ZNIEFF 230009189
LA MOYENNE VALLÉE DE LA CHARENTONNE, LE BOIS DE BROGLIE

(n° régional : 8602)

Commentaires généraux

Située au sud de Bernay, cette ZNIEFF, se compose de deux entités bien identifiables : une vallée humide du nord au sud et, un boisement au sud-est de la zone. La vallée comprend un ensemble de milieux très diversifiés avec de nombreuses prairies de fauche et pâturées, des prairies humides dont de belles communautés à Reine des prés, quelques rares roselières, cariçaies et magnocariçaies, des vergers, des plantations de peupliers, un étang, des saulaies humides et une belle ripisylve d’aulnes et de frênes en bordure de la Charentonne. Cette rivière est d'ailleurs inscrite au réseau Natura 2000 (ZSC de la Risle, Charentonne et de la Guiel) pour sa faune piscicole en particulier.

Les prairies présentent un réseau de haies bien conservé, offrant une trame verte d’un grand intérêt pour la faune et plus particulièrement pour l’avifaune. En fonction du gradient d’humidité et de la topographie, on passe de prairies mésophiles sur les pentes à des prairies mésohygrophiles à humides en se rapprochant de la rivière. L’intérêt de ces prairies est à la fois botanique et entomologique. Les prairies humides, régulièrement inondées lors des crues de la Charentonne, abritent en effet une flore caractéristique de ces milieux, avec notamment de nombreuses espèces de plantes déterminantes: l’Achillée sternutatoire (Achillea ptarmica ), la Petite berle (Berula erecta), la Cardère poilue (Dipsacus pilosus), le Brome en grappe (Bromus racemosus), la Scorsonère humble (Scorzonera humilis), la Véronique à écus (Veronica scutellata), le Pigamon jaune (Thalictrum flavum), le Gaillet des fanges (Galium uliginosum) et la Prêle des bourbiers (Equisetum fluviatile). On citera également le rare Myosotis versicolore (M. discolor) et l’assez rare Agrostide des Chiens (Agrostis canina). Ces prairies engorgées accueillent le criquet ensanglanté (Stethophyma grossum), une espèce d'orthoptère caractéristique de ce type de milieu et déterminante.

Le long des fossés se développe une végétation d'herbes hautes (mégaphorbiaie), avec la Laîche des rives (Carex riparia), la Baldingère (Phalaris arundinacea), la Reine des prés (Filipendula ulmaria), ensemble végétal caractéristique des rives. Les mégaphorbiaies sont propices aux insectes, notamment les odonates, avec la présence de l'assez rare Caloptéryx vierge (Calopteryx virgo), une libellule déterminante, et de fauvettes paludicoles telle la locustelle tachetée (Locustella naevia) et la Rousserolle verderolle (Acrocephalus palustris). Le Faucon hobereau (Falco subbuteo), qui se nourrit notamment de libellules, est bien représentée dans la vallée de la Charentonne. D’anciennes constructions traditionnelles, servant essentiellement d’étables, offrent des potentialités d’accueil importantes pour les chiroptères et les rapaces nocturnes.

En bordure de rivière, la ripisylve d’aulnes glutineux, habitat d’intérêt communautaire, est conservée sur de longs linéaires. Les aménagements aux abords de L’étang de Ferrières-Saint-Hilaire ont permis le développement de boisement humides et de roselières d’un grand intérêt pour la faune et la flore.

On note aussi la présence d’une aulnaie humide à hautes herbes au bord du cours d’eau, une friche ponctuée de saules (Salix sp.) de type mégaphorbiaie mésohygrophile.

Cette portion de la Charentonne est particulièrement favorable au Saumon atlantique (Salmo salar) et à deux espèces de Lamproies (Lampetra planerii & Lampetra fluviatilis). Ces poissons, inscrits à l'annexe II de la directive habitats trouvent dans ce cours d'eau des frayères et des zones de maturation.

Le bois de Broglie comporte des groupements sylvatiques en mosaïque, liés à la nature du substrat, aux conditions d'hydromorphie et à la topographie : chênaie-charmaie acide et chênaie-bétulaie. L'ensemble est représentatif des forêts du sud de l'Eure, développées sur l'argile à silex. Si une grande partie du boisement est entretenue en taillis sous-futaie, on note une gestion sylvicole favorisant le chêne conduisant à de vastes futaies mono-spécifiques. Quelques zones de coupe à blanc conduisent au développement de landes à genêts et ajoncs avant le retour des chênes. Le Bois joli (Daphne mezereum) est l'un des végétaux déterminants qui s'observe dans ce bois. Un oiseau rare, l'Engoulevent d'Europe (Caprimulgus europaeus) y niche également. A noter que 6 espèces d'amphibiens ont été recensées dans ce secteur. L'ensemble de la vallée et les coteaux boisés constituent des milieux encore favorables aux batraciens, ce groupe étant très sensible à l'agriculture intensive et au réseau routier bien présent en périphérie de cette ZNIEFF.

Sur les rares versants non boisés de la vallée de la Charentonne l’inventaire floristique n’a pas permis de recenser d’espèces déterminantes et le potentiel de la zone semble faible pour ce groupe taxonomique. Concernant la faune, deux espèces de Lépidoptères déterminants ont été recensées : la Turquoise (Adscita statices) et le Gazé (Aporia crataegi).

L’ensemble de la ZNIEFF joue un rôle fonctionnel fondamental et constitue un élément de diversité régionale et une zone refuge pour la flore et la faune. Elle joue aussi un rôle de régulation du facteur eau (prairies humides), et de protection contre l'érosion (forêt et haie).

La gestion sylvicole, favorisant les futaies de chênes, conduit à un appauvrissement de l’habitat forestier et à une perte de biodiversité. De nombreux déchets sont déposés au niveau des chemins et des parkings. Au niveau de la vallée, le risque majeur est l’expansion des plantations de peupliers et la dispersion de l’habitat. De plus, de nombreux seuils et barrages limitent la libre circulation des poissons.

Commentaires sur la délimitation
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