ZNIEFF 230009170
LA VALLÉE DE LA RISLE DE BRIONNE À PONT AUDEMER, LA FORÊT DE MONFORT

(n° régional : 8600)

Commentaires généraux

Cette vaste zone localisée entre Pont-Audemer et Brionne regroupe la Vallée de la Risle, divers petits affluents et la Forêt de Montfort. Malgré une urbanisation bien développée, le site conserve un caractère sauvage, une grande richesse écologique et des qualités paysagères. La Risle et ses affluents sont en zone Natura 2000 en particulier pour sa faune piscicole et 26 ZNIEFF de type 1 ont été recensées en son sein.

Les vallons et le plateau sont dominés par des boisements. A la faveur du substrat (calcaire, argiles…), des orientations et de l'humidité s'observent divers habitats : chênaie charmaie, hêtraies ou chênaies acides, bétulaies, frênaies…mais aussi des plantations de résineux. Les bois de pentes frais abritent un cortège de mousses remarquables et rares comme Dicranium majus, Leucobryum glaucum, plagiothecium undulatum, Calypogeia mulleriana, Lepidozia reptans une hépatique et de fougères avec le Polystic à aiguillon (Polysticum aculeatum), la Dryotéride écailleuse (Dryopteris affinis), deux espèces assez rares. La grande luzule (Luzula sylvatica), la Fétuque hétérophylle (Festuca hétérophylla), le Sceau de salomon odorant (Polygonatum odoratum), la Mélitte à feuilles de mélisse (Melittis melissophyllum) sont quelques exemples de végétaux supérieurs qui s'observent dans ces bois. La Pédiculaire des bois (Pedicularis sylvatica) une espèce très rare et en liste rouge régionale a été observée au sein d'une lande à Bruyère cendré (Erica cinerea) et à Bruyère à quatre angles (Erica tetralix). Les vallons boisés et pentus restent préservés de l'urbanisation. Par contre des coupes à blanc et des plantations de résineux ont fortement modifié certains secteurs.

Le fond de vallée est composé de pâtures, de prairies humides, de jonchaies, cariçaies, magnocariçaies, roselières, megaphorbaies… délimité par des haies et avec de nombreux arbres taillés en têtard. Le bord de rivière est longé par des aulnes ou des saules et parfois des peupliers. Divers fossés, ruisselets et mares s'intercalent ça et là. Cet ensemble est morcelé avec les différents villages installés entre Brionne et Pont-Audemer, ces deux communes constituant des coupures fortes. Plusieurs grandes ballastières issues de l'extraction de matériaux altèrent le fonctionnement hydraulique de la zone. La Dactylorize négligée (Dactylorhiza paetermissa), la Cardamine amère (Cardamine amara), la Petite Berle (Berula ercta), le Pigamon jaune (Thalictrum flavum), l'Euphorbe raide (Euphorbia stricta), Souchet brun (Cyperus fuscus), Gaillet des fanges (Gallium uliginosum), Prêle des bourbiers (Equisetum fluviatile) sont quelques exemples de la flore remarquable et des nombreux végétaux déterminants référencés tout le long de la vallée. La Zanichellie des marais (Zannichellia palustris) une espèce aquatique rare s'observe au sein de certaines ballastières.

Cet ensemble accueille de nombreux oiseaux nicheurs. La Chouette chevêche (Athene noctua) profite des nombreux arbres âgés et creux. Le Martin pêcheur (Alcedo atthis) et l'Hirondelle de rivage (Riparia riaparia) trouvent dans les berges abruptes des sites pour nicher. Dans les roselières et les mégaphorbiaies s'observe le Râle d'eau (Rallus aquaticus) et diverses fauvettes paludicoles comme le Phragmite des joncs (Accrocephalus shoenobaenus). La Zone constitue également une zone de halte migratoire et d'hivernage pour de nombreuses espèces d'oiseaux. La Cigogne noire (Ciconia nigra), la Cigogne blanche (Ciconia ciconia), le Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus) sont parmi les plus remarquables, les Fuligules morillon (Aythya fuligula) et Fuligule milouin (Aythya ferina), ainsi que de nombreux oiseaux d'eau hivernent, parfois en quantité, sur les différentes ballastières.

