ZNIEFF 250008466
VALLEE DE L'ORNE

(n° régional : 00810000)

Commentaires généraux

Entaillant le massif Armoricain et le bassin Parisien, la vallée de l'Orne constitue une zone de contact entre bocage et plaine. La variété des paysages et des biotopes, allant des landes sèches sommitales aux cours d'eau, en passant par les pelouses des vires rocheuses, les prairies humides et les bois, confère au site une très grande valeur paysagère, à laquelle s'ajoute une valeur biologique liée à la présence d'espèces animales et végétales rares.

Une trentaine de Znieff de type I, véritables spots de richesse écologique, sont à ce titre englobées dans cette vaste Znieff de type II.

Noter également que deux ZSC concernent directement cette zone, au titre de la la Directive Habitats (Natura 2000) : la FR2500099 "Haute vallée de l'Orne et affluents" , et surtout la FR2500091 "Vallée de l'Orne et ses affluents".

FLORE

La diversité des milieux offerts est à l'origine de la présence de nombreuses espèces botaniques rares dont plusieurs sont protégées au niveau national (**) ou régional (*).

Surplombant les méandres de l'Orne, les escarpements rocheux permettent le développement d'une flore typique des pelouses siliceuses sur sols superficiels et dalles rocheuses comprenant des espèces telles que le Millepertuis à feuilles linéaires (Hypericum linarifolium), l'Orobanche du genêt (Orobanche rapum-genistae), le Genévrier (Juniperus communis), l'Epine vinette (Berberis vulgaris), la Capillaire septentrionale (Asplenium septentrionale*), le Catapode des graviers (Micropyrum tenellum), le Rosier pimprenelle (Rosa pimpinellifolia), la Cotonnière allemande (Filago vulgaris), l'Epervière de Lepeletier (Hieracium peleterianum), la Potentille argentée (Potentilla argentea), la Drave des murs (Draba muralis), l'Orpin rougeâtre (Sedum rubens), la Corydale solide (Corydalis solida), le Galéopsis des champs (Galeopsis segetum*), la Scille d'automne (Scilla autumnalis), le petit Muscari (Muscari racemosum), l'Espargoutte de Morison (Spergula morisonii*), la Doradille de Billot (Asplenium billotii), le Trèfle enterreur (Trifolium subterraneum), la Leersie faux riz (Leersia oryzoides*), la Cardamine impatiente (Cardamine impatiens*), la Cardère velue (Dipsacus pilosus), la Renouée douce (Polygonum mite*), la Berle érigée (Berula erecta), l'Orchis grenouille (Coeloglossum viride*)...

Par endroits, l'existence de calcaire est révélée par la présence du Spiranthe d'automne (Spiranthes spiralis) ou encore du Dompte-venin (Vincetoxicum hirundinaria*).

Les sous-bois plus ou moins clairs sont le refuge d'espèces plus sciaphiles comme l'Isopyre faux-pigamon (Isopyrum thalictroides*), la Dorine à feuilles alternes (Chrysosplenium alternifolium), le Lis martagon (Lilium martagon).

Dans les fonds de la vallée, les prairies humides alluviales renferment l'Oenanthe faux-boucage (Oenanthe pimpinelloides*), la Fritillaire pintade (Fritillaria meleagris*) -dont ce site constitue l'une des rares stations bas-normandes-, la Sanguisorbe officinale (Sanguisorba officinalis*). Dans la partie aval, le marais de Fleury-sur-Orne abrite l'Azolla fausse-fougère (Azolla filiculoides) dans les canaux ou encore le Flûteau fausse-renoncule (Baldellia ranunculoides), la lentille d'eau sans racines (Wolffia arrhiza).

Enfin, la forêt de Grimbosq présente un grand intérêt avec plusieurs centaines d'espèces de champignons recensées. Certaines d'entre elles, telles Hydnellum ferrugineum, Phellodon niger, ou encore Phylloporus rhodoxanthus, sont en grande régression et inscrites, à ce titre, sur la liste rouge européenne.

FAUNE

Les relevés entomologiques réalisés sur cette zone ont permis de recenser un grand nombre d'espèces dont certaines de fort intérêt patrimonial.

La présence de l'eau sur l'ensemble de cette zone est à l'origine de sa richesse en odonates parmi lesquelles on recense quelques espèces rares comme l'Aeschne paisible (Boyeria irene), l'Agrion orangé (Platycnemis acutipennis), et la Cordulie à corps fin (Oxygastra curtisii) -espèce protégée au niveau national-...

