ZNIEFF 230004482
LE COTEAU DES GRANDES BRUYÈRES À SAINT-SAMSON-DE-LA-ROQUE

(n° régional : 87040004)

Commentaires généraux

Situé en rive droite de la basse vallée de la Risle, au Sud de la commune de Saint-Samson de la Roque, le vaste coteau du lieu-dit « Les Grandes Bruyères » s’étend depuis le hameau de Saint-Samson jusqu’à celui de La Roque. Il s’étage depuis le plateau jusqu’au lit majeur de la Risle, sur une centaine de mètres de dénivelé, et suit une orientation générale Nord-Ouest / Sud-Est.

Les types de boisements de feuillus, dominants sur ce versant, sont étagés de la façon suivante :

-en haut de versant, les sols très caillouteux à silex génèrent la présence de chênaies bétulaies acidophiles (associations du Querco-Betuletum albae, Mespilo-Quercetum petraeae, Dryopterido dilatatae-Quercetum petraeae…) avec quelques taches de Myrtilliers (Vaccinium myrtillus),

-quelques corniches accueillent de petites hêtraies-coudraies à Ifs (association du Taxo-Coryletum),

-en milieu et bas de versant, des chênaies-hêtraies neutrophiles ou neutrocalcicoles (différentes variantes de l’association du Daphno laureolae-Fagetum) et des Acéraies à Mercuriale (Mercurialo perennis-Aceretum campestris) se développent sur les colluvions crayeuses, avec localement des sous-bois denses à Buis (Buxus sempervirens).

Deux unités de pelouses-ourlets calcicoles subsistent à l’aval et à l’amont du site. Elles sont dominées par les ourlets denses à Brachypode penné (Brachypodium pinnatum), graminée sociale colonisatrice qui prend le pas sur les pelouses plus ouvertes à Fétuque de Léman (Festuca lemanii), Avénule des prés (Avenula pratensis) et Seslérie bleuâtre (Sesleria caerulea). D’anciennes carrières et des petites écorchures permettent tout de même le maintien de micro-faciès pionniers ras sur cailloutis à Epervière piloselle (Hieracium pilosella), Laîche caryophyllée (Carex caryophyllea), Cirse acaule (Cirsium acaule f. caulescens), Aspérule à l’esquinancie (Asperula cynanchica), Germandrée petit-chêne (Teucrium chamaedrys)…

Ces formations herbacées sèches sont de plus en plus envahies par de vastes fourrés denses (fruticées) de Cornouillers (Cornus sanguinea), Troènes (Ligustrum vulgare), Viorne lantane (Viburnum lantana), Rosier des chiens (Rosa canina), Prunelliers (Prunus spinosa), Aubépines (Crataegus monogyna), etc -groupements du Ligustro-Prunetum spinosae et/ou du Tamo-Viburnetum lantanae-. Ces fruticées envahissent aussi des petites formations à Genévriers (Juniperus communis).

Les formations de pelouses-ourlets calcicoles et de Junipéraies sont des milieux remarquables, menacés à l’échelle européenne, qui relèvent ainsi de la Directive Habitats de l’Union Européenne, de même que les hêtraies neutrocalcicoles du Daphno-Fagetum. L’ensemble de cette ZNIEFF est de ce fait intégré dans le site Natura 2000 Marais Vernier/Basse Vallée de la Risle.

Plusieurs espèces remarquables, assez rares en Haute-Normandie y ont été notées : le Muguet (Convallaria majalis) et la Garance voyageuse (Rubia peregrina), qui atteint ici sa limite nord d’aire de répartition. Les orchidées sont assez bien représentées sur les pelouses et les lisières encore ensoleillées, avec notamment l’Ophrys frelon (Ophrys fuciflora), rare et légalement protégé ; l’Orchis bouffon (Orchis morio), rare et menacé ; le Dactylorhize de Fuchs (Dactylorhiza fuchsii), assez rare ; le Dactylorhize négligé (Dactylorhiza praetermissa) ; l’Epipactide à larges feuilles (Epipactis helleborine) ; la Gymnadénie moucheron (Gymnadenia conopsea), l’Ophrys abeille (Ophrys apifera)…

De nombreuses autres espèces peu communes ont également été notées : l’Iris fétide (Iris foetidissima), le Scolopendre (Asplenium scolopendrium), le Dompte-venin officinal (Vincetoxicum hirundinaria), l’Ellébore fétide (Helleborus foetidus), la Seslérie bleuâtre (Sesleria caerulea), la Blackstonie perfoliée (Blackstonia perfoliata), l’Avénule des prés (Avenula pratensis), la Germandrée petit-chêne (Teucrium chamaedrys subsp. germanicum), la Laîche caryophyllée (Carex caryophyllea), l’Aspérule à l’esquinancie (Asperula cynanchica)…

Concernant l’avifaune, on note la présence du Pic noir (Dryocopus martius), qui fore ses loges dans de grandes futaies de hêtres, ainsi que de la Bondrée apivore (Pernis apivorus). Ces deux espèces utilisent un grand territoire et sont susceptibles de se reproduire sur le site. Elles sont inscrites à l’annexe I de la Directive Oiseaux de l’Union Européenne, bien qu’en expansion.

Les orthoptères comprennent notamment :

-sur les pelouses les plus ouvertes : le Criquet de la Palène (Stenobothrus lineatus), le Tetrix riverain (Tetrix subulata), le Criquet noir-ébène (Omocestus rufipes),

-sur les ourlets : la Decticelle chagrinée (Platycleis albopunctata) et le Phanéroptère commun (Phaneroptera falcata), assez rares, ainsi que le Criquet des mouillères (Euchorthippus declivus) peu commun en Haute-Normandie.

D’autres espèces intéressantes de l’entomofaune restent très certainement à découvrir.

Ce coteau comprend au moins deux cavités (anciennes carrières souterraines de pierre) qui abritent en hiver d‘importantes populations de chiroptères remarquables, au sein desquelles on trouve le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), le Grand Murin (Myotis myotis), le Vespertilion à oreilles échancrées (Myotis emarginatus) et le Vespertilion de Bechstein (Myotis bechsteini). Toutes ces espèces sont rares et menacées en France et en Europe, et sont de ce fait inscrites à l’annexe II de la Directive Habitats de l’Union Européenne. Les colonies de reproduction ne sont pas encore connues ; elles sont certainement localisées dans le secteur de la Basse vallée de la Risle / Marais-Vernier. Les forêts de feuillus, les lisières et les pelouses calcicoles sont très probablement utilisées comme terrains de chasse par ces espèces insectivores.

La rare et discrète Coronelle lisse (Coronella austriaca) fréquente les pelouses et lisières ensoleillées.

Les pelouses évoluent très sensiblement sous l’effet de l’embroussaillement. Sans coupe des ligneux envahissants et/ou reprise d’un pâturage extensif adéquat, ces milieux remarquables sont condamnés à disparaître à terme. Une restauration de pratiques pastorales extensives serait optimale pour maintenir la qualité biologique et paysagère de ces pelouses.

La carrière souterraine des Grandes Bruyères et les pelouses alentours font l’objet d’une protection par Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope. Dans l’idéal, la protection des cavités à chiroptères menacés au moyen de grilles blindées posées aux entrées serait intéressante. En effet, les chiroptères ont impérativement besoin de quiétude en période d’hibernation, le dérangement par des intrusions humaines intempestives leur étant très préjudiciable.

 

Commentaires sur la délimitation
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