ZNIEFF 230031067
LE BOIS DU CHAMP POURRI ET LE BOIS D'OSIER

(n° régional : 83180005)

Commentaires généraux

Les bois du champ pourri et d'osier sont bordés au nord par le ruisseau du Rhin qui prend sa source à une 100aine de mètres en amont sur la commune de Cahaigne. Une partie des eaux ruisselle au sein du bois d'osier et stagne en fonction de la topographie du milieu. Celui-ci est d'ailleurs nettement plus humide que le bois du champ pourri et laisse apparaître un substrat tourbeux. Ces deux bois sont constitués d’une peupleraie au sein de laquelle s'est installée une aulnaie frênaie. Les essences rencontrées sont le Frêne commun (Fraxinus excelsior), l'Aulne glutineux (Alnus glutinosa), le Peuplier (Populus sp.) et le Saule cendré (Salix cinerea) La présence de nombreux jeunes ormes (Ulmus minor) traduit une rudéralisation et un assèchement de certains secteurs.

La strate herbacée est diversifiée, allant d'un cortège d'espèces mésohygrophiles jusqu'aux espèces hygrophiles. Le sous-bois est dominé par la Parisette à quatre feuilles (Paris quadrifolia), la Circée de Paris (Circaea lusitania) dans les milieux frais, et dans les zones les plus humides s'installent la Laîche pendante (Carex pendula) assez rare, le Populage des marais (Caltha palustris), l'Iris faux Açores (Iris pseudacorus), le Cirse des maraîchers (Cirsium oleoraceum). La diversité en fougères est très intéressante avec la Dryoptéride de la Chartreuse (Dryopteris carthusiana), la Dryoptéride fougère-mâle (Dryopteris filix-mas), la Dryoptéride dilatée (Dryopteris dilatata) et le peu commun Polystic à soies (Polystichum setiferum). En lisière forestière ou à la faveur de coupes, se trouve un mélange de mégaphorbiaie et de roselière à Roseau commun (Phragmites australis), Eupatoire chanvrine (Eupatorium cannabinum), Angélique sauvage (Angelica sylvestris ) et Lycope d’Europe (Lycopus europaeus). C'est d'ailleurs, dans ces secteurs qu'a été observée une espèce exceptionnelle et patrimoniale, le Laiteron des marais (Sonchus palustris), grande astéracée pouvant atteindre 3 mètres de haut. Si l'aulnaie-frênaie résulte d'une évolution secondaire, cet habitat reste néanmoins déterminant et est, de plus, communautaire. Le Pigeon colombin (Columba oenas) et la Buse variable (Buteo buteo), deux oiseaux peu communs, nichent dans ces bois.

Le ruisseau du Rhin, partiellement curé, n'accueillait qu'une végétation clairsemée avec des petites stations d'Ache nodiflore (Apium nodiflorum) et sur les berges quelques espèces classiques des cours d'eau comme la Scrofulaire aquatique (Scrofularia auriculata), l'Epilobe hirsute (Epilobium hirsutum), L’iris faux-acore (Iris pseudacorus), ainsi que la Grande Berle (Sium latifolium), espèce exceptionnelle en Haute-Normandie. Ce ruisseau est également un site de reproduction du Cordulégastre annelé (Cordulegaster boltonii), grande libellule noire et jaune rare dans la région.

Au sud est du bois du champ pourri, plusieurs plans d'eau de surfaces variables, issus probablement de l'extraction de matériaux, sont présents. La végétation alterne entre des espèces de milieux secs et, en bordure des bassins ou fossés, une flore inféodée aux milieux humides. Le Lotiers corniculé (Lotus corniculatus), l'Erythrée petite centaurée (Centaurium erythraea), la Chlore perfoliée (Blackstonia perfoliata), espèce peu commune et déterminante compose une partie du cortège des espèces méso-xérophilles En bordure des plans d'eau se développent les espèces mesohygrophiles à hygrophiles tels que les carex, joncs, roseaux et saules…Huit espèces d'odonates ont été observées, avec des densités parfois importantes, deux sont rares et déterminantes de ZNIEFF : l'Agrion vert (Erythromma viridulum) et l'Orthétrum bleuissant (Orthetrum coerulescens). Parmi les oiseaux plusieurs espèces assez rares à rares nichent probablement. Il s'agit du Râle d'eau (Rallus aquaticus), du Grèbe castagneux (Tachybaptus ruficolis) et de la Rousserolle effarvate (Acrocephalus scirpaceus). Le Chevalier cul-blanc (Tringa ochropus) et le Chevalier guignette (Actitis hypoleucos), deux migrateurs stationnent également sur le site.

Les écoulements et leur gestion mais aussi la qualité des eaux constituent les principales menaces qui pèsent sur ce site. L’agriculture intensive domine tout autour, même si une petite bande enherbée protège en partie le ruisseau du Rhin. Les sources en amont sont aménagées, les plans d'eau sont pompés ou aménagés pour la chasse et le ruisseau est busé en aval du site ; toutes ces contraintes ne peuvent que nuire à une bonne circulation de l’eau et à sa qualité. Signalons également la présence d'une plante invasive l'Aster lancéolée, qui reste actuellement localisée mais pourrait nuire à la diversité floristique notée actuellement. Enfin, la plantation en peupliers a tendance à perturber l'évolution de cet habitat rare et original et peut même conduire à long terme à son assèchement progressif.

Commentaires sur la délimitation
Aucune information disponible