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Située sur la commune de Juignettes (27), en limite de région à quelques kilomètres au Sud-Est du bourg de Glos-la-Ferrière (61), cette zone correspond à une lande établie entre deux bois à la faveur d'une ligne à haute tension. L'accès s'y fait par la route D54 que l'on quitte pour rejoindre une ferme au lieu-dit du Bras de Fer. Il faut poursuivre à pied derrière la fermette et à travers champs en visant la ligne à haute tension.
Ce site sans attrait paysager est par contre d'un grand intérêt naturaliste. Il s'agit en fait d'une large travée ouverte dans les bois pour le passage de la ligne à haute tension. La portion qui nous intéresse s'étend sur 800 m de long pour une largeur d'environ 40 m. Pour entretenir la ligne, EDF effectue un broyage annuel ou pluriannuel ayant l'avantage de garder le milieux ouvert. Il se développe ainsi une lande hygrophile à molinie bleue (Molinia caerulea) en partie au calamagrostide commun (Calamagrostis epigeios). De façon régulière et à la faveur de petites dépressions apparaissent des taches de bruyère à quatre angles (Erica tetralix) et de callune (Calluna vulgaris). Notons la présence de la très rare serratule des teinturiers (Serratula tinctoria) en marge du site et d'un cortège floristique globalement hygro-acidophile représenté par la tormentille (Potentilla tormentilla), le rare scorzonère des prés (Scorzonera humilis), les très rares carvi verticillé (Carum verticillatum) et cirse des anglais (Cirsium dissectum), le polygale à feuille de serpolet (Polygala serpillifolia), la bourdaine (Frangula alnus), le saule à oreillettes (Salix aurita), l'orchis tacheté (Dactylorrhiza maculata), la luzule compactée (Luzula multiflora subsp. congesta).
La faune dévoile pas moins de 8 espèces d'orthoptères dont l'assez rare criquet des clairières (Chrysochraon dispar), et l'exceptionnel phanéroptère porte-faux (Phaneroptera falcata) sauterelle bien présente dans la moitié Est de la région Haute-Normandie mais nouvelle pour tout le pays d'Ouche. La zone est caractérisée aussi par la présence de boisements contiguës favorables aux reptiles et amphibiens. Nous avons pu y observer le lézard vivipare (Lacerta vivipara), la vipère péliade (Vipera berus), ainsi que les grenouilles verte (Rana esculenta) et agile (Rana dalmatina).
La présence de quelques dépressions humides propices à leur reproduction laisse aussi présager la présence possible de tritons et de salamandres. La situation en retrait des habitations en fait aussi un refuge pour la grande faune, chevreuils et sangliers fréquentent régulièrement la zone comme en témoignent les souilles observées. Ce site par son caractère de lisière est favorable à l'accueil d'un large spectre d'animaux et de végétaux et notamment d'espèces peu communes dans la région.
En s'inscrivant dans la plaine de culture, il représente une zone refuge pour des noyaux de populations déjà isolés. Ce contexte représente l'un des rares cas où les infrastructures de transport d'électricité ont eu comme effet secondaire la création d'un pôle de biodiversité. Le maintien de cette biodiversité est étroitement lié à la présence de l'ouvrage, et un contrat passé entre EDF et un agriculteur pourrait rapidement transformer le site en pâturage ou en culture de maïs comme c'est déjà le cas en diverses portions de cette ligne.
