Localisé au fond de la vallée de la Sainte Gertrude, en amont de la commune de Caudebec-en-Caux qui en est propriétaire, ce marais tourbeux d’environ sept hectares est bordé par deux cours d’eau, la Sainte Gertrude, et son affluent principal, l’Ambion.
Il est implanté sur des alluvions récentes et des horizons tourbeux alcalins. Ces derniers lui confèrent toute son originalité. Les marais tourbeux basiques sont en effet très rares et de plus en plus menacés en Haute-Normandie.
Situé en zone péri-urbaine, il comprend néanmoins une mosaïque d'habitats naturels très intéressants : prairies hygrophiles, mégaphorbiaies, mares, et une saulaie qui constitue l'un des rares boisements humides de la vallée.
Menacé un temps par la banalisation des cortèges liée à l'abandon et à la progression des ligneux, une grande partie de la ZNIEFF est suivie depuis 2006 par le Parc naturel régional des Boucles de la Seine Normande. Un plan de gestion a été rédigé pour la période 2016/2020. Parmi les actions engagées, le pâturage extensif par les chevaux camarguais mis en place sur certaines parties du site depuis 2006 vise à maintenir la mosaïque d’habitats et de structures de végétations diversifiées (herbacées et boisées) qui constituent l'intérêt du site.
Ces mesures doivent permettre de pérenniser les nombreuses espèces floristiques et faunistiques patrimoniales et/ou protégées ici présentes.
FLORE
Une flore caractéristique des milieux tourbeux et pionniers peut être observée. Citons en espèces déterminantes la Laîche tardive (Carex viridula), la Laîche vésiculeuse (Carex vesicaria), la Laîche à bec (Carex rostrata), la Laîche millet (Carex panicea), le Jonc à tépales obtus (Juncus subnodulosus), l’Hydrocotyle commun (Hydrocotyle vulgaris), l’Orchis négligé (Dactylorhiza praetermissa), le Gaillet aquatique (Galium uliginosum), la Berle dressée (Berula erecta), le Trèfle d’eau (Menyanthes trifoliata). Cité sur les listes rouges européenne et mondiale de l’UICN en statut de « préoccupation mineure », ce dernier est caractéristique des sols tourbeux acides à alcalins, oligotrophes à mésotrophes. Il s’avère très rare, en danger d’extinction et protégé en Haute-Normandie. Avec plus de deux cent pieds dénombrés, qui constituent la plus importante station de Haute-Normandie, le marais de Caudebec-en-Caux présente une responsabilité élevée pour la conservation de cette espèce dans la région. D'autres espèces végétales rares et menacées dans la région et liées à d'autres milieux sont aussi présentes, notamment la Prêle des bourbiers (Equisetum fluviatile) en sous-bois humide.
FAUNE
On trouve sur ce site, en matière d'invertébrés, des cortèges de zones humides intéressants car composés d'espèces rares ou en déclin dans la région. En espèces déterminantes, citons l'Agrion délicat (Ceriagrion tenellum), l’Agrion nain (Ischnura pumilio), la Libellule à quatre taches (Libellula quadrimaculata), le Sympétrum noir (Sympetrum danae) et l'Aeschne printannière (Brachytron pratense) pour les Odonates ; le Conocéphale des Roseaux (Conocephalus dorsalis), le Tétrix des vasières (Tetrix ceperoi) et le Criquet ensanglanté (Stethophyma grossum) pour les Orthoptères ; ou encore le Vertigo de Desmoulins (Vertigo moulinsiana), gastéropode lié aux zones inondées avec végétation haute (roselières, magnocariçaies…), classé vulnérable sur les listes rouges européenne et mondiale de l’UICN. En dépit de sa petite surface, ce site accueille aussi tout au long de l’année plusieurs espèces d’oiseaux typiques des zones humides. Il s’agit en premier lieu de passereaux -dont plusieurs franchement paludicoles- : Bruant des roseaux (Emberiza schoeniclus), Hypolaïs polyglotte (Hippolais polyglotta), Rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus), Rousserolle verderolle (Acrocephalus palustris). Le cours d’eau et les zones inondées en hiver accueillent d’autres espèces aquatiques, dont le Grèbe castagneux (Tachybaptus ruficollis) qui est nicheur. Le site est également fréquenté par le Râle d'eau (Rallus aquaticus), la Bécassine des marais (Gallinago gallinago), ainsi que la Bécassine sourde (Lymnocryptes minimus) et l’Aigrette garzette (Egretta garzetta).
Les deux cours d’eau présentent une population piscicole de qualité salmonicole avec la présence de Lamproie de Planer (Lampetra planeri), Chabot (Cottus gobio), Anguille (Anguilla anguilla), Truite Fario (Salmo trutta fario), Epinoche (Gasterosteus aculeatus),...
La restauration de la continuité en aval se finalisant, la présence de Truite de Mer et de Lamproie fluviatile devient potentiellement possible...