ZNIEFF 310007011
Plateau siliceux d'Helfaut à Racquinghem

(n° régional : 00240001)

Commentaires généraux

Le plateau siliceux d’Helfaut à Racquinghem s’étend de Wizernes à l’est du CD 190. Il appartient au vaste complexe écologique constitué par la moyenne vallée de l’Aa et ses versants entre Remilly-Wirquin et St-Omer. Cette ZNIEFF correspond à un vaste plateau détritique de moins d’un kilomètre de large et de près de 10 km de long qui surplombe de plus de 90 m la vallée de l’Aa dont les versants abrupts taillés dans la craie sont en partie occupés par les célèbres pelouses de Wizernes, connues et étudiées dés le début du siècle. Ainsi, de par sa diversité et sa complexité géologiques, géomorphologiques, hydrogéologiques et microclimatiques (buttes sablo-argileuses relictuelles du tertiaire, relief dissymétrique avec versants crayeux abrupts surplombant l’Aa, présence possible de terrasses fluviatiles fossiles sur le plateau d’Helfaut, nappes superficielles perchées isolées du contexte hydrologique général…), ce site rassemble des séquences exceptionnelles de végétations extrêmement diversifiées, au sein de systèmes landicoles et pelousaires relictuels dont la mosaïque et l’agencement spatial concourent au maintien de paysages uniques pour le Nord de la France. Plateau constitué de formations géologiques du Tertiaire caractérisées par les argiles yprésiennes et landéniennes, les sables et grés landéniens ainsi que des formations résiduelles à silex. Ce plateau argilo-sableux recèle plusieurs nappes perchées d’eaux acides oligotrophes dont les résurgences donnent naissance à des sources alimentant divers ruisseaux. Cette nature géologique induit la présence de végétations et d’une flore globalement acidiphile oligotrophile à méso-oligotrophile, excepté sur certains versants où les argiles s’enrichissent en bases voire ou les craies commencent à affleurer. Les végétations mésophiles relèvent de séries dynamiques du Quercion roboris. Les stades dynamiques ouverts participent d’un système landicole d’origine agro-pastorale qui était dans le passé beaucoup plus étendu qu’aujourd’hui. Cette série comprend entre autres des communautés annuelles pionnières du Thero-Airion, des pelouses des Nardetea strictae (Galio saxatilis - Festucetum tenuifoliae et Galio saxatilis - Festucetum rubrae), une végétation chaméphytique de l’Ulicenion minoris (Calluno vulgaris - Ericetum cinereae), dont les Monts d’Helfaut et peut-être encore les Bruyères d’Ecques hébergent les plus remarquables vestiges pour les régions Nord-Pas de Calais et Picardie, et des forêts acidiphiles à méso-acidiphiles (Cf. Vaccinio myrtilli - Fagetum sylvaticae, Lonicero periclymeni - Fagetum sylvaticae et Querco roboris - Betuletum pubescentis). D’une manière générale, la végétation mésophile du plateau est très fermée, dominée par les boisements. Toutefois plusieurs secteurs classés en Réserve naturelle régionale et gérés par le syndicat mixte Eden 62 font l’objet d’une gestion conservatoire (débroussaillage, pâturage extensif, etc.). Les végétations hygrophiles liées aux systèmes de mares oligotrophes sont tout aussi remarquables au plan régional : herbier aquatique du Myriophylletum alterniflori, végétations amphibies vivaces particulièrement développées et rarissimes, voire en station unique pour le nord de la France (Potamo polygonifolii - Scirpetum fluitantis, Eleocharitetum multicaulis), végétation amphibie annuelle du Centunculo minimi - Radioletum linoidis, bas-marais du Junco acutiflori - Molinietum caeruleae, pelouse mésohygrophile du Nardo strictae - Juncion squarrosi abritant notamment le Nardo strictae - Caricetum binervis, également seulement connu de ce site au nord de Paris, lande correspondant au Groupement à Genista anglica et Erica tetralix dans ses diverses variations écologiques, boulaie à sphaignes du Sphagno palustris - Betuletum pubescentis, etc. Certaines dépressions sont