ZNIEFF 250030117
L'harmas ornais de Verrières

(n° régional : 00000406)

Commentaires généraux

Sur une superficie limitée d’un hectare et demi, cette zone consiste en un reliquat du bocage qui s’étendait autrefois sur l’ensemble des parcelles environnantes, sous forme de vergers haute-tiges et de prairies pâturées et fauchées, typiques de la Normandie.

Sans véritable usage agricole depuis de nombreuses années, elle se caractérise par le maintien de niches écologiques fragiles, ayant évolué sans intervention humaine marquée, incluant notamment un compartiment bois mort ou sénescent important.

Une flore spontanée diversifiée complète cette trame ligneuse, l’ensemble constituant le support d’une richesse faunistique exceptionnelle.

Le terme d’ « harmas », signifiant « lieu inculte », consacré par son usage historique en référence à l’entomologiste J-H FABRE, est ici employé bien sûr en hommage, mais surtout dans le but de révéler le contraste et le lien de causalité entre l’inutilité apparente du lieu et sa très haute valeur au plan de la biodiversité.

Flore
Cette zone héberge des plantes autochtones typiques d’un milieu prairial mésophile, non amendé, telles que la Crépide bisannuelle (Crepis biennis), la Centaurée noire (Centaurea nigra), ou encore la Vesce des haies (Vicia sepium).

Ce type de prairie s’est considérablement raréfié en Normandie.

Il héberge aussi une belle population d’Ophrys abeille (Ophrys apifera) et d’Orchis mâle (Orchis mascula).

L’intérêt de cet ensemble floristique tient principalement en sa fonction support d’une riche entomofaune, notamment pour nombre d’espèces présentant un stade butineur et espèces associées.

Faune
L’intérêt principal de cette Znieff réside dans son impressionnant cortège d’espèces d’insectes rares à très rares.
Dans l’ordre des coléoptères, parmi les cent quatre vingt espèces identifiées, citons les deux espèces sapro-xyliques suivantes, qui a elles seules justifient déjà la désignation du site en znieff : le Pique-prune (Osmoderma eremita) et le grand Taupin (Elater ferrugineus), espèces « parapluie » emblématiques, indicatrices de l’état de conservation du site en matière de bois décomposé, cavités d’arbres,…

Osmoderma eremita est en effet considéré comme quasi-menacé (NT) sur la Liste Rouge mondiale et européenne de l’UICN. L’état de conservation de l’espèce est jugé « défavorable mauvais ». Il s’agit d’une espèce protégée, inscrite à l’article 2 de l’Arrêté du 23 avril 2007, à l’Annexe II et IV de la Directive 92/43/CEE, et à l’Annexe II de la convention de Berne. Elater ferrugineus, également cavicole et souvent associé au Pique-prune (prédateur du stade larvaire), figure également sur la liste rouge européenne, avec le statut quasi-menacé (NT).

De nombreuses autres espèces de coléoptères rares ou peu répandues sont présentes, parmi lesquelles nous citerons ici : le longicorne Oberea pupillata ; les clairons Trichodes alvearius et T. apiarius, en effectifs importants en ce lieu, signe de sa richesse en hyménoptères « support » ; les carabidés Carabus intricatus, Carabus monilis, et Panagaeus bipustulatus.

En matière de lépidoptères, parmi près de trois cents espèces recensées, citons en quelques unes emblématiques, régulièrement observées ici au stade imago, certaines également aux stades pontes/chenilles :


-en rhopalocères, l’Azuré de la faucille (Cupido alcetas), l’Azuré porte-queue (Lampides boeticus), l’Azuré du trèfle (Cupido argiades), le Flambé (Iphiclides podalirius), et la Thécla de l'Orme (Satyrium w-album).


-en hétérocères, la très rare Noctuelle de l'Elyme (Litoligia literosa), la Noctuelle trapue (Agrotis bigramma), le Sphinx de l’épilobe (Proserpinus proserpina) -espèce protégée au niveau national et inscrite à l’Annexe IV de la Directive 92/43/CEE - , le grand Paon de nuit (Saturnia pyri), et l’Ecaille marbrée (Callimorpha dominula).


 D’autres ordres d’insectes sont également représentés par certaines espèces rares en Normandie telles que la Mante religieuse (Mantis religiosa) -en extension actuellement-, le Grillon d’Italie (Oecanthus pellucens), la cicadelle « grand Diable » (Ledra aurita), la Cercope intermédiaire (Cercopis intermedia), ou encore la punaise Oncotylus viridiflavus.


Des reptiles sont également présents, avec quatre espèces recensées, dont la rare Couleuvre d’Esculape (Zamenis longissimus).


Diverses espèces d’oiseaux sont régulièrement observées, dont certaines potentielles ou avérées nicheuses : le Bouvreuil (Pyrrhula pyrrhula), l’Hirondelle de cheminée (Hirundo rustica) , la Mésange huppée (Lophophanes cristatus),...


Citons enfin une espèce de mammifère, Le Lérot (Eliomys quercinus), évalué comme quasi-menacé (NT) sur les Listes rouge mondiale & européenne de l'UICN (2008) et figurant à l’Annexe III de la convention de Berne.

Commentaires sur la délimitation
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