ZNIEFF 250008121
FALAISES DE CAROLLES ET CHAMPEAUX ET ESTRAN ROCHEUX

(n° régional : 00070014)

Commentaires généraux

A l'extrémité occidentale du massif granitique de Vire, les falaises de Carolles et Champeaux s'avancent en mer et ferment, au nord-est, la baie du Mont Saint-Michel.

C'est un massif granodioritique avec, sur l'estran, de très beaux affleurements montrant l'auréole de métamorphisme.

Ces falaises présentent tout d'abord un intérêt paysager évident puisqu'elles offrent un magnifique point de vue sur la baie du Mont Saint-Michel. D'allure massive et atteignant en moyenne 60 à 70 mètres de hauteur, ces falaises ont un abrupt réduit et des pentes très convexes couvertes de landes à bruyères, ajoncs, genêts, de prunelliers et même d'arbres dans les vallons abrités et sur le plateau sommital. Sur ce dernier, des parcelles sont mises en cultures ou vouées à l'élevage. Au nord, les falaises sont entaillées par le ruisseau du Lude qui se jette sur l'estran et confère au secteur un caractère paysager particulier.

Sur le plan biologique, on est en présence d'un grand nombre d'écotypes de falaises atlantiques, notamment celui de forêt littorale, de niveau d'intérêt national.

FLORE

Notons la présence intéressante de plusieurs espèces d'intérêt patrimonial dont certaines sont protégées au niveau régional (*), et une au niveau national (**) : la Patience des rochers (Rumex rupestris**) -espèce de l'annexe II de la Directive européenne-, le Polycarpon à quatre feuilles (Polycarpon tetraphyllum*), l'Orobanche du Lierre (Orobanche hederae), la Garance voyageuse (Rubia peregrina*), le Genêt anglais (Genista anglica), le Silène conique (Silene conica), le Torilis à feuilles glomérulées (Torilis nodosa), la Véronique en épi (Veronica spicata*), la Romulée à petites fleurs (Romulea columnae*), l'Orchis bouffon (Orchis morio), des Statices dont celui à deux nervures (Limonium binervosum), l'Osmonde royale (Osmunda regalis), la Laîche de Paira (Carex pairaei)...

Enfin, ces falaises constituent l'unique station littorale à Ajonc nain (Ulex minor) et héberge le coqueliquot hispide (Papaver hybridum) -qui n'avait pas été revu dans la Manche récemment-, le rare Catapode des graviers (Micropyrum tenellum), et la Potentille printanière (Potentilla tabernaemontani).

FAUNE

Signalons la présence sur l'estran d'un banc d'Hermelles (Sabellaria alveolata), remarquable par ses dimensions (100 hectares), l'un des plus importants d'Europe. Fertile d'un point de vue productif, il contribue à l'enrichissement des eaux de la baie en accroissant la production zooplanctonique, par l'intermédiaire des populations larvaires issues de la reproduction des nombreuses espèces qu'il abrite.

Les relevés entomologiques réalisés sur la partie terrestre ont permis de recenser nombre d'espèces rares de papillons comme le Gnophos obscure (Gnophos obscuratus), la Rousse (Chesias legatella), le Thécla du bouleau (Thecla betulae), Pachycnemia hippocastanaria, Lampides boeticus, Hybocampa milhauserii, Polyphaenis sericata, Dysgonia algira, Operophtera fagata...

Mentionnons également la présence de deux coléoptères rares : la Cétoine noire (Netocia morio), d'affinité méridionale, et le longicorne Leptura quadrifasciata.

Ce site est également d'une remarquable richesse en orthoptères puisque vingt sept espèces y ont été recensées -dont certaines sont particulièrement rares-, notamment le Grillon d'Italie (Oecanthus pellucens), le Criquet des mouillères (Euchorthippus declivus), l'Ephippigère des Vignes (Ephippiger ephippiger), le Criquet des ajoncs (Chorthippus binotatus), la Decticelle carroyée (Platycleis tessellata), le Criquet de Barbarie (Calliptamus barbarus), l'Oedipode turquoise (Oedipoda caerulescens) ou le rarissime Dectique des Brandes (Gampsocleis glabra). L'espèce la plus intéressante, toute faune confondue, est sans doute le Grillon maritime (Pseudomogoplistes vicentae septentrionalis) qui, au moment de sa découverte, constituait une nouvelle espèce pour la France et une nouvelle sous-espèce pour la science.

La faune herpétologique compte quelques espèces assez rares à rares comme le Lézard vert (Lacerta viridis) ou la Coronelle lisse (Coronella austriaca).

Cette zone de falaises et de landes est aussi un haut-lieu pour l'observation de la migration des passereaux et accueille une avifaune nicheuse riche de plusieurs espèces d'intérêt patrimonial. Citons le Pigeon colombin (Columba oenas), la Fauvette pitchou (Sylvia undata), le Loriot d'Europe (Oriolus oriolus), le grand Corbeau (Corvus corax), le Tadorne de Belon (Tadorna tadorna), la Cisticole des joncs (Cisticola juncidis).

Le Plongeon catmarin (Gavia stellata) enfin a, sur cette Znieff, le statut d'espèce déterminante de par sa présence hivernale régulière.

Commentaires sur la délimitation

Ensemble de falaises maritimes couvertes de landes, contigu à un estran rocheux avec des bancs d'hermelles. Zone renfermant des espèces animales et végétales d'intérêt patrimonial.