menacées d’eutrophisation, induisant un appauvrissement de la flore et des végétations caractéristiques. Au final, cette ZNIEFF renferme trente quatre végétations et cinquante taxons déterminants de ZNIEFF (sans compter les mousses et les champignons rares connus du site mais non intégrés à cette analyse) illustrant bien l’exceptionnelle diversité et qualité phytocénotiques et floristiques de cet ensemble d’habitats en grande régression dans les plaines et collines crayeuses du nord-ouest de la France. Du fait de la diversité des milieux qu'elle abrite – structures forestières variées, complexe de landes, mares et étangs, etc. –, la ZNIEFF du Plateau siliceux d’Helfaut accueille une faune patrimoniale importante avec 26 espèces déterminantes. Parmi les sept espèces d'Orthoptères présentes sur le site, trois sont fortement menacées au niveau national pour le domaine némoral (atlantique au sens large) (SARDET & DEFAUT, 2004). Le Conocéphale des roseaux (Conocephalus dorsalis) est assez commun en région. Le Sténobothre nain (Stenobothrus stigmaticus), dont la conservation est fortement liée au pâturage ovin, est assez rare au niveau régional. La Decticelle des bruyères (Metrioptera brachyptera) est très rare dans le Nord – Pas-de-Calais (FERNANDEZ et al., 2004). Cette ZNIEFF est une des deux seules stations où l'espèce est présente dans la région. La ZNIEFF accueille plusieurs espèces d'Amphibiens d'intérêt régional : l’Alyte accoucheur, assez commun mais localisé en région et la Rainette arboricole, peu commune en région. L’habitat primaire de la rainette est constitué par les mares voisines du littoral et les pannes dunaires (GODIN, 2003). Ces deux espèces sont inscrites à l’Annexe IV de la Directive Habitat. La Grenouille verte de Lessona est assez commune en région (GODIN, 2003). Elle est quasi menacée au niveau national (UICN France et al., 2009), le Klepton Pelophylax kl. esculentus se substituant à l’espèce parente. Elle est citée ici sous réserve puisque seules des analyses génétiques permettent de déterminer l’espèce avec certitude. Le Triton crêté est inscrit à l’Annexe II de la Directive européenne Habitat. Il est assez commun en région, d’où l’importance particulière des populations régionales pour sa conservation (GODIN, 2003). Cinq espèces déterminantes de Rhopalocères, peu communes au niveau régional, sont présentes sur le site, dont le Petit sylvain (Ladoga camilla) et la Thécla du chêne (Neozephyrus quercus) (HAUBREUX [coord.], 2005). Parmi les Odonates présents sur le site, trois sont inscrits dans la Liste rouge nationale : l’Agrion mignon (Coenagrion scitulum), le Sympétrum jaune (Sympetrum flaveolum) et le Sympétrum commun (Sympetrum vulgatum) (DOMMANGET, 1987). La pérennité des populations des deux espèces de Sympétrum n’est cependant pas certaine. Le Sympétrum jaune affectionne principalement les prairies humides à inondations printanières prolongées, le Sympétrum commun et l’Agrion mignon fréquentent les eaux stagnantes (GODIN et al., 2003). Concernant les Chiroptères, les deux espèces d’oreillards, toutes deux déterminantes, ont été identifiées sur le site. Ces deux espèces anthropophiles (FOURNIER [coord.], 2000 ; ARTHUR & LEMAIRE, 2009) sont inscrites à l’Annexe IV de la Directive Habitats et sont peu communes au niveau régional (FOURNIER [coord.], 2000). L’Oreillard roux est surtout observé dans les milieux forestiers et les vallées alluviales ; l’Oreillard gris prospecte plus en milieux ouverts (ARTHUR & LEMAIRE, 2009).

Commentaires sur la délimitation

Le périmètre a été élargi au petit bois du lieu dit de « la coupe » qui se trouve dans le même contexte géologique que la ZNIEFF initiale, sur une butte sableuse. Ceci permet d’intégrer des fourrés d’Ajonc d'Europe (Ulex europaeus) et des layons occupés par des pelouses et ourlets acidiphiles dans lesquels on rencontre le Gaillet des rochers (Galium saxatile) en effectifs importants.