ZNIEFF 230009080
LA CÔTE DE LA ROQUETTE, LES VALLONS D'HEUQUEVILLE ET DE NOYERS

(n° régional : 8310)

Commentaires généraux

Ce vaste ensemble, constitué de deux vallons boisés reliés par des coteaux surplombant la Seine, présente des habitats diversifiés qui contrastent avec les grandes cultures l'environnant. Les coteaux présentent tous les stades d'évolution : éboulis calcaires, pelouses karstiques, pelouses à brachypode, fruticées, fourrés à buis et à genévriers, et lisières thermophiles. Cinq de ces habitats sont d'intérêt communautaire. Les bois, pour la plupart privés, sont dominés par le chêne sessile et le Hêtre, selon leur exposition et leur histoire, et offrent différents faciès : hêtraie atlantique à houx, hêtraie à Daphné lauréole, chênaie charmaie… On notera également, à la faveur de zones plus fraîches, la frênaie de ravin, un habitat communautaire prioritaire.

Cet ensemble accueille une flore et une faune diversifiées, parfois d'une grande rareté. Les coteaux présentent des atouts floristiques importants avec la présence de nombreuses espèces patrimoniales dont certaines protégées à l'échelon régional ou national. La Biscutelle de Neustrie (Biscutella neustria) est une espèce endémique localisé en vallée de la Seine et protégée nationalement. L'Epipactis brun-rouge (Epipactis atrorubens), l’Aster de la craie (Aster linosyris), l’Hélianthème blanchâtre (Helianthemum oelandicum subsp. incanum), la Gymnadénie odorante (Gymnadenia odoratissima), et la Bugrane naine (Ononis pusilla), sont des espèces protégées en Haute Normandie. La Mélique Ciliée (Melica ciliata), l'Ophrys litigieux (Ophrys araneola), et le Gaillet de Fleurot (Galium fleurotii), sont des espèces exceptionnelles à rares et ne constituent que quelques exemples parmi la quarantaine de végétaux remarquables recensés.

La faune est tout aussi riche, avec en particulier de nombreux insectes rares. L'Oedipode turquoise (Oedipoda caerulescens), le Criquet vert échine (Chorthippus dorsatus), et le Criquet des jachères (Chorthippus mollis), sont des espèces rares inféodées aux milieux secs. Une vingtaine d’espèces de papillons rares à assez rares et déterminants de ZNIEFF vivent ici, dont le Flambé (Iphiclides podalirius), le Damier de la Succise (Euphidryas aurinia)-protégé nationalement- ou encore le Zygène diaphane (Zygaena minos). Le Grand Mars changeant (Apatura iris), un papillon devenu rare, ne se maintient souvent que par la présence de grands massifs forestiers.

Plusieurs espèces remarquables d’orthoptéroïdes sont aussi recensées : Mante religieuse, Méconème fragile, Grillon d'Italie, Tétrix des carrières, ...

Ces milieux ensoleillés sont également favorables aux reptiles, et accueillent entre autres le Lézard vert (Lacerta bilineata) et la Coronelle lisse (Coronella austriaca), deux espèces localisées aux vallées de la Seine et de l'Eure.

Cet ensemble permet également l'installation de nombreuses espèces d'oiseaux, les fauvettes au niveau des fourrés, ou les pics, grimpereaux et sittelles dans les bois. Le Pic noir (Dryocopus martius) notamment, et la Bondrée apivore (Pernis apivorus), espèces inscrites à l'annexe I de la directive oiseaux, trouvent ici des territoires suffisamment grands pour leur installation. On notera également la présence du Faucon pèlerin (Falco peregrinus) qui niche en vallée de la Seine et de l'Eure, du Loriot d'Europe (Oriolus oriolus), de la Pie-grièche écorcheur, et du Rougequeue à front blanc, qui sont des espèces rares à peu communes dans la région.

Plusieurs cavités naturelles accueillent diverses espèces de chauves-souris déterminantes de ZNIEFF, dont le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum) et le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), deux espèces devenues rares dans la région et en forte régression. L'ensemble de la zone constitue également un habitat de chasse pour de nombreuses espèces de chauves-souris. Du fait de ce patrimoine écologique important, une grande partie de cette ZNIEFF est intégrée au réseau Natura 2000 au sein de la ZSC « coteaux de la Seine amont ».

Outre cette richesse patrimoniale, le site présente un intérêt paysager fort et un rôle social non négligeable avec la proximité des Andelys. Il offre de plus un rôle de régulation du facteur eau, et de protection contre l'érosion.

L'abandon du pastoralisme a entraîné une régression des pelouses calcicoles au profit d'une fruticée d’intérêt écologique moindre. Les activités touristiques et sportives entraînent également une pression parfois trop forte sur certains milieux fragiles. L'expansion de l'urbanisation pourrait constituer également un risque pour les coteaux. Les boisements ne semblent pas en danger, leur localisation sur des pentes limitant les risques de pression agricole. De nombreuses actions conservatoires sur le site ont été engagées afin de préserver ce patrimoine.

 

 

Commentaires sur la délimitation

• Le long de la Seine : retrait des habitations et calage avec les contours de la ZSC (les boucles de la Seine amont, les coteaux d'Amfreville aux Andelys - FR2300126) et de la ZI "bois et coteau des Andelys Nord".

• Le "haut" du coteau : retrait des habitations, des zones agricoles intensives et calage avec les courbes de niveau et la ZI "bois et coteau des Andelys Nord".

• Les bois : calage selon les contours des différents bois (bois de la couronne, des Hazis, de Cocherel, collet et de la roquette). À l'extrémité ouest, le bois de la Chesnaie a été limité par la route car il y a une carrière dans la partie du bois située au nord de cette route.

• Le vallon de Noyers : retrait des zones agricoles intensives et calage avec les contours des différents bois du vallon (bois de la Hogue, Guyot, du Thuit et de la Vigne, et les anciens communaux).

• Intégration de deux ZI : deux mares situées à l'ouest des bois de la Hogue (au sud de Noyers) et de Cocherel (Hameau de Roncherolles).