Cette ZNIEFF a été réduite par rapport à la zone initiale du fait de la mise en culture d'une grande partie du périmètre ou de l'absence d'intérêt particulier d'autres parties (boisements).
La zone retenue englobe une portion de la rivière et surtout une friche humide délimitée par des boisements et une culture à l'ouest.
L'intérêt de cette zone est lié principalement à la présence d'une vaste friche humide.
Celle-ci résulte très probablement d'une ancienne prairie humide qui a été abandonnée, d'où le développement très important des hélophytes, hautes plantes herbacées des zones humides. Parmi elles, on peut noter des plantes banales comme la Salicaire (Lythrum salicaria), l'Eupatoire chanvrine (Eupatorium cannabinum) ou la Lysimaque vulgaire (Lysimachia vulgaris). On remarque l'abondance de la Scrofulaire aquatique (Scrofularia aquatica) qui forme un véritable faciès sur de grandes surfaces, plus localement celle du Jonc épars (Juncus effusus) ou de grandes Laîches (Carex riparia). Quelques plantes basses de prairies humides comme la Fleur de coucou (Lychnis flos-cuculi) sont encore présentes, mais elles demeurent très peu abondantes.
L'intérêt de cette zone est dû à la présence de deux espèces déterminantes ZNIEFF qui ont été retrouvées : Le Pigamon jaune (Thalictrum flavum) et l'Euphorbe des marais (Euphorbia palustris). Ces deux plantes caractéristiques des grandes vallées sont encore présentes en quelques points, mais menacées par l'enfrichement. Il faut ajouter une autre espèce déterminante ZNIEFF, le Gaillet des fanges (Galium uliginosum) qui semble peut abondant. Une espèce déterminante n'a pas été revue, la Masette à feuilles étroites (Typha angustifolia) citée en 1986.
Cette friche humide constitue un habitat d'intérêt communautaire, la mégaphorbiaie eutrophe (n°6430, code Corine 37.7 et 37.8) dont l'intérêt est ici principalement dû au groupement à Euphorbe des marais. Toutefois, l'important développement du roseau (Phragmites auxtralis) par endroits, et surtout de l'Ortie (Urtica dioica) et de quelques autres nitrophiles comme le Cirse des champs (Cirsium arvense) tend à banaliser ce milieu qui s'enfiche. On note en effet la présence de quelques ronciers et jeunes arbres (frênes et chênes).
L'intérêt de la zone est également lié aux importants herbiers de végétation aquatique qui se développent en bordure de l'Eure. Il s'agit principalement de nénuphar (Nuphar lutea), assez rare. Ces herbiers jouent un rôle important pour la faune, en particulier la faune piscicole.
En ce qui concerne la faune, notons la présence du Fuligule morillon avec plusieurs individus. Les observations ayant eu lieu en période de nidification, la reproduction de l'espèce est possible sur le site; et ce d'autant plus qu'un cas certain a été découvert en vallée de l'Eure sur les communes d' Heudreville-sur-Eure et de Fontaine-Heudebourg en 2007 (voir ZNIEFF n°27335001 "La garenne").
Cette espèce d'origine nordique a étendue son aire de répartition en Europe occidentale, tout au long du XXème siècle, pour des raisons inconnues. Le morillon a besoin de plans d'eau riches en mollusques aquatiques et il est très sensible aux dérangements pendant la période de nidification. C'est un nicheur exceptionnel en Haute-Normandie.
La tendance actuelle à l'eutrophisation et à l'enfrichement constitue une menace sérieuse sur la pérennité de la friche humide et son intérêt. Cependant un débroussaillage permettrait de revenir rapidement à un stade antérieur.