ZNIEFF 230009250
LA FORÊT DOMANIALE DU TRAIT

(n° regional: 8506)

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Ancienne forêt ducale puis royale, la Forêt du Trait couvre aujourd’hui environ 1500 hectares, essentiellement de terrains domaniaux. Elle s’étend en bordure de la vallée de la Seine, entre les communes d’Yainville, de Duclair et de Saint-Wandrille. Elle fait partie du massif domanial du Trait-Maulévrier, vaste ensemble de plus de 3000 hectares qui englobe entités ensembles séparés par d’étroites vallées. Elle s’étire suivant un axe Nord-Ouest – Sud-Ouest, sur le coteau en rive droite de la Seine.

Son histoire est largement issue de celle des implantations humaines sur les plateaux. Les défrichements, du Néolithique à l’époque moderne, n’ont laissé à l’état de forêt que cette étroite bande développée sur la lèvre du plateau et sur les versants, principalement sur les terres les plus pauvres.

L’importante diversité géomorphologique et pédologique liée au relief varié favorise une richesse écosystémique relativement élevée.

Les principaux boisements sont des chênaies-charmaies-hêtraies neutrophiles à acidiphiles sur biefs à silex, ponctuellement mêlés de limons de plateaux, ou sur colluvions de pente.

Les groupements neutrophiles à acidiclines sur sols suffisamment riches en bases, notamment le Hyacinthoido-Fagetum sont assez développés.

Les chênaies-hêtraies et les frênaies-acéraies neutrophiles ou calcicoles sur colluvions et sur craie (Phyllitido-Fraxinetum, Mercurialo-Aceretum, Daphno-Fagetum) sont localisées sur quelques versants abrupts du massif. Des lisières calcicoles à Mélitte à feuilles de mélisse (Melittis melissophyllum) et Digitale jaune (Digitalis lutea) s’étirent en plusieurs endroits, notamment le long de la RD 982.

Les hêtraies acidiphiles à Houx (Illici-Fagetum) et les Chênaies sessiliflores à Néflier (Mespilo-Quercetum) sont bien représentées sur les sols les plus acides. Les Myrtilles (Vaccinium myrtillus) y sont localement abondantes.

Des fragments de landes à Callune (Calluna vulgaris) et Bruyère cendrée (Erica cinerea) du groupement du Calluno-Ericetum cinerae subsistent de ci de là. Les reboisements depuis le XIXème siècle les ont fait régresser ou disparaître, et elles ne subsistent plus qu’en lisière des plantations, sur les bords des chemins, dans les clairières ou dans les coupes. De vastes surfaces ont ainsi été plantées de résineux (Pin sylvestre, Epicéa, etc.), essentiellement dans la partie Sud sur les sols les plus lessivés.

Quelques mares plus ou moins tourbeuses sont disséminées. L’une d’elle, la Mare Catelière au-dessus du Trait, est reconnue comme ZNIEFF de type I. Cette mare oligotrophe abrite notamment des formations à Potamot nageant (Potamogeton natans), des herbiers à Utriculaire commune (Utricularia vulgaris), à Hottonie des marais (Hottonia palustris)… Sur les berges, la formation de radeaux de sphaignes (Sphagnum amblyphyllum) y est encore active, permettant le maintien d’une tourbogénèse (= formation de la tourbe).

De nombreuses espèces végétales très rares à assez rares et parfois menacées en Haute-Normandie sont

présentes dans les mares dont l’Hottonie des marais (Hottonia palustris), légalement protégée, l’Utriculaire commune (Utricularia vulgaris), la Laîche faux-souchet (Carex pseudocyperus), le Plantain d’eau commun (Alisma plantago-aquatica), certaines sphaignes (Sphagnum amblyphyllum notamment), etc.

Certains taxons n’ont apparemment pas été revus depuis les années 1980 comme l’exceptionnel Flûteau nageant (Luronium natans), espèce éligible au titre de la directive « Habitats », dans la Mare Catelière

S’agissant de la faune, les oiseaux comprennent notamment les Pics noir (Dryocopus martius) et mar (Dendrocopos medius), inscrits à l’annexe I de la directive « Oiseaux », le Rougequeue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus). Ces oiseaux cavernicoles fréquentent avant tout les grandes futaies âgées de feuillus (hêtres, chênes).

La Bondrée apivore (Pernis apivorus) et la Buse variable (Buteo buteo), observées de ci, de là, se reproduisent certainement dans ce massif.

Les populations de batraciens sont dépendantes des mares, mais aussi des ornières et des dépressions humides. On note la présence des trois espèces de Tritons les plus communément recensés en forêt (Triton alpestre - Triturus alpestris, Triton palmé - Triturus helveticus, Triton ponctué - Triturus vulgaris,) et de la Salamandre tachetée (Salamandra salamandra) dont les larves peuvent se compter par centaines dans certaines mares.

Les populations de grands mammifères, notamment de Cerf élaphe (Cervus elaphus) sont assez importantes. Un petit site souterrain près de Duclair abrite plusieurs espèces de chiroptères (chauves-souris) en hibernation, dont le Grand Murin (Myotis myotis) et le Vespertilion à oreilles échancrées (Myotis emarginatus), mais avec des effectifs limités. Ces deux espèces sont inscrites à l’annexe II de la directive Habitats de l’Union Européenne, du fait de leur raréfaction en Europe. De plus, le massif est certainement largement utilisé comme terrain de chasse par les chiroptères qui fréquentent ce site et surtout les sites souterrains de Saint-Wandrille et de l’Abbaye de Jumièges, assez proches.

Les insectes restent à étudier plus finement.

L’étendue du massif, les formations forestières relativement diversifiées, les quelques milieux aquatiques,

les reliques de landes et les clairières issues des tempêtes confèrent à la Forêt du Trait un intérêt écologique relativement important.

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