ZNIEFF 220120018
VALLÉE DU DOLLOIR

(n° régional : 02BRI202)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Le site comprend les vallées du Dolloir et de ses affluents (au nombre de six), ainsi que quelques terrains du plateau en connexion avec la vallée.

La vallée est assez encaissée dans sa partie aval. Les versants exposés à l’est et au nord sont essentiellement boisés, tandis que les versants sud sont couverts par des vignes, des petits bois et des pelouses. Des prairies, accueillant parfois des vergers de hautes tiges relictuels, persistent encore.

Les hauts de versant reposent sur les calcaires de Saint-Ouen, tandis que les terrains en contrebas sont basés sur les sables et les grès de l’Auversien, colluvionnés d’éléments provenant des couches supérieures.

Sur le versant exposé au sud de l’éperon formé à la confluence des vallées du Dolloir et de la Marne, reposent les pelouses de Chézy-sur-Marne. Malgré leur superficie réduite, elles sont d’un intérêt exceptionnel en Picardie. Une partie du site est occupée par des pelouses-ourlets du Coronillo-Brachypodietum et, dans une moindre mesure, par des pelouses rases entretenues par les lapins.

Les boisements du fond de vallée se rapprochent de la chênaie-frênaie continentale (Fraxino-Quercion roboris), voire, localement, de la frênaie nitrophile à Aegopode. Sur les pentes, c’est le Carpinion qui domine, avec des nuances dans les cortèges, en fonction de l’exposition et de l’aridité des sols.

Le Dolloir est un cours d’eau de première catégorie, présentant une grande diversité de types de fonds, grâce à l’alternance de séquences rapides et lentes. Les banquettes alluviales du ruisseau sont encore bien conservées. Le Dolloir est l’un des cours d’eau les mieux conservés de l’Aisne : il a en effet subi peu d’atteintes dans son fonctionnement et dans la qualité de ses eaux.

La vallée du Dolloir est typique des petites vallées de la Brie picarde, aussi bien dans sa structure que dans les milieux qu’elle accueille. Ces vallées représentent des enclaves dans les plateaux cultivés, où se maintiennent des pratiques agricoles, des paysages, des milieux et des espèces en voie de disparition.

La ZNIEFF de type II comprend deux ZNIEFF de type I :

- Coteau de Chézy-sur-Marne

- Cours du Dolloir et de ses affluents.

INTÉRÊT DES MILIEUX

Cette zone fait partie de la Brie picarde, une région marquée par des influences climatiques particulières, de caractère à la fois méridional (très net sur les pelouses calcaires) et continental (sensible dans la végétation des fonds de vallée).

Les principaux milieux intéressants sont les suivants :

- milieux aquatiques diversifiés, avec des zones graveleuses non colmatées et des eaux fraîches d’assez bonne qualité, présentant de très nombreuses zones de frayère pour la Truite (Salmo trutta fario) ;

- boisements psychrophiles subcontinentaux des fonds de vallon, très originaux pour la Picardie, à rapprocher de l’Aconito vulpariae-Quercetum roboris, décrit dans l’est de la France, avec lequel ils partagent plusieurs espèces caractéristiques ;

- pelouses rases thermocontinentales des sols squelettiques nus, presque uniques en Picardie.

- pelouses situées à l’insertion du domaine atlantique dégradé et du domaine précontinental, présentant une combinaison de flore (présence à la fois d'Helianthemum nummularium nummularium et de Linum leonii) procurant un intérêt biogéographique notable au site.

- pelouses-ourlets du Coronillo-Brachypodietum, bien représentées dans le Tertiaire parisien, mais peu fréquentes ailleurs en Picardie.

Le bassin du Dolloir constitue un élément-clé de la restauration des peuplements salmonicoles du sud de l’Aisne.

INTÉRÊT DES ESPÈCES

Dans le cours d’eau :

- la Truite fario (Salmo trutta fario), rare en tant que reproductrice, dont les populations sont ici naturelles ;

- le Chabot (Cottus gobio), espèce assez répandue mais typique de la zone à Truite et qui présente ici des densités remarquables ;

- le Cordulegastre annelé (Cordulegaster boltonii), rare en Picardie.

Sur les banquettes alluviales :

- la Clandestine écailleuse (Lathraea squamaria*), rare et vulnérable en Picardie ;

- l’Anémone fausse-renoncule (Anemone ranunculoides), typique des vallons aux ambiances froides.

Sur les pelouses :

- le Lin de Leo (Linum leonii), exceptionnel en Picardie, marquant les influences continentales qui baignent le site ;

- la Germandrée des montagnes (Teucrium montanum*), surtout présente en Picardie dans le Tertiaire parisien ;

- la Mante religieuse (Mantis religiosa), élément méridional rare en Picardie ;

- la Cigale des montagnes (Cicadetta montana), élément méridional qui atteint sa limite nord-ouest de répartition en Picardie ;

- la Coronelle lisse (Coronella austriaca), qui fréquente les lisières thermophiles.

La vallée du Dolloir est particulièrement remarquable par ses populations de Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio) et par la présence de la Pie-grièche à tête rousse (Lanius senator), nicheuse rarissime en Picardie. Ces deux espèces sont inscrites à l’annexe I de la directive "Oiseaux" de l'Union Européenne.

FACTEURS INFLUENCANT L’EVOLUTION DE LA ZONE

- Bassin du Dolloir en conversion agricole : les prairies régressent au profit des cultures, plus sensibles à l’érosion. Ces modifications se ressentent sur les paysages, sur les milieux naturels persistant sur les versants et sur le Dolloir lui-même.

- Abandon des pratiques pastorales sur les pelouses calcaires, qui conduit à un embroussaillement rapide et à une régression des espèces liées à ces milieux.

- Abandon de l’entretien des derniers prés-vergers, menaçant le maintien de certaines espèces d’oiseaux.

- Boisements alluviaux relictuels, menacés par les emprises des villages et par la populiculture.

- Pollution diffuse d’origines agricole et urbaine, accentuant les risques d’eutrophisation.

- Régression des surfaces en pelouse, grignotées par le vignoble.

- Appauvrissement des pelouses calcicoles au contact des vignes (traitements à l'aide de produits phytosanitaires).

- Entretien régulier du talus de la Dhuys, très favorable à la flore pelousaire.

- Impact des lapins sur la végétation, permettant le maintien de zones de pelouses rases originales.

- Surfréquentation des espaces pelousaires entraînant des destructions directes sur la faune, la flore et les milieux (piétinement, feux, pratique du moto-cross...).

- Orientation de la sylviculture vers des essences dont la plantation se fait au détriment des milieux existants (pins).

N.B. : les espèces végétales dont le nom latin est suivi d’un astérisque sont légalement protégées.

Commentaires sur la délimitation

Le site comprend la vallée du Dolloir et de ses affluents principaux. L'intégralité des versants des vallées est prise en compte jusqu'à la convexité sommitale. Quelques cultures et des villages sont inclus pour respecter la logique de délimitation du territoire. D’une façon générale, la convexité sommitale des versants est choisie comme limite du site.