ZNIEFF 230031163
LES PELOUSES SILICICOLES DE LA GRANDE NOÉ

(n° régional : 83140000)

Commentaires généraux

Cette ZNIEFF est issue d'une fusion et modernisation de 3 ZNIEFF de 1ère génération (La Garenne; Les Longues Raies et La grande Noé).

Situées sur les communes de Val-Reuil, le Vaudreuil, et Tournedos sur Seine, les pelouses silicicoles de la Grande Noë recèlent d’une flore riche, rare et diversifiée.

Les habitats remarquables rencontrés sur le site sont principalement des végétations herbacées oligotrophes, acidiclines sur sols filtrants siliceux (Violon caninae), des végétations annuelles xériques acidiphiles sur sols sableux (Thero-Airion), des végétations de pelouses pionnières très ouvertes riches en annuelles des sables calcaires à silico-calcaires (Sileno conicae-Cerastion semidecandri), ainsi que des végétations pionnières sur sol calcaire, souvent riches en annuelles (Alysso alyssoidis-Sedion albi).

Un quart environ de la surface est occupé par le plan d’eau de la Grande Noë, classé Réserve Ornithologique. Le site comporte également des boisements pionniers à Saule blanc (Salix alba) ainsi que les boisements acidiclines du Carpinion betuli. Enfin, des prairies humides pâturées (Mentho longifoliae-Juncion inflexi) complètent cette mosaïque de milieux.

Une quarantaine d’espèces végétales d’intérêt patrimonial a été recensée sur le site. Parmi les plus remarquables, la Biscutelle de neustrie (Biscutella neustriaca) est une espèce endémique des boucles de la Seine en amont de Rouen, protégée au niveau national et inscrite à l’annexe 2 de la Directive « Habitats ». La Tubéraire tachée (Tuberaria guttata), strictement inféodée aux pelouses sableuses est, quant à elle, exceptionnelle en Haute-Normandie.

Citons également : l’Aïra caryophyllée (Aira caryophyllea), l’Alysson calicinal (Alyssum alyssoides), l’Aphane à petits fruits (Aphanes australis), l’Aristoloche clématite (Aristolochia clematitis), l’Armérie des sables (Armeria arenaria), la Chlore perfoliée (Blackstonia perfoliata), le Butome en ombelle (Butomus umbellatus), l’Érythrée élégante (Centaurium pulchellum), la Crassule tillée (Crassula tillaea), l’Élyme des chiens (Elymus caninus), la Cotonnière naine (Filago minima), la Cotonnière d’Allemagne (Filago vulgaris), l’Herniaire glabre (Herniaria glabra), l’Herniaire velue (Herniaria hirsuta), le Jonc comprimé (Juncus compressus), la Luzerne naine (Medicago minima), la Mibore naine (Mibora minima), le Muscari à toupet (Muscari comosum), le Myosotis versicolore (Myosotis discolor), le Nardure unilatéral (Nardurus maritimus), l’Orchis militaire (Orchis militaris), l’Ornithope délicat (Ornithopus perpusillus), l’Orobanche du gaillet (Orobanche caryophyllacea), la Potentille argentée (Potentilla argentea), la Potentille printanière (Potentilla neumanniana), le Saule à trois étamines (Salix triandra), le Scirpe des lacs (Schoenoplectus lacustris), le Scirpe de Tabernaemontanus (Schoenoplectus tabernaemontani), l’Orpin élégant (Sedum forsterianum), la Scille d'automne (Scilla autumnalis), l’Orpin réfléchi (Sedum rupestre), le Thésion couché (Thesium humifusum), le Trèfle des champs (Trifolium arvense), le Trèfle scabre (Trifolium scabrum), le Trèfle strié (Trifolium striatum), le Trèfle souterrain (Trifolium subterraneum), la Véronique germandrée (Veronica teucrium), la Vulpie queue-d’écureuil (Vulpia bromoides).

Le secteur de La Garenne se situe sur des terrains anciennement remblayés. La majorité du site est occupée par une friche à Calamagrostide commune (Calamagrostis epigejos) en partie envahie par une saulaie à Saule cendré (Salix cinerea) qui tend à fermer le milieu. Le substrat sablo-calcaire permet cependant l'expression d'une flore à tendance hélioxérophile. A la faveur de chemins, certains secteurs sont encore nus ou à l'état de pelouse. Le caractère plus humide du site se ressent avec la présence d'une petite roselière et de nombreuses mares temporaires ou ornières. Cet habitat est favorable au Crapaud calamite (Bufo (Epidalea) calamita), espèce rare inféodée aux milieux pionniers qui a été observée sur le site et qui se reproduit de l'autre coté de la route. Plusieurs autres amphibiens ont été notés, il s'agit du Crapaud commun (Bufo bufo), de la Grenouille agile (Rana dalmatina) et du Triton ponctué (Triturus vulgaris).

