ZNIEFF 230030706
LE MARAIS DE LA VAQUERIE À VATTEVILLE-LA-RUE

(n° régional : 85070002)

Commentaires généraux

A l’aval des marais de la boucle de Brotonne s’étendent les marais de la Vacquerie, du nom du hameau situé à l’aval de Vatteville-la-Rue, en limite avec le département de l’Eure.

Ils sont implantés entre la Seine et les pentes raides du massif forestier de Brotonne, sur des terrains alluviaux récents. Ces pentes raides sont issues du travail d’érosion par la Seine.

Cette zone n’est pas endiguée : les crues du fleuve recouvrent régulièrement ces marais. Les secteurs les plus déprimés restent longtemps en eau au printemps. On y trouve ainsi des peuplements amphibies, notamment de Rorippe amphibie (Rorippa amphibia).

Ces inondations permettent la présence d’une flore et d’habitats remarquables.

L’alluvionnement lors des crues renouvelle les sols avec des apports de sables, limons, argiles, etc. sur lesquels se développe une végétation pionnière. Cette végétation est essentiellement nitrophile, du fait des fortes teneurs en nitrates des alluvions de la Seine.

Ces marais sont essentiellement occupés par des boisements alluviaux eutrophes mésohygrophiles (alliances phytosociologiques du Salicion albae et de l’Alno-Padion), dominés par les Saules blancs (Salix alba), les Peupliers grisards (Populus canescens), les Frênes (Fraxinus excelsior), les Aulnes (Alnus glutinosa), les Ormes champêtres (Ulmus campestris), etc. Les fourrés de Saules arbustifs à Saule des vanniers (Salix viminalis) et Saule à trois étamines (Salix triandra) relevant de l’alliance du Salicion triandrae, y sont également étendus, en mosaïque avec les peuplements arborés et avec quelques petites mégaphorbiaies eutrophes du Calystegion sepium.

La situation en pied de versant raide, en bordure de fleuve et en exposition froide et humide vers le Nord-Ouest, génère des conditions bioclimatiques particulières, propices au développement d’une végétation hygrophile à forte tonalité atlantique. Les pentes raides sous la RD95 comportent ainsi des frênaies-érablières-hêtraies à Buis (Buxus sempervirens), à Fragon (Ruscus aculeatus), avec des peuplements de fougères des ravins froids sur craie affleurante : Polystic à soies (Polystic etiferum), Scolopendre (Asplenium scolopendrium) [groupements proches des frênaies à Scolopendre du Phyllitido-Fraxinetum, etc.] D’importantes populations d’Ail des ours (Allium ursinum), autre espèce typique des vallons frais et humides, colorent les sous-bois au printemps.

Plusieurs espèces végétales très rares à assez rares en Haute Normandie ont été observées dans ces formations ripariales : le très rare Saule à trois étamines (Salix triandra) régulièrement rencontré dans les ripisylves relictuelles de la Seine, la rare Oenanthe safranée (Oenanthe crocata), la Cardamine impatiente (Cardamine impatiens) qui affectionne les sols sablonneux humides riches en nutriments, le Rorippe amphibie (Rorippa amphibia), etc.

Cette zone humide comprend assez peu d’éléments faunistiques remarquables, du fait de son caractère essentiellement boisé :

- le Tadorne de Belon (Tadorna tadorna), canard rare en tant que nicheur en Haute-Normandie est observé en période de nidification sur les berges, mais il ne semble pas s’y reproduire,

- des oiseaux d’eau (Anatidés, limicoles, Ardéidés, etc.) utilisent ce secteur comme halte migratoire.

L’entomofaune et la batrachofaune restent encore méconnues, malgré des potentialités pour quelques espèces remarquables.

Enfin, un autre intérêt écologique est à souligner : ces boisements inondables en bordure de fleuve fonctionnent souvent comme des systèmes auto-épurateurs de l’eau, en utilisant les nutriments dissous dans l’eau (nitrates, phosphates, etc.).

Il importe de préserver ces ripisylves relictuelles, notamment du bétonnage ou de l’enrochement des berges ainsi que des dépôts des produits de curage de la Seine.

Commentaires sur la délimitation
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