ZNIEFF 230004512
LES LANDES DE CONTEVILLE

(n° régional : 87040005)

Commentaires généraux

Sur les contreforts sud de la basse vallée de la Risle, en limite du Parc Naturel Régional des Boucles de la Seine Normande, les landes de Conteville s’étendent en haut de versant sur la lèvre du plateau. De fortes épaisseurs de silex donnent des sols pauvres en nutriments et très acides. La végétation qui s’y développe est adaptée à ces conditions trophiques difficiles : des landes à Ericacées et Ajoncs s’y développent dans de petites clairières. Ces espèces sont favorisées par le climat assez arrosé qui baigne la basse vallée de la Risle.

Ces groupements sont en effet spécifiques des landes en climat atlantique et subatlantique doux et humide.

Ces systèmes de landes à Ericacées et Ajoncs ont été certainement façonnés par d’anciennes pratiques de pâturage. Les lieux-dits « Les Bruyères» illustrent toujours la présence de telles landes à Conteville et dans les communes environnantes, même si elle sont en train de disparaître. En effet aujourd’hui, consécutivement aux reboisements massifs en résineux et à l’abandon de ces terrains, les landes à Ericacées ne s’étendent plus que sur des timbres-postes enclavés dans des forêts maigres et des plantations de résineux.

La présente ZNIEFF regroupe trois sites de landes présentant les mêmes caractéristiques structurelles et les mêmes cortèges d’espèces remarquables, disposés sur le rebord sud de la vallée de la Risle, qui devait être autrefois couvert de landes de ce type.

Ces landes relevant des groupements mésophiles à mésohygrophiles de l’Ulicion minoris, sont dominées par la Callune (Calluna vulgaris) et la Molinie (Molinia caerulea). La Bruyère à quatre angles (Erica tetralix) y est disséminée ; l’Ajonc d’Europe forme des fourrés en périphérie ; les pieds d’Ajonc nain (Ulex minor) sont éparses et l’Ajonc de Le Gall (Ulex gallii) y est très rare.

Tout autour s’étendent des bétulaies-chênaies acidophiles paucispécifiques du Querco-Betuletum albae, qui tendent à envahir les landes. Faute d’entretien et d’utilisation pastorale, les landes sont en cours d’envahissement par la Molinie (Molinia caerulea), le Bouleau pubescent (Betula alba), la Fougère aigle (Pteridium aquilinum).

L’exceptionnel Ajonc de Le Gall (Ulex gallii), légalement protégé, le rare Ajonc nain (Ulex minor) et la très rare Bruyère à quatre angles (Erica tetralix) sont des espèces très menacées en Haute-Normandie et dans le Bassin parisien de façon plus générale.

Quelques Bruyères cendrées (Erica cinerea), peu communes, s’intercalent dans ces groupements dans des secteurs plus mésophiles.

Ces milieux ouverts et semi-boisés comportent quelques éléments faunistiques remarquables :

- parmi la dizaine d’orthoptères recensés, on trouve le Criquet des clairières (Chrysocraon dispar), assez rare, et surtout la rare Decticelle des bruyères (Metrioptera brachyptera). Essentiellement inféodée aux landes à Ericacées, elle, de ce fait, menacée dans les plaines du Bassin Parisien où ces milieux disparaissent,

- la Vipère péliade (Vipera berus), peu commune en Haute-Normandie mais au statut indéterminé dans le Livre Rouge de la Faune menacée de France, fréquente les secteurs les plus tranquilles des landes.

Ce réseau de micro-sites relictuels présente ainsi un grand intérêt écologique. Il abrite une part importante des dernières landes à Ajonc de Le Gall de Haute-Normandie et mériterait donc de bénéficier de mesures de gestion adaptées afin de bloquer la dynamique d’envahissement par les ligneux : des coupes circonstanciées des fourrés d’Ajonc d’Europe et des bétulaies envahissantes s’avèrent donc urgentes en maints endroits ; les plantations en résineux sont à éviter ; des mesures de gestion par pâturage extensif par des animaux rustiques pourraient également pérenniser ce patrimoine unique au sein du Parc Naturel Régional des Boucles de la Seine Normande.

Commentaires sur la délimitation
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