ZNIEFF 220420007
COTEAUX DE MÉRARD ET DE CAMBRONNE-LES-CLERMONT

(n° régional : 60CLE108)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Le site est situé entre Cambronne-les-Clermont et Mérard. Il s'étire sur des versants raides surplombés par l'affleurement de l'épais banc de calcaire lutétien. Sous ces calcaires sont disposés, de haut en bas, les sables cuisiens, puis les argiles sparnaciennes.

Les sols y sont maigres, voire squelettiques, sur les dalles calcaires. Les affleurements de sable cuisien, sous les calcaires lutétiens, génèrent des sols calcaro-sableux.

L'occupation du sol est majoritairement forestière, avec une mosaïque de hêtraies de pente (Cephalanthero-Fagion), de plantations de pins et de chênaies-charmaies en haut de versant (Mercurialo-Carpinion), de petites chênaies pubescentes claires (Quercion pubescentis), et de frênaies-acéraies de pente sur les versants frais.

Plusieurs espaces de pelouses calcicoles subsistent sur les rebords caillouteux du haut de versant, ainsi qu'en lisière des bois. Les plus remarquables sont situées dans ou aux abords de la Vallée Monnet, dans la forêt communale de Cambronne-les-Clermont notamment.

Ces pelouses sont rattachées provisoirement au Festuco lemanii-Anthyllidetum vulnerariae, ou au Veronico scheereri-Koelerietum macranthae pour les pelouses sur sables calcaires.

Sur les écorchures et les affleurements sablo-calcaires se trouve une végétation pelousaire pionnière de l'Alysso-Sedion.

La forêt envahit le pourtour de ces espaces ouverts : les buissons (prunelliers, aubépines, cornouillers, troènes, viornes, pruniers de Sainte-Lucie... : alliance du Berberidion) gagnent sur la pelouse. A terme, une hêtraie thermocalcicole (Cephalanthero-Fagion accompagné d'éléments du Quercion pubescentis) s'installe durablement.

En fond de vallon se développe un petit marais tuffeux, alimenté par le petit ru de Boisicourt. Ce dernier est issu des sources (la Fontaine Loget), liées à la nappe soutenue par les argiles sparnaciennes.

INTERET DES MILIEUX

Les pelouses calcicoles et calcaro-sabulicoles, les ourlets et les bois thermocalcicoles sont des milieux rares et menacés en Picardie et dans tout le nord-ouest de l'Europe, de même que les bas-marais alcalins à Choin noirâtre. A ce titre, ces milieux sont inscrits à la directive européenne sur les Habitats.

En Picardie, à la suite des évolutions de l'économie agricole, les surfaces de pelouses ont été divisées par vingt environ en un siècle.

Ces milieux abritent une flore et une faune précieuses, comportant plusieurs espèces rares et menacées.

INTERET DES ESPECES

On note, entre autres, les taxons suivants, assez rares à rares en Picardie :

- l'exceptionnel Orchis brûlé (Orchis ustulata*), dont c’est ici la seule station connue de l’Oise;

- les Orchis singe et militaire (Orchis simia, O. militaris) ;

- la Germandrée des montagnes (Teucrium montanum*), sur les écorchures ;

- le Polygale chevelu (Polygala comosa*) ;

- l'Orobanche sanglante (Orobanche gracilis) ;

- le Chêne pubescent (Quercus pubescens) ;

- le Bugle de Genève (Ajuga genevensis) ;

- la Pulsatille commune (Pulsatilla vulgaris) ;

- le Thésion couché (Thesium humifusum) ;

- l'Euphorbe de Séguier (Euphorbia seguieriana) ;

- le Tétragonolobe siliqueux (Tetragonolobus siliquosus) ;

- la Koélérie grêle (Koeleria macrantha), typique des pelouses calcaro-sabulicoles ;

- la Céphalanthère à grandes fleurs (Cephalanthera damasonium) ;

- l'Epipactis rouge foncé (Epipactis atrorubens) ;

- le Lin à feuilles ténues (Linum tenuifolium) ;

- l'Ibéride amer (Iberis amara) ;

- l'Actée en épis (Actaea spicata), dans les bois frais de pente nord ;

- la Phléole de Boehmer (Phleum phleoides)...

Dans le marais se trouvent :

- le Laiteron des marais (Sonchus palustris),

- le très rare Choin noirâtre (Schoenus nigricans).

La faune comprend les espèces suivantes :

- le Pic noir (Dryocopus martius), inscrit en annexe II de la directive "Oiseaux" de l'Union Européenne, qui fréquente notamment les hêtraies, ainsi que les rares Torcol fourmilier (Jynx torquilla) et Bruant zizi (Emberiza cirlus) sur les lisières thermophiles ;

- plusieurs lépidoptères remarquables, inféodés aux pelouses thermophiles : le Fluoré (Colias australis), l'Azuré bleu-céleste (Lysandra bellargus) et l'Azuré bleu-nacré (Lysandra coridon) ;

- le rare Lézard agile (Lacerta agilis), inscrit en annexe IV de la directive "Habitats", et le Lézard des murailles (Podarcis muralis) ;

- la discrète Coronelle lisse (Coronella austriaca) ;

- le Triton alpestre (Triturus alpestris) ;

- la Grenouille agile (Rana dalmatina), également inscrite en annexe IV de la directive "Habitats".

D'autres espèces végétales et animales restent très certainement à répertorier.

FACTEURS INFLUENCANT L'EVOLUTION DE LA ZONE

La problématique principale de ces coteaux tient dans l'envahissement progressif des ligneux. Les dernières pelouses ouvertes sont menacées par l'extension des stades préforestiers.

Il s'ensuit une perte de diversité biologique importante. Les pelouses possèdent une flore et une faune spécifiques, qui tendent actuellement à disparaître, en dehors des zones grattées et broutées par les chevreuils et les lapins.

Les plantations de résineux (ou de feuillus) conduisent à la même banalisation, à la fois biologique et paysagère.

Des coupes circonstanciées (tous les cinq ou dix ans par exemple, en exportant les produits de la coupe), des arbustes envahissants autour des dernières pelouses et sur les lisières encore herbacées, seraient donc souhaitables.

N.B. Les espèces dont le nom est suivi d'un astérisque sont légalement protégées.

Commentaires sur la délimitation

Les contours du site englobent les milieux forestiers et pelousaires qui concentrent les habitats, la flore et la faune remarquables.

Les cultures sont évitées.