L’Île de Rozay est l’une des îles du Cher les plus vastes et les mieux préservées du cours d’eau, ses habitats ayant été très peu modifiés par les activités anthropiques. Accessible uniquement par un gué praticable en période d’étiage, ce site de 26 ha est principalement recouvert de boisements alluviaux anciens (peuplement exceptionnel d’orme lisse, peuplier noir), au centre desquels une prairie sablo-calcaire est maintenue ouverte par quelques chevaux et ânes (qui ont succédé au pâturage ovin, pratiqué jusqu’en 1975).
L’intérêt écologique de l’île provient en premier lieu de sa ripisylve ancienne, la faune saproxylique constituant le principal enjeu du site. Dans une moindre mesure, la prairie centrale abrite une faune et une flore très diversifiée, en particulier dans les secteurs de pelouse sablonneuse méso-xérique. Les bords du Cher, quant à eux, présentent une biodiversité aquatique et hygrophile remarquable, notamment au niveau de plusieurs îlots boisés restés intacts.
Avec plus d’un millier d’insectes inventoriés, le site apparaît particulièrement riche en Coléoptères saproxyliques, dont certaines espèces rares et exigeantes témoignent de la valeur patrimoniale des boisements (Corticeus bicoloroides, Cerophytum elateroides, Pedostrangalia revestita, Nematodes filum, Microrhagus pyrenaeus, Triplax collaris, Salpingus aeneus, Tetrops starkii, etc.). La grande faune évoluant sur l’île et les rives du Cher comporte également quelques espèces remarquables, comme le Castor, la Couleuvre vipérine ou encore le Pic cendré.
Sans être l’intérêt majeur du site, la flore de l’Île de Rozay présente elle aussi quelques espèces déterminantes notables. Ainsi, une belle population de Scille d’automne (Prospero autumnale) peut s’observer sur la pelouse centrale et les rives du Cher abritent quelques plantes s’étant fortement raréfiées, comme le Crypside faux-vulpin (Crypsis alopecuroides) ou restant très localisé dans la région, comme le « Petit nénuphar » (Hydrocharis morsus-ranae).
Les critères de délimitation de la zone sont de trois ordres :
- Répartition des espèces (faune, flore).
- Répartition et agencement des habitats.
- Fonctionnement et relation d'écosystèmes.
Le choix du périmètre semble ici particulièrement simple, la zone proposée étant naturellement délimitée par le cours du Cher. Le périmètre inclut le lit du cours d’eau ainsi que les deux îlots situés de part et d’autre de l’île.