ZNIEFF 230030809
LE MARAIS DE PETIVILLE, SAINT-MAURICE-D'ÉTELAN

(n° régional : 85130000)

Commentaires généraux

Au sein des marais de la vallée de la Seine aval, peu avant l’estuaire, s’étendent les marais des communes de Saint-Maurice-d’Etelan et de Petiville.

Ils sont implantés au pied des pentes raides d’une ancienne falaise morte, sur des terrains alluviaux récents d’un ancien polder.

Suite à de profonds aménagements (drainages lourds, remembrements, etc.), la très grande majorité des marais de ce polder ont été mis en cultures. La présente zone constitue donc une relique des vastes marais prairiaux traditionnels, autrefois gagnés sur le bord de mer, qui s’étirent entre Notre-Dame-de-Gravenchon et Norville.

Suite aux travaux d’endiguement, les crues de la Seine ne recouvrent plus régulièrement ces marais. Cependant, du fait de la proximité de la nappe et des sols argilo-limoneux, certains secteurs les plus déprimés restent en eau au printemps et ce malgré la présence d’un important réseau de canaux de drainage.

Ainsi, sur les terres qui ne peuvent être facilement emblavées, les marais ont conservé une partie des prairies mésohygrophiles et hygrophiles d’autrefois. Celles-ci sont valorisées par le pâturage, et, secondairement, par la fauche. Quelques prairies mixtes sont d’abord fauchées, souvent en juin, puis elles sont suivies d’une mise à l’herbe estivale des animaux.

Des réseaux de haies vives, de fossés de profondeur variable, de mares et dépressions humides, de mégaphorbiaies (alliance phytosociologique du Stachyo palustris-Cirsion oleracei), structurent et ponctuent ces espaces ouverts au maillage bocager lâche.

Les prairies mésohygrophiles pâturées (alliances du Mentho-Juncion et du Lolio-Potentillion) sont utilisées de façon plus ou moins extensive, notamment en fonction de leur inondabilité printanière.

Dans les dépressions humides se développent des formations prairiales hygrophiles dominées par l’Eléocharide des marais (Eleocharis palustris) avec le groupement de l’Eleocharo palustris-Oenanthetum fistulosae (alliance du Carici distichae-Oenanthion fistulosae regroupant les prairies hygrophiles longuement inondables). Plusieurs bords de mares abritent des végétations aquatiques à Callitriches et Renoncules (Ranunculion aquatilis), des végétations flottantes à Lemnacées, des ceintures hélophytiques diverses (Oenanthion aquatiquae, Phragmition, Sparganio-Glycerion fluitantis, Caricion acutae, etc).

Parmi les espèces exceptionnelles à assez rares en Haute-Normandie qui ont été recensées, on trouve la rare Guimauve officinale (Althaea officinalis), assez abondante dans plusieurs fossés inondés, la rare Oenanthe fistuleuse (Oenanthe fistulosa), le très rare Plantain d’eau lancéolé (Alisma lanceolatum), l’Orge faux-seigle (Hordeum secalinum), etc.

On recense également la Véronique mouron-d’eau (Veronica anagallis-aquatica), l’Eléocharide des marais (Eleocharis palustris), le Vulpin genouillé (Alopecurus geniculatus), la Renoncule sardonie (Ranunculus sardous), espèces peu communes, etc.

Les éléments faunistiques les plus remarquables sont les suivants :

-la Chevêche d’Athéna (Athene noctua), de plus en plus rare et menacée niche dans les secteurs bocagers avec de vieux saules ou frênes taillés en têtards,

-le rare Faucon hobereau (Falco subbuteo), niche dans les haies ou les bosquets et chasse dans un vaste périmètre,

-quelques colonies de Vanneau huppé (Vanellus vanellus) se reproduisent dans les pâtures humides ou en bordure de dépressions,

-les populations de Bergeronnette printanière (Motacilla flava), assez rare dans la région, sont réparties un peu partout,

-de nombreux oiseaux d’eau (Anatidés, limicoles, Ardéidés, etc.) utilise ce site lors de halte migratoire, notamment quand les prairies sont inondées, etc.

Des huttes de chasse sont d’ailleurs installées dans certains secteurs.

L’entomofaune et la batrachofaune mériteraient d’être mieux étudiées du fait des potentialités pour quelques espèces remarquables dans les mares et les dépressions humides.

Cette vaste zone humide est essentiellement menacée par le retournement des prairies humides pour être transformées en champs de céréales comme sur le reste des marais du polder. D’autre part, une trop forte intensification agricole peut également conduire à une banalisation de la flore et de la faune, par augmentation des intrants et de la pression de pâturage.

Le soutien des pratiques de fauche et de pâturage extensives apparaît donc nécessaire pour maintenir la qualité biologique et paysagère de ces ultimes prairies humides entre Petiville à Norville et pour pérenniser sa fonctionnalité et son intérêt pastoral séculaire.

Commentaires sur la délimitation
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