Les pressions sur ce site sont nombreuses : il est d’une part isolé au sein d'une agriculture intensive (quelques hectares au nord ont disparu depuis 1992) et d’autre part, la progression du Cornouiller sanguin (Cornus sanguinea) et du saule est néfaste aux espèces pionnières. Enfin, des résineux ont été plantés et un surpâturage par des chevaux est pratiqué au nord.

Le secteur Des Longues Raies (environ 25 ha) est constitué en majorité de milieux liés à l'extraction de gravats. Du nord vers le sud, s'observent trois bassins de décantation à différents stades d'évolution. Sur le premier s'est développée une jeune saulaie (Salix sp.) et une ceinture de végétation composée de laîches (Carex sp.) et de Roseau (Phragmites australis). Le second, en Bord de route, est toujours utilisé et donc peu végétalisé. Enfin, le troisième, est également très minéral. Un boisement humide relictuel de 5 ha dominé par l'Aulne (Alnus glutinosa) a résisté aux pressions anthropiques. Au sud une belle cariçaie (Carex pendula ou riparia) s'est développée.

L'atout initial de ce secteur est la présence du Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus). Bon nombre d'habitats restent très favorables à l'espèce, en revanche, les routes constituent des éléments négatifs aux amphibiens.

L'autre atout de ce site est la présence d'une héronnière composée d'une soixantaine de couples de Héron cendré (Ardea cinerea), nicheur rare en Haute-Normandie.

Les bassins les plus âgés sont favorables à divers oiseaux d'eau tels que le Canard colvert (Anas platyrhynchos), le Cygne tuberculé (Cygnus olor) ou le Canard siffleur (Anas penelope).

Les pressions anthropiques (réaménagement en culture) constituent les menaces les plus évidentes de cette zone.

La réserve ornithologique de la Grande Noé est devenue en deux décennies l'un des sites ornithologique les plus importants de Haute-Normandie avec plus de 223 espèces d'oiseaux recensées. Cette richesse reconnue a permis d'inscrire ce site au sein de la ZPS "

Le site constitue une étape migratoire et hivernale importante pour des milliers d'oiseaux, il est d'importance nationale pour les oiseaux d'eaux. Ce sont de nombreux canards qui s'observent ici tels que le Fuligule milouin (Aythya ferina), le Fuligule morillon (Aythya fulifgula), le Canard chipeau (Anas streptera), la Sarcelle d'hiver (Anas querquedula)... et parfois, les rares Fuligule milouinan (Aythya marila), Fuligules nyroca (Aythya nyroca) ou Garrot à œil d'or (Bucephala clangula).

Le site est devenu également très important pour plusieurs oiseaux nicheurs. Avec près de 400 nids, la colonie de Grands Cormorans (Phalacrocorax carbo) est l'une des plus importantes de France. Avec une cinquantaine de couples, le site accueille la seule colonie de Mouette mélanocéphale (Larus melanocephala) de Normandie. Citons également la Sterne pierregarin (sterna hirundo) et la Mouette rieuse (Larus ridibundus). Au sein des roselières nichent également divers passereaux paludicoles (Bruant des roseaux, rousserolles, Bouscarle de Cetti...).

Diverses études ont mis en évidence également l'intérêt botanique de cette zone, outre une végétation des milieux humides diversifiée, une flore inféodée aux milieux secs se développe sur des sols sablo-calcaires, comme le rare Bugle de Genève (Ajuga genevensis).

Une gestion conservatoire est réalisée sur le site, divers aménagements (observatoires, sentiers...) assurent la quiétude des oiseaux et permettent de sensibiliser le public.

Des inventaires complémentaires sur cette ZNIEFF permettraient vraisemblablement l’observation d’espèces remarquables notamment parmi la faune invertébrée. La diversité des milieux notamment aquatiques laisse présager une diversité et un potentiel odonatologique qui mériterait d'être approfondi. Ces milieux sont favorables aux libellules où 17 espèces avaient été contactées lors des premiers inventaires basiques.

Commentaires sur la délimitation
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