ZNIEFF 230015798
LES PRAIRIES HUMIDES DU BUT À BARDOUVILLE

(n° régional : 85120004)

Commentaires généraux

Cette zone se situe entre la Forêt de Bardouville et la Seine, sur la frange de la Boucle d’Anneville.

Cette ZNIEFF de type I constitue une sous-unité de la vaste zone humide de la Boucle d’Anneville-Ambourville, unité écologique importante pour la région (ZNIEFF de type II). Les zones humides alluviales ont en effet fortement régressé, spécialement en Vallée de la Seine.

Son périmètre fait majoritairement partie du dispositif Natura 2000 : ZPS FR2310044 "Estuaire et marais de la Basse Seine" (directive Habitats Faune Flore) et aussi ZSC FR2300123 "Boucles de la Seine Aval" (directive Oiseaux).

Cette zone est plus ou moins inondable selon la topographie, même si les digues empêchent les crues de la Seine de recouvrir les prairies. Les inondations favorisent le développement d’habitats, d’une flore et d’une faune de grand intérêt patrimonial.

Ces terres argilo-limoneuses lourdes sur des alluvions récentes ne pouvant pas être facilement emblavées, celles-ci présentent avant tout une vocation herbagère : les prairies mésohygrophiles et hygrophiles sont valorisées par la fauche et/ou le pâturage. Certaines parcelles sont d’abord fauchées, souvent en juin, puis une mise à l’herbe des troupeaux a lieu en été. D’autres, notamment les plus facilement ressuyées, sont utilisées uniquement comme pâtures.

Les prairies de fauche mésohygrophiles relèvent, sur le plan phytosociologique, de la sous-alliance phytosociologique de l’Arrhenatherenion elatioris, et de l’alliance du Bromion racemosi. Les pâtures hygrophiles sont à rattacher à l’association phytosociologique de l’Hordeo-secalini-Lolietum perennis, classique dans ces zones alluviales.

Quelques prairies de fauche parmi les plus extensives et humides abritent le groupement à Oenanthe à feuilles de Silaus (Oenanthe silaifolia) et Séneçon aquatique (Senecio aquaticus), qui se rapporte à l’association du Senecio aquatici-Oenanthetum silaifoliae. Ce groupement devient très rare et menacé dans les vallées du Nord de la France.

Quelques dépressions pâturées abritent des groupements hygrophiles de l’Eleocharo palustris-Oenanthetum fistulosae ou de l’Alopecuretum geniculati s.-l. (alliance du Carici distichae-Oenanthion fistulosae regroupant les prairies hygrophiles longuement inondables) .

D’importants réseaux de haies vives et d’alignements de saules et frênes taillés en têtards complètent le paysage bocager. Les réseaux de fossés, mares et dépressions humides complètent cette mosaïque, avec quelques boisements, notamment de peupliers.

Parmi les espèces déterminantes de ZNIEFF (taxons exceptionnels à assez rares en Haute-Normandie) on trouve, entre autres, l’exceptionnel Jonc comprimé (Juncus compressus), les très rares Séneçon aquatique (Senecio aquaticus) et Plantain d’eau lancéolé (Alisma lanceolatum), les rares Oenanthes à feuilles de Silaus et Oenanthe fistuleuse (Oenanthe silaifolia, O. fistulosa) et Colchique d’automne (Colchicum autumnale), et les assez rares Orge faux-seigle (Hordeum secalinum), Brome rameux (Bromus racemosus), et Laîche distique (Carex disticha).

Les prairies les plus inondables et gérées de manière extensive, les dépressions et les mares, sont les milieux les plus remarquables, qui accueillent les stations d’espèces végétales les plus intéressantes.

Le patrimoine faunistique de cette zone humide est également de haut niveau, avec notamment :

-l’exceptionnel Râle des genêts (Crex crex), contacté dans les prairies de fauche les plus extensives et humides. Cet oiseau est l’un des plus rares et menacés au niveau international, ce qui lui a valu d’être inscrit sur la liste des Oiseaux en danger dans le Monde.

-la Chevêche d’Athéna (Athene noctua) ou Chouette chevêche, rare et menacée, niche dans de vieux arbres creux (saules ou frênes taillés en têtards) et chasse dans les prairies, de même que le Rougequeue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus),

-la Bondrée apivore (Pernis apivorus) chasse dans un vaste périmètre (elle niche probablement dans la forêt proche),

-le Moineau friquet (Passer montanus) assez rare dans la région, utilise notamment les milieux bocagers.

L’entomofaune mériterait des investigations complémentaires. Parmi les orthoptères, est présent le Tétrix des vasières (Tetrix ceperoi), une petite espèce cryptique très rare dans la région et les régions limitrophes, qui vit sur les vases humides au bord des mares et dépressions.

Les amphibiens comptent notamment le Crapaud calamite (Bufo calamita), particulièrement rare et menacé dans le Nord de la France.

S’agissant de l’évolution des milieux dans ce secteur, certains agriculteurs peuvent transformer les prairies humides en peupleraies, en terres à maïs, ou les abandonner. De façon générale, toute intensification agricole génère une banalisation de la flore et de la faune, en lien avec l’augmentation des intrants (engrais, produits phytosanitaires, etc.), de la pression de pâturage et/ou de la précocité des fauches.

Ainsi, un soutien aux pratiques extensives de fauche et de pâturage serait pertinent pour maintenir le patrimoine naturel du marais et soutenir son intérêt pastoral traditionnel.

Commentaires sur la délimitation
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