ZNIEFF 250012329
ILE DE TATIHOU

(n° régional : 00120006)

Commentaires généraux

Située à "une encablure" de la sortie du port de Saint-Vaast-la-Hougue, l'île de Tatihou est formée de granit carbonifère. Elle occupe une position privilégiée, au sein d'un espace de transition entre une zone d'influence nordique et l'autre d'influence atlantique. Cet atout se traduit par une richesse algale, botanique et faunistique remarquable.

Le Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN) a bénéficié d'un laboratoire marin ouvert sur l'île de Tatihou de 1882 à 1928. Celui-ci a ensuite été déplacé à Saint-Servan (près de Saint-Malo), et enfin à Dinard en 1935. En 2008, le MNHN s'est associé à l'IFREMER pour créer au même emplacement le Centre de Recherche et d’Enseignement sur les Systèmes Côtiers (CRESCO). Le recensement de la faune lié notamment à l'activité passée du Laboratoire de Biologie Marine a permis de déterminer trente deux espèces d'annélides polychètes sur Tatihou, dont certaines connues en France uniquement ici.

Cette Znieff fait partie de la ZSC FR2500086 "Tatihou - Saint-Vaast-la-Hougue" au titre du dispositif Natura 2000.

FLORE

Sur le plan algologique, de nombreuses espèces caractéristiques des côtes battues sont présentes. Parmi elles, citons la très rare Padine queue de Paon (Padina pavonia).

La flore terrestre de l'île est assez variée et riche en espèces rares, parfois protégées au niveau national (**) ou régional (*). Citons le Bec-de-grue glutineux (Erodium glutinosum), l'Elyme des sables (Elymus arenarius**), la Renouée maritime (Polygonum maritimum*), la Ruppie maritime (Ruppia maritima*), l'Euphraise à quatre angles (Euphrasia tetraquetra), l'Orchis à fleurs lâches (Anacamptis laxiflora), la Luzerne polymorphe (Medicago polymorpha), la Sagine maritime (Sagina maritima), la Spergulaire des rochers (Spergularia rupicola), le Chénopode à feuilles grasses (Chenopodium chenopodioides), la Crassule mousse (Crassula tillaea), ...

FAUNE

On note une grande diversité de la faune intertidale autour de Tatihou, notamment en ce qui concerne les surplombs rocheux, qui constituent le support d'une espèce intéressante d'anémone de mer : Metridium senile. Citons également une espèce de plathelminthe (vers plats) peu commune, Convoluta roscoffensis.

Parmi les mollusques gastéropodes, citons le Grain de café à trois points (Trivia monacha) qui vit parmi les ascidies dont il se nourrit et sur lesquelles il pond. Parmi ces dernières, il convient de signaler la présence d'une espèce d'intérêt patrimonial présente en grande densité : la Phallusie (Phallusia mamillata).

Signalons aussi que l'on peut observer une espèce intéressante de Comatule (crinoïde), Antedon bifida.

Enfin, de nombreux poissons inféodés aux fonds rocheux sont présents ici dont le peu commun Nérophis lombricoïde (Nerophis lumbriciformis).

A ces espèces patrimoniales s'ajoutent de nombreuses espèces marines plus classiques mais répertoriées en tant qu'espèces déterminantes en raison du fond de ressources alimentaires qu'elles constituent pour les espèces prédatrices mais aussi par leur connexion écologique à d'autres zones marines d'intérêt élevé.

L’Ile de Tatihou est aussi un site ornithologique majeur, dont la gestion est confiée au Groupe Ornithologique Normand (GONm), avec plus de cent cinquante espèces différentes observées, qu’elles soient nicheuses, migratrices, hivernantes ou visiteuses occasionnelles. Il s'agit principalement de limicoles, laridés, anatidés et espèces pélagiques (cormorans notamment), mais également de passereaux.

Au titre des espèces patrimoniales observées en hiver, et de leurs effectifs maximaux -variables selon les années-, on citera le Tournepierre à collier (Arenaria interpres) avec jusqu'à deux cent cinquante individus observés, le Bécasseau violet (Calidris maritima) pour une cinquantaine d'individus, le Grand gravelot (Charadrius hiaticula) pour cent soixante, l'Aigrette garzette (Egretta garzetta) pour cent soixante dix, et en effectifs réduits le Grèbe esclavon (Podiceps auritus), le Plongeon arctique (Gavia arctica), le Plongeon catmarin (Gavia stellata) et l'Eider à duvet (Somateria mollissima). Ces trois dernières espèces sont déterminantes de Znieff pour cette seule présence hivernale.

Sur la période de migrations, sont régulièrement observés le Bécasseau maubèche ( Calidris canutus) -déterminant de Znieff par ce seul créneau de présence-, la Spatule blanche (Platalea leucorodia), la Sterne pierregarin (Sterna hirundo) pour une cinquantaine d'individus et la Sterne caugek (Sterna sandvicensis) jusqu'à cent cinquante, et la Sterne naine (Sterna albifrons) à faible effectif.

La nidification régulière du Tadorne de Belon (Tadorna tadorna), de l'Huîtrier-pie (Haematopus ostralegus), du Goéland marin (Larus marinus) -avec des effectifs de tout au plus quelques dizaines de couples ces dernières années contre près de 300 antérieurement (GONm. Atlas 2022) -, du Goéland argenté (L. argentatus), du Goéland brun (L. fuscus), du Pigeon colombin (Columba oenas), et occasionnelle du Cormoran huppé (Phalacrocorax aristotelis), est observée sur ce site. En ce qui concerne le Goéland brun (Larus fuscus), l'île de Tatihou constituait l'une des colonies bas-normandes les plus importantes avec près de 800 couples en 2013 (suite au report d'une partie d'individus délogés par les travaux du port de Cherbourg) mais a été peu à peu anéantie, à partir de 2014, avec la présence d'un couple de renards (Purenne, 2018, dans Atlas GONm 2022).

Commentaires sur la délimitation

Vaste îlot rocheux renfermant un grand nombre d'espèces animales et végétales d'intérêt patrimonial.