Au cœur du Parc Naturel Régional des Boucles de la Seine Normande, la Boucle d’Anneville-Ambourville abrite une vaste zone humide alluviale qui s’étire le long du fleuve entre Bardouville à l’amont et Yville-sur-Seine à l’aval. Le Bois des Nouettes est situé sur la marge de cet espace alluvial, au contact entre les hautes terrasses alluviales anciennes et les terrains alluviaux récents. Les assises géologiques sont
essentiellement caillouteuses (anciens silex de la craie transportés par la Seine) et sableuses.
Cette relique de bois alluvial est importante pour la région, dans la mesure où les forêts humides alluviales de ce type sont particulièrement rares et se réduisent comme une peau de chagrin, spécifiquement en Vallée de Seine.
Elle comporte une chênaie acidocline envahie par la Ronce (Rubus sp.) qui englobe une friche plus ou moins humide avec une cariçaie très dense. Elle était encore utilisée comme pâture mésohygrophile au début des années 1990. De nombreuses Succises des prés (Succisa pratensis), Digitales pourpres (Digitalis purpurea) et Potentilles dressées (Potentilla erecta) y subsistent dans les layons et lisières, malgré l’envahissement rapide par les Ronces (Rubus sp.) et les fourrés de Genêts à balais (Cytisus scoparius).
Une aulnaie-saulaie se développe entre la gravière et cette friche humide. Elle était autrefois tourbeuse. Elle a été dégradée par des coupes et un surpâturage mais surtout par le creusement de la gravière proche, qui a généré une baisse du niveau d’eau général dans cette aulnaie : la tourbe y a apparemment régressé en surface par minéralisation sur plusieurs dizaines de centimètres. En effet, le niveau d’eau moyen actuel de la gravière limitrophe est de un à deux mètre(s) sous l’aulnaie en été.
Des saulaies de Saule roux (Salix atrocinerea) et de Saule cendré (Salix cinerea) (alliance du Salicion cinerae) se développent sous les Aulnes (Alnus glutinosa) et les Saules blancs (Salix alba).Une petite cariçaie à Laîche des marais (Carex riparia) y subsiste (association du Caricetum ripariae), en mélange avec des mégaphorbiaies nitrophiles à Reine des prés (Filipendula ulmaria), Eupatoire chanvrine (Eupatorium cannabinum), Ortie dioïque (Urtica dioica), Liseron des haies (Calystegia sepium), Houblon (Humulus lupulus), etc. , du Calystegion sepium. Les ronces envahissent de plus en plus ces espaces dégradés.
Sur les bords de petites dépressions caillouteuses se développent des végétations hélophytiques à Plantain d’eau lancéolé (Alisma lanceolatum) de l’alliance de l’Oenanthion aquaticae regroupant les parvo-roselières pionnières.
Les espèces végétales déterminantes de ZNIEFF (statut de rareté exceptionnel à assez rare en Haute Normandie, taxons souvent menacés) sont notamment le très rare Plantain d’eau lancéolé (Alisma lanceolatum), les rares Euphorbe des marais (Euphorbia palustris) et Poirier poirasse (Pyrus pyraster), l’Epiaire des marais (Stachys palustris) et le Saule cendré (Salix cinerea), assez rares, etc.
Des affleurements de graviers humides, notamment au niveau de chemins, ont été colonisés par des centaines de pieds du très rare Gnaphale jaunâtre (Gnaphalium luteoalbum), considéré comme en danger en Haute-Normandie.
Des moissons silicicoles abritaient aux alentours, dans les années 1980, l’Arnoséride naine (Arnoseris minima), considérée aujourd’hui comme probablement disparue de Haute-Normandie. De même, l’aulnaie tourbeuse abritait l’exceptionnelle Stellaire des marais (Stellaria palustris). Des espèces pionnières des sables acides comme l’Ornithope délicat (Ornithopus perpusillus), l’Aire précoce (Aira praecox) ou la Téésdalie à tige nue (Teesdalia nudicaulis), voire les exceptionnels Corrigiole des rivages (Corrigiola littoralis) et Scléranthe annuel (Scleranthus annuus) pourraient peut-être se trouver encore sur de toutes petites surfaces.
On trouve encore le Trèfle des champs (Trifolium arvense).
Le patrimoine faunistique est limité par la petite taille (notamment pour l’avifaune) et l’abandon actuel du site qui s’embroussaille et se banalise depuis une vingtaine d’années. Seules des espèces communes ou assez communes y ont été recensées jusqu’alors. Cependant, quelques espèces d’insectes remarquables restent peut-être à découvrir.
Ce secteur a été profondément transformé par les exploitations de sables et graviers. Les plans d’eau qui en résultent sont dispersés et réaménagés de façon très variable. Ils sont essentiellement utilisés à des fins récréatives voile, pêche, etc.).
Si quelques bassins abritent certaines espèces végétales et animales intéressantes (notamment des oiseaux d’eau migrateurs et hivernants), les réaménagements effectués sont, pour la plupart, peu favorables à une flore et une faune remarquable.
Les berges très raides et rectilignes du bassin qui jouxte immédiatement le Bois des Nouettes ne présentent quasiment pas d’intérêt pour la flore et la faune. Alors que les potentialités de ces milieux aquatiques peuvent être assez élevées sous réserve de réaménagements écologiques bien pensés (berges en pentes très douces et sinueuses, îlots affleurants, hauts-fonds, aménagements de roselières, de zones de quiétude des oiseaux, mares et dépressions humides, etc.).
Ainsi, les réaménagements à venir des carrières périphériques de ce petit bois mériteraient une revalorisation écologique.