Le havre de Geffosses s'insère au centre de la succession des huit estuaires caractéristiques de la côte ouest du Cotentin. Il réunit les eaux de cinq petites rivières du bocage coutançais et s'ouvre vers la mer entre deux longues flèches sableuses que réunit, depuis 1973, un pont-digue supportant la voie de liaison ouest. Le havre n'est donc en communication avec la mer que par un système de portes à flot perturbant la circulation naturelle des marées.
Le climat de type océanique est caractérisé par :
- une humidité forte et constante,
- des écarts thermiques relativement faibles,
- des vents soufflant en permanence et souvent d'ouest.
En raison de la continentalisation importante provoquée par la construction de la route, il offre de façon télescopée un ensemble de communautés végétales caractéristiques : prés salés ou herbus, dunes et fourrés, secteurs de prairie.
FLORE
Les perturbations multiples des caractéristiques écologiques du milieu estuarien se traduisent par la présence d'un nombre plus important d'espèces végétales qu'à l'origine et par une banalisation du milieu. On note cependant quelques plantes halophiles rares dont certaines sont protégées au niveau régional (*) ou national (**) telles le Statice à feuilles de Lychnis (Limonium lychnidifolium), la Salicorne radicante (Arthrocnemum perenne), l'Armoise maritime (Artemisia maritima), la Laîche ponctuée (Carex punctata*), l'Inule faux-Crithme (Inula crithmoides*).
Les flèches dunaires recèlent également des espèces d'intérêt patrimonial de la dune en voie de fixation ou de la dune fixée : citons la Bartsie visqueuse (Parentucellia viscosa), le Chou marin (Crambe maritima**) -avec seulement quelques pieds-, la petite Centaurée du littoral (Centaurium littorale*), l'Elyme des sables (Leymus arenarius**), puissante graminée des dunes exposées aux vents, l'Hutchinsie des pierres (Hornungia petraea), le Spiranthe d'automne (Spiranthes spiralis), le Céraiste des champs (Cerastium arvense), l'Œillet de France (Dianthus gallicus**)...
Sur le plan mycologique, signalons l'existence d'une espèce peu commune : Omphalina pyxidata.
FAUNE
Notons pour cette zone l'intérêt de la nidification du Tadorne de Belon (Tadorna tadorna), du Canard souchet (Anas clypeata), du Vanneau huppé (Vanellus vanellus), de la Cisticole des joncs (Cisticola juncidis), du Martin-pêcheur (Alcedo atthis), de la Bergeronnette flavéole (Motacilla flavissima) et de la Mouette rieuse (Larus ridibundus).
L'hivernage de nombreuses espèces renforce le caractère patrimonial du site (certaines étant à ce titre déterminantes de Znieff). Il s'agit du Bécasseau sanderling (Calidris alba), du Bécasseau variable (Calidris alpina), du Grand gravelot (Charadius hiaticula), du Pluvier argenté (Pluvialis squatarola), de l'Huîtrier-pie (Haematopus ostralegus), du Courlis cendré (Numenius arquata), de la Barge rousse (Limosa lapponica), du Tadorne de Belon (Tadorna tadorna), de la Sarcelle d'hiver (Anas crecca), du Canard souchet (Anas clypeata), du Busard des roseaux (Circus aeruginosus), du Faucon émerillon (Falco columbarius), du Vanneau huppé (Vanellus vanellus), du Hibou des marais (Asio flammeus) et du Goéland marin (Larus marinus).
Habitats littoraux remarquables (herbus, dunes) fonctionnant en inter-relation et abritant des espèces végétales et animales d'intérêt patrimonial.