DESCRIPTION
Le Bois Houtelet est situé dans le Vexin picard méridional, en amont de la vallée du Ru de Valécourt, affluent du Cugnon, à proximité du hameau de Valécourt.
Cette petite vallée s'encaisse assez profondément dans l'épais banc de calcaire lutétien, comme l'ensemble des vallées inscrites dans le plateau du Vexin. Elle suit globalement une orientation ouest-est.
Les roches affleurantes dans la vallée sont, de haut en bas :
- les limons de plateau, localement mêlés aux sables auversiens ;
- les calcaires lutétiens, qui forment le soubassement du plateau du Vexin ;
- les sables cuisiens ;
- les argiles sparnaciennes.
Sur les affleurements calcaires en haut de versant, les sols sont maigres, voire squelettiques. Les affleurements de sables cuisiens sous les calcaires génèrent des sols calcaro-sableux.
Les anciennes activités de pâturage ont permis le maintien d'une végétation pelousaire au sud-est de Valécourt.
Les pelouses calcicoles, rattachées provisoirement au Festuco lemanii-Anthyllidetum vulgaris, commencent à être remplacées par une brachypodiaie (Coronillo-Brachypodietum).
Les fourrés tendent à gagner sur ces espaces ouverts et les buissons (prunelliers, aubépines, cornouillers, troènes), ferment progressivement le paysage... Une forêt à érables, à frênes, à hêtres, à tilleuls... (alliance du Lunario-Acerion) s'y installe peu à peu.
Une hêtraie thermocalcicole (Cephalanthero-Fagion accompagné d'éléments du Quercion pubescentis) se développe sur le versant sud.
En fond de vallon, des peupleraies, plus ou moins accompagnées de formations spontanées (aulnaies-frênaies de l'Alno-Padion), ont été plantées sur les sols humides.
Des carrières souterraines ont été creusées afin d'extraire des pierres de construction du banc lutétien. Elles sont aujourd'hui abandonnées.
INTERET DES MILIEUX
Les pelouses calcicoles et calcaro-sabulicoles, les ourlets et les bois thermocalcicoles sont des milieux rares et menacés en Picardie et dans tout le nord-ouest de l'Europe, de même que certains bois de pente en exposition froide. A ce titre, ils sont inscrits à la directive Européenne sur les Habitats.
Par exemple, en Picardie, à la suite des évolutions de l'économie agricole, les surfaces de pelouses ont été réduites de 95 % environ en un siècle.
De même, les cavités souterraines, suffisamment tranquilles pour abriter des dizaines de chauves-souris en hibernation, sont devenues rares dans le nord de la France.
Globalement, ces milieux abritent une flore et une faune précieuses.
INTERET DES ESPECES
Les espèces végétales les plus remarquables comprennent les taxons suivants, assez rares en Picardie, présents sur les pelouses et dans les bois thermocalcicoles :
- l'Anacamptis pyramidal (Anacamptis pyramidalis),
- le Daphné lauréolé (Daphne laureola),
- l'Epiaire des Alpes (Stachys alpina),
- la Néottie nid-d'oiseau (Neottia nidus-avis),
- l'Hellébore fétide (Helleborus foetidus).
S'agissant de la faune, les cavités abritent de nombreuses espèces de chauves-souris rares et menacées en Europe, dont :
- le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), particulièrement menacé en Europe septentrionale, ce qui confère au site un intérêt international ;
- le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrum equinum) ;
- le très rare Vespertilion de Bechstein (Myotis bechsteini) ;
- le Vespertilion à oreilles échancrées (Myotis emarginatus) ;
- le Vespertilion de Natterer (Myotis nattereri) ;
- le Grand Murin (Myotis myotis)...
La diversité spécifique (une dizaine d'espèces) est importante.
La très grande majorité des chauves-souris du nord de l'Europe connaît des chutes spectaculaires d'effectifs. Ces espèces sont très menacées, en particulier les rhinolophes.
FACTEURS INFLUENCANT L'EVOLUTION DE LA ZONE
La problématique principale de la dernière petite pelouse de la vallée tient dans le boisement progressif et naturel issu de la cessation des activités d'élevage extensif. Il s'ensuit une perte de diversité biologique importante. La flore et la faune héliophiles spécifiques tendent à disparaître sous l'embroussaillement, issu de l'extension des stades préforestiers.
La coupe circonstanciée des arbustes envahissants serait donc souhaitable sur cette dernière pelouse, avec, dans l'idéal, la restauration d'un pâturage extensif.
Les carrières souterraines étaient trop fréquemment visitées et dégradées. C'est pourquoi les entrées ont été récemment obturées, avec l'accord du propriétaire, par le Conservatoire des Sites Naturels de Picardie. Les possibilités d'allées et venues des chiroptères ont été conservées au moyen de fortes grilles aux barreaux espacés. Grâce à cette protection, les effectifs de chauves-souris en hiver ont plus que doublé en trois ans.
La conservation des paysages arborés (bois, haies, bosquets...) et prairiaux, où les chauves-souris vont se nourrir, ainsi que celle des colonies de reproduction (dans les clochers, granges, combles, vieux arbres creux...) est indispensable au maintien des populations importantes de chiroptères dans le Vexin.
Les contours du site intègrent les milieux naturels les plus intéressants pour les habitats, la flore et la faune remarquables. Les secteurs cultivés, ainsi que les habitations, sont évités.