Plusieurs cavités sont favorables à l'hibernation des chauves-souris, elles trouvent de plus au sein des bois et de la vallée des territoires favorables à leur chasse. Les arbres âgés ainsi que le bâti leur constituent des gîtes de parturition potentiels. Parmi les espèces les plus remarquables citons le Grand rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), le Murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus), le Grand Murin (Myotis myotis), le Murin de Bechstein (Myotis bechsteinii) et le Murin de Natterer (Myotis nattererii), les 4 premières étant de plus inscrites à l'annexe II de la directive habitats. Le Fond de vallée accueille également la Musaraigne aquatique (Neomys fodiens), une espèce rare et localisée en Normandie.

Plusieurs reptiles sont observés en lisière forestière et en fond de vallée, le ballast de la voie ferrée abrite notamment le Lézard agile (Lacerta agilis), qui est rare et déterminant. Plusieurs espèces de tritons, de grenouille et le crapaud commun profitent des mares et fossés pour se reproduire, les bois constituant des zones d'hivernage et de chasse. Le Triton crêté (Trturus cristatus), inscrit à l'annexe II de la directive habitat, est une des espèces qui a permis la désignation de la ZSC de la Risle et ses affluents.

Deux orthoptères déterminants, le Criquet ensanglanté (Stetophyma grossum) et le Conocéphale des roseaux (Conocephalus dorsalis) sont présents dans de nombreuses prairies humides. Parmi les lépidoptères patrimoniaux sont signalés dans des milieux frais le Cuivré fuligineux (Heodes tytinus) très rare, et l'Écaille chinée (Euplagia quadripunctaria), également inscrit à l'annexe II de la directive habitats. La Thécla du bouleau (Thecla betulae), assez rare et la Grande tortue (Nymphalis polychloros) sont liées au milieux boisés.

Les libellules trouvent ici des conditions idéales à leur développement, et quatre espèces déterminantes ont été recensées. L'Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale), une espèce rare d'intérêt communautaire et protégée au niveau national, et le Caloptéryx vierge (Caloptéryx virgo) sont inféodés aux cours d'eau. L'Agrion mignon (Coenagrion scitulum) et la Libellule fauve (Libellula fulva) qui sont rares sont plutôt liés aux eaux stagnantes.

La Risle et ses affluents constituent une Zone de Protection spéciale pour la présence de plusieurs habitats et espèces d'intérêt communautaire. Plusieurs secteurs semblent encore favorables à l'Écrevisse à pattes blanches (Austropomabius pallipes), un crustacé rare en forte régression. La Lamproie de planer (Lampretus planerii), la Lamproie fluviatile (Lampretus fluviatilis) et la Lamproie marine (Petromyzon marinus) trouvent ici des conditions favorables à leur reproduction.

Outre son intérêt écologique, la zone présente un caractère paysager remarquable avec ses grandes zones humides, son bocage et les vieux arbres têtards encore présents. Cet ensemble présente également un rôle important de régulation hydraulique.

Si les bois de pente semblent assez bien conservés et sans menace particulière, l'enrésinement de certains secteurs a modifié les conditions de milieux et entraîné la régression de certaines espèces. Le fond de vallée subit probablement les plus forte pressions avec l'extension urbaine et industrielle, le retournement des prairies et le maintien de l'activité d'extraction. Le réseau routier et sa densité sur certaine portion induisent une mortalité probablement importante pour de nombreuses espèces (amphibiens, chiroptères…). Il existe également encore de nombreuses barrières limitant la circulation des poissons migrateurs. La zone de protection spéciale et la présence d'une réserve ornithologique constituent des atouts pour l'avenir de ce site.

Commentaires sur la délimitation
Aucune information disponible