ZNIEFF 230000295
LE LITTORAL DU HAVRE À ANTIFER

(n° régional : 7705)

Commentaires généraux

La côte d’Albâtre est un littoral exceptionnel : plus de 120 kilomètres de falaises crayeuses dont la hauteur atteint à son maximum 120 m, entrecoupées de « valleuses », ces petites vallées sèches suspendues ou brèches plus ou moins encaissées débouchant sur la mer, et de quelques basses vallées côtières drainées (Bresle, Yères, Arques, Scie, Saâne, Dun, Durdent). C’est une frange encore très sauvage, le relief imposant ayant préservé la côte de l’urbanisation dense (mais pas de quelques grands aménagements).

Les milieux naturels sont déterminés par des facteurs physiques prépondérants : les marées, une muraille de craie (apparemment homogène mais en fait très variée) surmontée d’argile à silex (due à la décarbonatation), des vents et des embruns entraînant des particularités dans la végétation (adaptations morphologiques pour supporter le vent, le sel ou la sécheresse, endémisme), un relief abrupt ou vallonné, des cavités et des drains souterrains et apparents, une érosion ancienne et contemporaine déterminée par les infiltrations pluviales, la fragilité des roches et la houle. De l’estran au sommet des falaises, la diversité des conditions de vie engendre une grande richesse floristique et faunistique. Les habitats terrestres les mieux représentés sont les pelouses aérohalines, supportant les vents et les embruns salés. Les valleuses abritent des formations arbustives, boisées et prairiales originales et variées dont quelques bois frais de ravin à fougères. Le platier héberge une flore et une faune marines spécifiques : algues, mollusques, crustacés, anémones de mer, etc. Les corniches des falaises sont l’habitat d’une avifaune riche, parfois exceptionnelle, permanente ou de passage.

Le littoral cauchois, c’est aussi un paysage unique du aux remarquables formes d’érosion dont les plus connues sont les arches et les aiguilles d’Etretat.

Ce patrimoine naturel est fragilisé par le recul inéluctable du front de falaise, très variable d’un site à l’autre, la pollution diffuse, l’aménagement lourd de sites industriels, la surfréquentation (Etretat).

Ce littoral est classé en Site d’Importance Communautaire n°FR2300139 « Littoral cauchois » du réseau Natura 2000.

Du Cap de la Hève à Antifer, le littoral est caractérisé par des falaises « au pied d’argile » en référence à la géologie particulière de ce secteur. Les terrains du Jurassique constitués d’argiles, de marnes et de sables, forment une large préfalaise affaissée en talus en avant de la falaise crayeuse dont de grands pans s’éboulent aussi.

Localement, ces argiles permettent l’émergence de petites sources pouvant donner naissance à des habitats humides comportant des espèces végétales hygrophiles telles le Tussilage ou bien la Grande Prêle (Equisetum telmateia), espèce rare.

Les pelouses aérohalines (Fétuque glauque, Anthyllide vulnéraire, Chou maraîcher, Trèfle velu, Orpin blanc, Genêt du littoral, etc.) et calcicoles (Piloselle, Chlore perfoliée, diverses orchidacées, etc.) occupent plutôt les corniches des parties hautes des falaises. Ponctuellement est présent le Séneçon blanc (Senecio helenitis subsp candidus), espèce endémique normande, très rare et protégée en ex Haute Normandie. Le sommet est peu abrupt et érodé étant donné l’importante épaisseur d’argile de décalcification. A mi-hauteur et à la base, la végétation herbacée assez dense du large talus mêle des pionnières rudérales, des plantes mésophiles, des calcicoles ; sont aussi présentes des fruticées de prunelliers, ajoncs, sureaux, frênes, saules, troènes etc. Noter encore la présence d’une espèce protégée en Normandie orientale, Orobanche picridis.

Cette végétation arbustive est largement répandue au Cap de la Hève où poussent également de nombreuses espèces naturalisées. C’est un site très attractif pour les passereaux migrateurs qui s’y installent pour une halte avant de traverser l’estuaire (Etourneau sansonnet, Pinson des arbres, Pipit farlouse, Alouette des champs, etc.). L’Epervier d’Europe, le Faucon hobereau, et le Faucon pèlerin (Falco peregrinus) -rare mais en progression-, y trouvent un terrain de chasse. La rare allouette lulu (Lullula arborea) a été observée au passage (nov 2018). Le cap est classé au titre de la loi de 1930 et de la politique départementale des Espaces Naturels Sensibles (plateau de Dollemard). Le Conservatoire du littoral en est propriétaire sur neuf hectares.

Le cordon de galets abrite l’une des très rares stations de Crambe maritime (Crambe maritima), exceptionnel et légalement protégé en France. Le Liseron des dunes (Calystegia soldanella) et le Caquillier occidental (Cakile maritima), exceptionnels, et la Cochléaire du Danemark (Cochlearia danica), très rare, sont aussi notés sur cette Znieff.

Ce sont ainsi au total plus d’une quarantaine d’espèces végétales déterminantes de Znieff qui sont présentes sur cette zone naturelle.

L’ensemble des falaises est de plus fréquenté par de nombreuses espèces d’oiseaux marins (goélands, cormorans, Fulmar boréal, Mouette tridactyle etc.).

Commentaires sur la délimitation
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