ZNIEFF 220220011
BOIS DE LA HERGNE

(n° régional : 02BRI113)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Le « Bois de la Hergne », sur la rive droite de la Marne, est installé sur un éperon saillant du plateau de la Brie. Il se situe sur le versant exposé à l'ouest d'un vallon dans lequel coule un ru qui se jette dans la Marne, en aval de la ville de Saulchery. Le plateau, non inclus dans la zone, est installé sur les limons et constitué de cultures intensives, tandis que l'essentiel des coteaux exposés au sud est occupé par les vignobles de Champagne.

La toposéquence, du haut vers le bas du versant, est typique de la région naturelle de la Brie.

En haut de versant, les calcaires de Brie et les argiles à meulière déterminent des niveaux imperméables acides où stagnent les eaux. Ces niveaux s'expriment sur la partie sommitale du bois. Les groupements végétaux correspondants sont ainsi nettement acidoclines à acidophiles. Le boisement dominant est constitué d'une chênaie acidophile (Querco-Betuletum), dans les parties les plus acides, et d'une hêtraie (Lonicero-Fagetum) dans les parties acidoclines. Les layons forestiers, lorsqu'ils sont engorgés en eau, présentent une flore acidophile hygrophile, notamment le groupement à Laîche déprimée (Carex demissa) et Sieglingie (Danthonia decumbens), se rattachant au Carici demissae-Agrostietum caninae. Les parties moins engorgées en eau de ces layons sont occupées par un groupement à Scorzonère humble (Scorzonera humilis) et Tormentille (Potentilla erecta). Des mares, correspondant à des extractions de meulière situées au niveau de résurgences sur les argiles vertes du Sanoisien, abritent des ceintures d'hélophytes mésotrophes (Caricetum ripario-acutiformis et Sparganio-Glycerion fluitantis).

A mi-pente, les marnes supragypseuses et les gypses de Champigny (Ludien) déterminent des groupements moins acides et relativement frais. Le type de boisement dominant est alors une hêtraie à Jacinthe des bois, se rattachant au Hyacinthoido-Fagetum, dont le caractère frais est bien marqué par la présence d'espèces telles que l'Ornithogale des Pyrénées (Ornithogalum pyrenaicum). Au sud du bois, une chênaie-charmaie, riche en Tilleul à feuilles plates et Erable champêtre, se rapproche nettement du Tilion platyphyllis, groupement thermophile typique des versants exposés au sud dans la vallée de la Marne.

Le bas du versant est installé sur un niveau de calcaires de Saint-Ouen (Marinésien) qui détermine la présence d'une charmaie méso-eutrophe à Noisetier (Mercurialo-Carpinienion). Les bords du ru sont plus abrupts et forment, en amont, un ravin profond où se trouvent des fougères psychrophiles telles que le Polystic à aiguillons (Polystichum aculeatum).

INTERET DES MILIEUX

Les groupements forestiers les plus intéressants sont les suivants :

- chênaie acidophile (Querco-Betuletum), habitat menacé en Europe, inscrit à la directive "Habitats" ;

- hêtraie à Jacinthe des bois et Ornithogale des Pyrénées (Hyacinthoido-Fagetum), également inscrite à la directive "Habitats".

Les layons forestiers présentent également des groupements en régression en Picardie :

- le groupement à Laîche déprimée (Carex demissa) et Sieglingie (Danthonia decumbens), du Carici demissae-Agrostietum caninae ;

- le groupement à Scorzonère humble (Scorzonera humilis) et Tormentille (Potentilla erecta).

Les mares abritent des amphibiens de grand intérêt tels que le Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata), espèce très rare en Picardie.

INTERET DES ESPECES

Parmi les plantes remarquables présentes sur la zone, signalons :

- la Tulipe sauvage (Tulipa sylvestris*), espèce exceptionnelle en Picardie ;

- la Scorzonère humble (Scorzonera humilis), espèce oligotrophe acidophile, assez rare en Picardie ;

- l'Ornithogale des Pyrénées (Ornithogalum pyrenaicum), présent essentiellement dans le sud de l'Aisne, en Picardie ;

- le Polystic à aiguillons (Polystichum aculeatum), fougère assez rare en Picardie ;

- la Sieglingie (Danthonia decumbens), graminée assez rare en Picardie.

La présence du Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata), crapaud inscrit à l'annexe II de la directive "Habitats", est remarquable car il se trouve, ici, en limite nord-ouest de son aire de répartition en France.

FACTEURS INFLUENCANT L'EVOLUTION DE LA ZONE

L'absence de labourage des layons, à l'image de la gestion actuelle, est favorable à l'expression des groupements végétaux typiques de ces chemins.

De même, la préservation des mares permettra le maintien d'une faune remarquable, notamment en ce qui concerne les amphibiens.

N.B. : Les espèces végétales suivies d'un astérisque sont légalement protégées.

Commentaires sur la délimitation

Le contour de la zone englobe le bois, les lisières et fourrés attenants et exclu les cultures sommitales et les vignes sur les coteaux.