végétale qui tend à supplanter les groupements plus ouverts, comme la Schoenaie. Les raisons de cette évolution, probablement liée avec le débit de la nappe, sont mal cernées.

L'extension des coupes rases de la forêt pourrait être un facteur pénalisant la valeur patrimoniale de la zone mais elles sont actuellement limitées.

N.B. : les espèces dont le nom latin est suivi d’un astérisque sont légalement protégées.

Commentaires sur la délimitation

Le périmètre englobe un ensemble boisé représentatif de la bordure orientale de la côte de l'Ile-de-France, comprenant des milieux naturels rares en Picardie.