ZNIEFF 230014699
L'ÉTANG DE LA PIERRE BLANCHE

(n° régional : 86050030)

Commentaires généraux

L'étang artificiel, installé dans un thalweg de la forêt de Breteuil, constitue un milieu tout à fait original pour la région. Sa superficie importante et la grande tranquillité du site en font une station privilégiée pour les oiseaux d'eau, dont plusieurs espèces ont été observées (grèbes castagneux et huppé, martin pêcheur, sarcelle d'hivers, hérons, cormoran, chevaliers guignette et culblanc…). Le site permet l'accueil de l'avifaune migratrice. L'observateur de 1986 n'avait relevé aucune espèce "exceptionnelle" parmi la flore néanmoins diversifiée.

Aujourd'hui ce ne sont pas moins de 26 espèces déterminantes qui ont été inventoriées sur l'ensemble du site, dont certaines à très forte valeur patrimoniale. La végétation est étagée, par cercles concentriques depuis le cœur de l'étang jusqu'à la haute futaie de chênes qui l'entoure. C'est d'abord un herbier aquatique très développé où l'on trouve la naïade commune (Naias marina), et le cornifle sumergé (Ceratophyllum submersum), espèces rares. La seconde zone plus près du bord ne se révèle qu'en fin d'été alors que le niveau d'eau a beaucoup baissé, c'est un gazon de littorelle uniflore (Littorella uniflora) de plusieurs ares (cf. relevé CBN). C'est là un des plus grands intérêts botaniques du site. Toujours en se rapprochant du bord, fleurissant sur l'eau au printemps et s'échouant lors de la baisse du niveau, des renoncules aquatiques (Ranunculus peltatus) forment de vastes coussins sur le périmètre du plan d'eau ; ensuite une communauté de scirpe des marais constitue une ceinture en eau peu profonde, le jonc bulbeux (Juncus bulbosus), le très rare scirpe glauque (Schoenoplectus tabernaemontani) composent ce groupement amphibie des bidens y fleurissent à l'exondation. On arrive ensuite à une cariçaie/roselière, de baldingère, rubaniers, massettes, laîches accompagnés d'une flore des zones humides ; et enfin c'est une saulaie inondable qui fait la transition avec la futaie dont le gradient d'humidité diminue petit à petit. Dans une mare annexe attenante à l'étang, une importante colonie d'utriculaire citrine (Utricularia australis) offre avec les renouées aquatiques (Polygonum amphibium) une floraison spectaculaire.

Les alentours de l'étang présentent des associations végétales des sols humides acides avec le carum (Carum verticillatum), la scorzonaire humble (Scorzonera humilis), l'orchis tachetée (Dactylorhiza maculata) et le gnaphale des bois (Omalotheca sylvatica). A noter aussi la présence de la vulpie (Vulpia bromoïdes) pionnière des sable remaniés et néanmoins en fort recul. Le terre plein le long du chemin derrière le pavillon de chasse mérite aussi notre attention, un œil averti peut y voir fleurir la discrète gypsophile (Gypsophila muralis) et la salicaire à feuille d'hysope (Lythrum hysopifolia).

Le propriétaire des lieux explique que la variation du niveau d'eau, ce phénomène qui permet l'installation d'un tel cortège, est engendrée par le pompage pour l'irrigation des cultures proches. Pour conserver la tranquillité du site, il ne tient pas à ouvrir sa forêt au public en dehors des chasses organisées pour le grand gibier.

Malgré son origine anthropique, l'étang de la Pierre Blanche est un site d'exception d'une grande naturalité, son formidable cortège est toutefois menacé par l'installation de la jussie (Ludwigia urugayensis), plante invasive d'origine sud-américaine qui s'implante actuellement sur ce plan d'eau.

Commentaires sur la délimitation
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