Site majeur de la Suisse Normande, le val des Roches d'Oëtre se présente comme une vallée très encaissée avec des affleurements rocheux répartis sur les versants.
Ce site constitue une zone de contact entre deux substrats d'âges différents : au Nord, le substrat géologique est constitué de schistes métamorphisés du Briovérien ; au Sud, c'est le granit qui compose le paysage.
Le lit de la Rouvre qui y serpente est lui-même encombré de gros blocs rocheux, lui conférant un aspect de torrent. Le dénivelé, entre le fil de l'eau et le sommet du versant le plus haut, dépasse une centaine de mètres.
FLORE
Le relief accidenté, la diversité des expositions et de l'hygrométrie, expliquent la variété importante des groupements végétaux en présence : associations bryo-lichénologiques sur les rochers et les arbres, chênaie maigre sur les pentes, groupements à mousses et fougères disposés sur toute l'étendue du transect, peuplement artificiel de résineux, pelouses sèches silicicoles, prairies maigres thermophiles, landes rocheuses.
Au printemps, le sous-bois, encore bien éclairé, accueille de jolis tapis de Jacinthe des bois (Endymion non-scriptus), d'Anémone sylvie (Anemone nemorosa) et de Jonquille (Narcissus pseudonarcissus).
Les rochers favorablement exposés sont le refuge d'espèces d'intérêt patrimonial, parfois protégées au niveau régional (*) : l'Espargoutte de Morison (Spergula morisonii*), avec une magnifique station de près de cent pieds à proximité de la statue du cimetière St-Jean, le Millepertuis à feuilles linéaires (Hypericum linarifolium), le Spiranthe d'automne (Spiranthes spiralis), la Scille d'automne (Scilla autumnalis) -avec une belle population-, le Catapode des graviers (Micropyrum tenellum), le Corydale solide (Corydalis solida), l'Orpin rougeâtre (Sedum rubens), le Trèfle enterreur (Trifolium subterraneum)... Le site du Cul-de-Rouvre, en bordure du GR 36, abrite la plus belle juniperaie (Juniperus communis) de la Suisse Normande en terme de superficie (plusieurs centaines d'ares) ainsi que l'Arnoséris naine (Arnoseris minima) revue récemment. Notons, dans ce même milieu, la présence d'une mousse et d'un lichen protégés au niveau régional : Andreaea rothii* et Cladonia rangiferina*.
Notons également la présence de l'Orchis grenouille (Coeloglossum viride), de l'Orchis bouffon (Orchis morio) et de la Spiranthe d'automne (Spiranthes spiralis).
Les Fougères trouvent ici des milieux naturels favorables. Huit espèces sont ainsi représentées dont la peu commune Osmonde royale (Osmunda regalis).
FAUNE
L'inventaire détaillé des animaux vertébrés et invertébrés démontre la grande richesse faunistique de cette zone. Notons la présence au sein de l'entomofaune de l'Ecaille chinée (Callimorpha quadripunctaria) -inscrite à l'annexe II de la Directive "Habitats-Faune-Flore"-, et du rare Criquet des Ajoncs (Chorthippus binotatus).
En matière de chiroptères, les combles de l'une des habitations des Planches abritent une colonie de reproduction de Murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus), espèce inscrite à l'annexe II de la directive "Habitats-Faune-Flore), avec un fort effectif de 478 individus observé. Notons également la présence sur la zone d'espèces très intéressantes comme le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), le Grand Murin (Myotis myotis), la Barbastelle (Barbastella barbastellus) et le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum). La Loutre (Lutra lutra) a aussi été observée sur le site.
L'étude comparative des invertébrés des Gorges de la Rouvre et des Gorges du villiers a montré la présence de la rare Mulette perlière (Margaritifera margaritifera), et de l'Ecrevisse à pattes blanches (Austropotamobius pallipes), toutes deux inscrites sur la Liste Rouge de la France métropolitaine et à l'annexe II de la directive Habitat.
L'étude ornithologique montre la présence de quelques espèces nicheuses assez rares dans le département : le Grosbec casse-noyaux (Coccothrautes coccothrautes), le Héron cendré (Ardea cinerea), le Martin pêcheur (Alcedo atthis), la Mésange noire (Parus ater) et le Roitelet triple-bandeau (Regulus ignicapillus).
Présence d'espèces végétales rares au sein d'escarpements rocheux constituant des habitats remarquables.