ZNIEFF 230009241
LA FORÊT DE LA LONDE-ROUVRAY

(n° régional : 8522)

Commentaires généraux

Cette vaste znieff comprend l’ensemble du massif domanial de La Londe-Rouvray (5229 ha), les forêts départementales du Madrillet et du Bois des Pères, ainsi que des bois privés ou communaux (surtout situés sur la commune d’Orival). Elle s’étend sur les rebords du plateau du Roumois et sur le lobe convexe de la boucle de la Seine, incluant sur ses marges centrales, les falaises crayeuses d’Orival et les coteaux de Moulineaux. Bien qu’elle subisse une pression anthropique très forte (notamment un morcellement important dû aux infrastructures), cette znieff témoigne d’un grand intérêt écologique. Les substrats, les sols, les expositions, les habitats forestiers et prairiaux, la flore et la faune qui la caractérisent, présentent une grande diversité et parfois, une richesse exceptionnelle. L’altitude varie de 35m à 140m. Globalement pour l’ensemble du massif, la proportion des essences représentant le couvert végétal, est plus équilibrée que dans la plupart des autres massifs seinomarins (dans lesquels dominent le Hêtre) : Chêne 30%, Hêtre 29 %, Pin sylvestre 12 %, Autre feuillus et Charme 15 %.

 

A l’Est, les forêts du Rouvray et du Madrillet s’étendent sur les hautes terrasses alluviales de la Seine ; le substrat sablo-graveleux donne des sols filtrants, podzoliques. Jusqu’au 18ème siècle, les chênes rouvres (d’où l’étymologie de Rouvray) ou sessiles, sont tellement exploités que la forêt n’existe quasiment plus au profit de landes. A partir du 19ème siècle, la sylviculture va permettre le reboisement, surtout par des plantations de pins mais celles-ci seront victimes de nombreux incendies. Outre des peuplements de feuillus acidiphiles préservés ou reconstitués (chênaie sessiliflore, chênaie [Chêne rouge]-châtaigneraie, bétulaie), cette forêt abrite quelques habitats ponctuels remarquables, classés en znieff de type I. Il s’agit de pelouses silicicoles à végétation annuelle rare ou exceptionnelle (Ornithope délicat, Canche caryophyllée, Nard raide), de clairières et de landes (à Callune, Fougère aigle, Genêt) abritant le Lézard agile, l’Engoulevent d’Europe, des orthoptères rares (criquets, sauterelles), des mares (à Utriculaire citrine, Stratiote faux-aloès - plantes protégées, Potamot nageant, et Tritons palmé, ponctué, alpestre et crêté, Crapaud calamite). Mais ce patrimoine naturel est en survie, localisé en limites Nord de la forêt domaniale et Sud du Madrillet, confronté à une forte pression urbaine.

 

La forêt de La Londe s’étend sur le plateau entaillé par une grande et profonde vallée sèche orientée d’Ouest en Est, ramifiée en divers petits vallons secs perpendiculaires et s’ouvrant sur la Seine à Orival. Les formations superficielles sont variables, classées en deux grandes catégories : les limons en place sur le plateau et colluvionnés dans les vallons, les argiles à silex (issues de l’altération de la craie, et en mélange avec plus ou moins de limons) sur le plateau et les versants. Les assises crayeuses affleurent en limites centrales, sur les coteaux de Moulineaux au Nord, d’Orival, au Sud. Les trois grands types d’habitats forestiers présents sont la hêtraie-chênaie acidiphile à Houx, la hêtraie-chênaie mésotrophe à Jacinthe des bois et sur les versants, la hêtraie-chênaie neutrophile à calcicole à Daphné lauréole avec notamment le Buis, la Céphalanthère à grande fleur, la Mélitte à feuilles de Mélisse, le Cynoglosse diaphane (exceptionnel), le Maïanthème à deux feuilles (exceptionnel et protégé). De nombreuses mares sont présentes et certaines ont un intérêt patrimonial abritant une flore remarquable (à Laîche blanchâtre, Laîche vésiculeuse, Laîche déprimée, Utriculaire citrine, Renoncule peltée, Oenanthe aquatique, etc.). En divers endroits, des cavités abritent des chauves-souris, espèces en régression.

 

Vingt-trois znieff de type I ont été définies dans ce massif. Pour une dizaine d’entre elles, il s’agit de mares dont l’intérêt écologique est élevé, tant d’un point de vue floristique (végétation aquatique et amphibie particulière) que faunistique (accueil, zone de reproduction, zone de nourrissage d’invertébrés, de batraciens, d’oiseaux, de mammifères).

 

L’intérêt écologique particulier des Roches d’Orival a permis la création en 1988 par l’Office National des Forêts, de la Réserve Biologique Dirigée d’Orival. En effet, ce site offre une grande variété d’habitats calcicoles, déterminée par les affleurements de craie et une exposition Sud remarquable : mosaïque de pelouses (à orchidées, à orpins), landes à Genévrier, fourrés, lisières thermophiles et chênaies-hêtraies (avec le Chêne pubescent). Le site abrite une extraordinaire diversité d’espèces d’orchidées, dont une dizaine sont exceptionnelles ou très rares et légalement protégées. La faune inféodée aux habitats chauds et secs, est particulièrement bien représentée (orthoptères, dictyoptères, lépidoptères, reptiles, oiseaux, chauves-souris) et comporte des espèces exceptionnelles. Depuis 1995, le Conservatoire des sites naturels de Haute-Normandie y mène une gestion conservatoire par pâturage extensif et fauchage.

 

La présence d’habitats d’intérêt européen (hêtraie-chênaie acidiphile à houx 91.20, hêtraie-chênaie neutrophile à mésoacidiphile à Jacinthe des bois 91.30-3, hêtraies-chênaies calcicoles atlantiques à Lauréole 91.30-2) et d’espèces d’intérêt communautaire (chiroptères) ont permis la désignation de deux parties du massif forestier dans les sites d’importance communautaire n°FR2300123 « Boucles de la Seine aval » et n°FR2300125 « Boucles de la Seine amont, coteaux d’Orival », du réseau Natura 2000.

 

Par les décrets du 18 mars 1993 et du 14 septembre 2006, une grande partie du massif (2892 ha) est classée en Forêt de protection. Les objectifs de ce statut fort sont de garantir le maintien de la forêt pour :

- le bien-être des populations riveraines : rôle récréatif, rôle éducatif, rôle pour la santé, rôle paysager.

- la protection de l’environnement et des équilibres naturels, écologiques et climatiques : la conservation des sols, la préservation de la faune et de la flore, la lutte contre les incendies par l’installation de peuplements feuillus aussi résistants que possible au feu, le reboisement expérimental, la reconstitution d’un paysage forestier.

 

Commentaires sur la délimitation
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