Parmi les orthoptères recensés, citons le Sténobothre bourdonneur (Stenobothrus nigromaculatus), espèce considérée un temps comme disparue et qui a été retrouvée en 1997.

Une espèce intéressante de coléoptère, prédatrice de larves de lépidoptères tels que la Processionnaire du pin, a été trouvée ici : le Calosome sycophante (Calosoma sycophanta).

Les arachnidés comptent un représentant forestier peu commun observé en forêt de Grimbosq, Atypus affinis, correspondant à une petite espèce de mygale.

Le réseau hydrographique de cette zone est dense et s'inscrit majoritairement dans un substrat géologique composé de roches dures (granites et grès). Ceci contribue à la grande valeur biologique et piscicole des cours d'eau, caractérisés par des pentes marquées, des écoulements diversifiés et une granulométrie élevée.

Dans ces secteurs, se rencontrent donc plusieurs espèces piscicoles d'intérêt patrimonial, inféodées aux faciès très courants et caillouteux.

Il s'agit tout d'abord de l'Ecrevisse à pieds blancs (Austropotamobius pallipes), bien présente sur plusieurs affluents.

L'Orne constitue également un axe migratoire privilégié pour les salmonidés migrateurs. En effet, le Saumon atlantique (Salmo salar) et la Truite de mer (Salmo trutta trutta) colonisent les radiers présents sur l'ensemble de ce réseau hydrographique pour y frayer.

La Truite fario (Salmo trutta fario) compte des populations fonctionnelles sur bien des secteurs. Le Chabot (Cottus gobio) et la Lamproie de Planer (Lampetra planeri) sont également bien représentés et témoignent de la qualité de l'eau et des habitats aquatiques de la zone.

Les reptiles sont assez nombreux dans cette zone, particulièrement sur les vires rocheuses et les coteaux bien exposés. Parmi eux, mentionnons le Lézard vert (Lacerta bilineata) et le Lézard des murailles (Podarcis muralis), ainsi que la Coronelle lisse (Coronella austriaca) et la Vipère péliade (Vipera berus).

Notons par ailleurs la présence de plusieurs espèces d'amphibiens, dont le rare Triton crêté (Triturus cristatus) et le Crapaud accoucheur (Alytes obstetricans).

La variété des biotopes rencontrés est également à l'origine d'une avifaune riche et diversifiée.

La nidification d'espèces patrimoniales à affinité forestière y est notée. Citons celle du Gros-bec (Coccothraustes coccothraustes), du Pic mar (Dendrocopos medius), du Pic noir (Dryocopus martius), de la Mésange noire (Parus ater), de la Bondrée apivore (Pernis apivorus), et du Roitelet triple-bandeau (Regulus ignicapillus).

Les coteaux plus ou moins buissonnants, les ourlets forestiers, les vergers et plantations de vallées sont le domaine de la Chouette chevêche (Athene noctua), du Faucon hobereau (Falco subbuteo), du Rossignol philomèle (Luscinia megarhynchos), du Loriot (Oriolus oriolus), de la Fauvette babillarde (Sylvia curruca).

Enfin, les abords des cours d'eau accueillent le Martin-pêcheur (Alcedo atthis), la Bergeronnette des ruisseaux (Motacilla cinerea), tous deux indicateurs de la qualité des eaux courantes.

La Loutre (Lutra lutra) est bien présente à la faveur des nombreux habitats favorables à son développement (fortes densités piscicoles et ripisylve dense jusqu'au bord de l'eau).

De nombreux chiroptères tels que le Murin de Daubenton (Myotis daubentonii), le Murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus), la Barbastelle d'Europe (Barbastella barbastellus), ou encore la Pipistrelle de kuhlii (Pipistrellus kuhlii), répartis sur divers sites, confèrent à la vallée de l'Orne une forte patrimonialité concernant les mammifères.

Enfin, il convient de souligner l'importance géologique du site de May-sur-Orne où furent mises à nu une discordance mésozoïque et une discordance paléozoïque témoignant de l'orogenèse cadomnienne.

Commentaires sur la délimitation

Interrelation d'écosystèmes variés abritant des espèces végétales et animales d'intérêt patrimonial.