Ce bois est situé sur la commune de Saint-Germain-la-Campagne, au Nord d'Orbec (14). Ce site fait donc partie des rares secteurs de l'Eure à être rattaché au Pays d'Auge.
Etabli sur un substrat calcaire, c'est une chênaie-hêtraie avec en sous-bois une forte présence de noisetiers (Corylus avellana), des espèces calcicoles comme le cornouiller sanguin (Cornus sanguinea) ou la clématite des haies (Clematis vitalba) et un tapis herbacé dense la mercuriale vivace (Mercurialis perennis).
L'intérêt de ce site réside dans la présence, au Sud-Est de la route, d'un véritable boisement à buis (Buxus sempervirens), espèce souvent ornementale mais rarement spontanée dans la région. La population y est abondante, avec des pieds âgés pouvant atteindre la taille respectable de 5 à 8 m de hauteur. La surface recouverte par cette "buxaie" âgée atteint près d'un hectare avec une nette tendance à l'extension. En effet, la présence de jeunes pieds isolés en marge du peuplement principal laisse supposer une dynamique de colonisation lente mais efficace de l'espèce.
Au Nord-Ouest du bois, on observe un îlot de sapin pectiné (Abies alba) qui peut former dans cette partie de la Normandie des populations naturelles. Le long des chemins frais, on rencontre des fougères comme le blechnum en épi (Blechnum spicant), les fougères femelle (Athyrium filix-femina) et mâle (Dryopteris filix-mas), et également la luzule poilue (Luzula pilosa).
Au Sud-Est du bois, au lieu-dit "La Fontaine Gauville", se situe une mare intéressante pour sa végétation avec notamment le potamot dense (Groenlandia densa), une plante aquatique rare dans la région dont seuls les épis émergent de l'eau à l'époque de la floraison.
Le muscardin (Muscardinus avellanarius) fréquente la lisière du bois du Hamée, comme en témoigne la découverte d’un nid vide et de noisettes rongées de façon caractéristique.
L’analyse de pelotes de réjection a également permis de mettre en évidence la présence du mulot à collier (Apodemus flavicollis). Il s’agit d’une des deux seules stations connues pour l’espèce dans l’Eure.
Mais l'intérêt principal du site est la carrière souterraine de la Fontaine Gauville qui constitue l’un des principaux sites d’hibernation à chiroptères de la partie Ouest du département de l’Eure. Le peuplement de chauves-souris qui l’occupe est à rapprocher de celui du Pays d’Auge bas-normand. Depuis 1992, l’effectif moyen observé en hibernation est de 39 individus, appartenant à 12 espèces différentes dont plusieurs espèces patrimoniales : le petit rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), le grand rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), le grand murin (Myotis myotis), le murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus), le murin de Bechstein (Myotis bechsteini), le murin de Natterer (Myotis nattereri) et la barbastelle (Barbastella barbastellus). Les animaux sont présents en période d’hibernation mais également en transit et lors des repos nocturnes. Pour le petit rhinolophe, il s’agit de l’unique site d’hibernation connu dans l’Ouest de l’Eure, la population la plus proche se situant 80 km plus à l’Est sur les coteaux du Vexin normand et en forêt de Vernon. Pour la barbastelle, il s’agit d’un des deux sites d’hibernation connus dans l’Eure, l’autre se situant à Tillières-sur-Avre, 60 km au Sud-Est. Ces deux espèces autrefois communes en Haute-Normandie jusqu’au début du XXe siècle sont au seuil de l’extinction dans la région.
L’effectif total en hibernation est stable depuis que le suivi est régulier (1992), même si les effectifs de grand rhinolophe (max. 16 ind. en 2004) et de grand murin (max. 13 ind. en 1992) semblent diminuer ces 3 dernières années, il est encore prématuré de tirer des conclusions.