Au sein des boucles de la Seine aval, le versant des « Côtes » s’étend en rive gauche de la Seine, sur des coteaux dessinés par l’érosion fluviatile au Quaternaire. Ils s’étirent dans un méandre convexe suivant une orientation allant du Nord à l’Est.
Sur le plan géologique, on note de haut en bas des formations argileuses à silex résiduelles sur la lèvre du plateau, puis les épaisses couches de craies Cénomanienne et Turonienne qui constituent l’essentiel des affleurements.
Ces côtes sont particulièrement raides avec un dénivelé de plus de cent mètres. Ces pentes et cette exposition au Nord génèrent des ambiances froides qui, associées à l’humidité du fond de vallée, favorisent la présence de végétations psychrophiles (= « qui aiment le froid »).
La majorité des peuplements sont des hêtraies-frênaies-acéraies neutrophiles ou calcicoles sur craie caractéristiques des microclimats froids ou frais : Érablières à Mercuriale (Mercurialo-Aceretum), frênaies-acéraies à Scolopendre (Phyllitido-Fraxinetum), Tiliaies-frênaies à Tilleul à grandes feuilles (Tilia platyphyllos), etc.
L'un des principaux intérêts de ce site réside dans la présence de petites pelouses sèches qui surmontent les corniches crayeuses ou qui se développent sur d’anciennes carrières. Il s’agit notamment de groupements à Seslérie bleuâtre (Sesleria caerulea), graminée à fort pouvoir de colonisation et de fixation des éboulis crayeux, et adaptée aux ambiances froides.
L’envahissement par le Brachypode penné (Brachypodium pinnatum), graminée sociale colonisatrice, crée une forte densification du couvert herbacé, mais il subsiste tout de même des pelouses rases et écorchées.
Ces pelouses étaient plus étendues autrefois : la dynamique spontanée de recolonisation par les ligneux tend à les faire disparaître.
Sur les zones les plus humides avec des suintements en pied de versant, on trouve le très rare Saule rampant (Salix repens), l’Ophioglosse vulgaire (Ophioglossum vulgatum), l’Epipactis des marais (Epipactis palustris), le Dactylorhize négligé (Dactylorhiza praetermissa), qui sont plutôt des espèces de marais.
De nombreuses espèces végétales remarquables (exceptionnelles à assez rares) ont été observées sur ces coteaux, notamment des orchidées, avec au moins dix sept espèces présentes, dont la très rare Epipactide des marais (Epipactis palustris), la Gymnadénie odorante (Gymnadenia odoratissima), l’Epipactide rouge-foncé (Epipactis atrorubens), l’Ophrys bourdon (Ophrys fuciflora), toutes légalement protégées, les Ophrys mouche et abeille (Ophrys insectifera, O. apifera), la Platanthère à deux feuilles (Platanthera bifolia), l’Orchis militaire (Orchis militaris), et le Dactylorhize négligé (Dactylorhiza praetermissa).
Le secteur de la carrière du Landin (à l’amont du lieu-dit « Val persil ») abrite la plus grande richesse. Il est ainsi reconnu comme ZNIEFF de type I, comme les autres secteurs de pelouses situés plus à l’amont. Il abrite le plus grand nombre d’orchidées et d’espèces légalement protégées. Les éboulis et les écorchures y permettent également la présence de l’exceptionnelle Drave des murs (Draba muralis), de l’Orpin réfléchi (Sedum reflexum), de l’Arabette des sables (Cardaminopsis arenosa), de la Digitale jaune (Digitalis lutea), etc.
Les bois froids de la limite Nord-Est de la forêt de Brotonne, au-dessus de la tourbière de la Harelle, ont permis d’observer le très rare Phégoptéride polypode (Phegopteris connectilis) et l’Oréoptéride des montagnes (Oreopteris limbosperma) qui sont menacés en Haute-Normandie et légalement protégés.
La faune de ce vaste versant comprend quelques éléments remarquables.
La Vipère péliade (Vipera berus), peu commune dans la région, est observée sur les secteurs de pelouses et de lisières.
Quelques espèces d’oiseaux intéressantes se reproduisent sur les falaises (Faucon crécerelle -Falco tinnunculus, Choucas des tours - Corvus monedula).
L’étendue remarquable des boisements psychrophiles, et la présence des pelouses et des éboulis calcicoles, qui sont des milieux relevant de la directive « Habitats », confèrent à ces vastes côtes un important intérêt écologique et paysager.
Ce site est d’ailleurs retenu pour faire partie du futur réseau Natura 2000, en application de la directive européenne sur la Conservation des habitats, de la flore et de la faune sauvage (dite directive « Habitats »).
La conservation de ce patrimoine passe notamment par le maintien des pelouses ouvertes et la limitation de l’avancée des lisières, afin d’éviter le boisement naturel qui fait disparaître tous les milieux ouverts. Également, la limitation de la fréquentation et des dépôts sauvages dans les carrières apparaît souhaitable.