ZNIEFF 220220015
BOIS DE VÉZILLY, DE ROGNAC ET DU GRAND NICHOIR

(n° régional : 02BRI101)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Le massif forestier, situé au nord-est de la Brie picarde, est composé du « Bois de Vézilly », des bois du Petit et du Grand Nichoir et du « Bois de Rognac ». Principalement exposé au nord-ouest, il culmine à 245 m d'altitude et constitue une barrière mésoclimatique déterminant la présence de groupements végétaux submontagnards à subcontinentaux.

Le « Bois de Vézilly » est installé sur un versant exposé essentiellement au nord, dominant un talweg dans lequel coule un ru. Ce bois repose sur des limons de plateau, ainsi que sur des argiles et des meulières de Brie (Sannoisien), entaillés par des rus intermittents s'écoulant sur un lit de meulières de Brie fragmentées (groupement bryophytique des Brachythecietalia plumosi typique de la Brie). L'essentiel du boisement est constitué par :

- une chênaie-charmaie (Carpinion betuli), en futaie très bien structurée, présentant de nombreux chablis, dans les parties les plus fraîches et dans les deux-tiers inférieurs du versant ;

- une chênaie-hêtraie acidocline à Grande Luzule (Luzula sylvatica), à rattacher à l'Ilici-Fagion, dans le haut du versant, sur les limons.

Les bois du Petit et du Grand Nichoir ainsi que le « Bois de Rognac » présentent la même toposéquence, les groupements forestiers étant cependant mieux conservés et mieux structurés dans les bois du Petit et du Grand Nichoir. Du haut en bas du versant, les groupements, dont on trouvera la description ci-dessous, ont été observés.

En haut de versant, les calcaires de Brie et les argiles à meulière déterminent des niveaux acides. Ces niveaux s'expriment sur la partie sommitale des bois, les groupements végétaux correspondants étant nettement acidoclines à acidophiles. Le boisement dominant est constitué d'une chênaie-hêtraie (Lonicero-Fagetum) au caractère submontagnard marqué par la présence du Houx et de la Grande Luzule. Les parties les plus humides, même fortement drainées, sont occupées par une chênaie hygrophile acide à Molinie (Querco-Molinietum). Les layons forestiers, lorsqu'ils sont engorgés en eau, présentent des groupements acidophiles hygrophiles, se rattachant, pour certains, au Carici demissae-Agrostietum caninae. Des trous correspondants à des extractions de meulière et des fondrières abritent une faune batrachologique diversifiée.

A mi-pente, les marnes supragypseuses et les gypses de Champigny (Ludien) sont occupés par des groupements moins acides et relativement frais. Le type de boisement dominant est alors une hêtraie à Jacinthe des bois, se rattachant au Hyacinthoido-Fagetum, dont le caractère frais est bien marqué par la présence d'espèces telles que l'Ornithogale des Pyrénées (Ornithogalum pyrenaicum).

Au niveau des marnes du Ludien inférieur, des résurgences d'eau déterminent ponctuellement la présence d'une frênaie mésotrophe à Laîche pendante (Carex pendula), à rattacher au Carici remotae-Fraxinetum.

Le bas du versant est installé sur un niveau de calcaires de Saint-Ouen (Marinésien) occupé par une mosaïque de charmaie mésotrophe (Mercurialo-Carpinion) et de hêtraie à Jacinthe des bois (Hyacinthoido-Fagetum), en fonction de la teneur en éléments nutritifs du sol et du traitement forestier.

INTERET DES MILIEUX

Les groupements forestiers les plus intéressants sont les suivants. Ils sont inscrits à la directive "Habitats" de l'Union Européenne :

- hêtraie à Grande Luzule (Luzula sylvatica), de caractère submontagnard (Ilici-Fagion), habitat menacé en Europe ;

- chênaie hygrophile acide à Molinie (Querco-Molinietum) ;

- hêtraie à Jacinthe des bois (Hyacinthoido-Fagetum) et à Ornithogale des Pyrénées (Ornithogalum pyrenaicum).

Les layons forestiers accueillent également des groupements en régression en Picardie tel que le groupement du Carici demissae-Agrostietum caninae.

Le ru intermittent du bois de Vézilly est remarquable par la présence de groupements bryophytiques des Brachythecietalia plumosi, localisés en Picardie aux régions naturelles du Valois et de la Brie.

INTERET DES ESPECES

Parmi les plantes de grand intérêt présentes sur la zone, signalons :

- le Gnaphale jaunâtre (Gnaphalium luteoalbum*), très rare et vulnérable en Picardie ;

- le Gypsophile des moissons (Gypsophila muralis), exceptionnel en Picardie ;

- l'Ornithogale des Pyrénées (Ornithogalum pyrenaicum), présent essentiellement dans le sud de l'Aisne pour la Picardie ;

- la Grande Luzule (Luzula sylvatica), espèce oréo-atlantique, assez rare en Picardie.

La faune du site est tout aussi remarquable. Les espèces suivantes ont été observées :

- le Triton crêté (Triturus cristatus), espèce menacée en Europe et inscrite à l'annexe II de la directive "Habitats" ;

- le Pic mar (Dendrocopos medius), espèce inscrite à la directive "Oiseaux" ;

- le Busard Saint-Martin (Circus cyaneus), espèce vulnérable en Europe, inscrite à la directive "Oiseaux".

FACTEURS INFLUENCANT L'EVOLUTION DE LA ZONE

L'absence de labourage des layons, à l'image de la gestion actuelle dans le « Bois du Petit Nichoir », est favorable à l'expression des groupements végétaux typiques de ces chemins.

La gestion sylvicole du « Bois de Rognac » ne permet pas aux groupements végétaux d'exprimer leurs potentialités. En effet, les sous-bois sont fortement envahis par les ronces.

Le haut du « Bois du Grand Nichoir » et le plateau de Rognac sont fortement drainés et partiellement plantés de peupliers.

Le respect des mares de meulière, notamment en évitant de les remplir avec des résidus de houpiers, garantira le maintien d'une faune batrachologique variée.

La poursuite de la gestion en futaie jardinée du « Bois de Vézilly » assurera le maintien de ces boisements les mieux structurés et pérennisera une structure favorable à l'avifaune.

N.B. : Les espèces végétales dont le nom est suivi d'un astérisque sont légalement protégées.

Commentaires sur la délimitation

Les contours de la zone englobent les bois les moins artificialisés et les lisières attenantes.